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8e jour à l'Etrange festival

Une journée complète à l’Etrange festival avec trois longs-métrages. A commencer par le poétique et drôle film Kazakh Yellow Cat d’Adilkhan Yerzhanov, suivi du surprenant et immersif Censor sur la censure du cinéma dans les années 80 de Prano Bailey-Bond, pour finir avec l’horrifique américain Offseason de Mickey Keating situé sur une île pas très catholique.

 

 

YELLOW CAT - Samouraï de l’Est – Kazakhstan – 2020 - Adilkhan Yerzhanov

Pitch : Désireux de laisser leur mauvaise vie derrière eux, Kermek, ex-truand fan de Melville et d'Alain Delon, part en cavale avec Eva, une prostituée, dans l'espoir insensé d'ouvrir un cinéma au milieu des steppes. Mais avec un flic corrompu, des mafieux et autres bandits à leurs trousses, pas facile d'échapper à son passé.

 

Le cinéma kazakh est décidément surprenant et foisonnant. L’Etrange festival nous en donne encore avec ce troisième film présenté (dont cette année également Ulbolsyn) par un réalisateur déjà venu fréquenter les allées du Forum des Images l’an dernier avec son polar ironique A Dark, Dark Man. Avec Yellow Cat, Adilkhan Yerzhanov se place dans le même sillon en nous présentant encore une fois une bande de losers criminels congénitaux au milieu d’une histoire d’amour entre un jeune homme paumé et une prostituée excentrique.

Et il ne faudra pas s’arrêter aux plans fixes confectionnés avec maestria par un Adilkhan Yerzhanov désireux de mettre en avant la beauté des steppes rasées de son pays. A l’intérieur de ces tableaux, les personnages évoluent d’une manière poétique voire absurde créant une forme de poésie décalée sans prétention et totalement réjouissante. A l’image de son personnage principal Kermek (Azamat Nigmanov) personnage un peu ailleurs, fan de Le Samouraï avec Alain Delon qu’il imite avec déférence dans le rôle du tueur et ce même s’il n’a vu qu’une heure du film. Et cet amour du cinéma transpire à l’écran, Kermek veut construire une salle de cinéma et vers la fin du métrage, il réalise une version amusante de la comédie musicale Chantons sous la Pluie.

Dans ce voyage en absurdie, on retrouve les obsessions de l’auteur avec la corruption permanente. Kermek est sorti de prison par le Chef de la police afin qu’il récupère de l’argent pour le compte d’un mafieux local, l’amour impossible de Kermek avec Eva (Kamila Nugmanova), une prostituée toute aussi à l’ouest que lui. Les personnages sont tous un peu bizarres et évoluent dans un monde presque irréel, avec de vrais moments de mise en scène entrecoupées de saynètes rigolotes à la Buster Keaton. Bref, Yellow Cat est un concentré de bonne humeur malgré le dénuement des maisons et des équipements, rehaussé par des paysages naturels magnifiques.

 

4/6

 

 

CENSOR – Coupe franche - Grande-Bretagne – 2021 – Prano Bailey-Bond

Nouveaux talents

 

Pitch : Dans l’Angleterre thatchérienne des années 80, en pleine chasse aux video nasties, Enid, une jeune femme au passé douloureux, est chargée de repérer les films d’horreur à censurer ou à interdire. Tombant sur une œuvre réveillant ses terribles souvenirs, elle va chercher à en démêler les secrets, à ses risques et périls.

 

Pas souvent abordé sous l’angle de la fiction, les célèbres « video nasties » ont fait couler beaucoup dans les années 80 (et bien plus dans des fanzines ou livres), période de plomb pour le Royaume-Uni sous le joug de la non moins célèbre Dame de Fer. A cette époque-là, un grand nombre de films d’horreur passèrent sous les fourches caudines de la censure pour être couper au montage ou plus généralement interdits, générant une aura immédiate et une contrebande de VHS sous le manteau afin de se procurer le dernier horror movie licencieux. Un contexte qui résonne d’autant plus à l’aune des violences gangrénant l’Angleterre passant en boucle à la télévision. La justification de censurer les films ne devient que trop évidente incitant, selon les autorités, les personnes à passer à l’acte.

C’est dans cet environnement très particulier qu’on suit le destin d’Enid (Niamh Algar, la série Raised by the Wolves) chargée avec ses collègues de visionner les nouveaux films avant de les mettre à disposition et de les censurer si nécessaire. Même si Enid accomplit sa mission avec abnégation et un fort détachement, tout la ramène à son trauma personnel enfantin où sa sœur a disparu dans la forêt à cause d’elle, notamment une sombre affaire de meurtre sordide soi-disant inspirée d’une de ces bandes. La Galloise Prano Bailey-Bond se pose ainsi la question de celles et ceux chargés de cette besogne pas toujours ragoutante avec des pellicules horrifiques la plupart du temps extrêmement gore. La réalisatrice utilise d’ailleurs de vrais extraits de longs-métrages pour accentuer son propos.

Le destin d’Enid bascule le jour où elle croit apercevoir sa sœur, désormais plus âgée, comme actrice principale dans un film d’horreur réalisé par un certain Frederik North. Son enquête pour la retrouver la plonge dans la folie irréversible au point de distordre la réalité. Même le spectateur est perdu et peut douter des actions désespérées de la jeune femme. Son travail déteint sur elle et ses parents lui reprochent encore la disparition de la sœur. Avec subtilité, le scénario prend le temps de montrer la dégringolade psychologique d’Enid au point de perdre pied avec sa propre vie jusqu’à une dernière bobine sanglante lors d’un tournage nocturne dans une forêt. Là encore, Prano Bailey-Bond rend hommage à tout un pan du cinéma d’horreur, le travail sur le son et les couleurs vives apportent un aspect fantasmagorique au récit au milieu des effluves rouge sang d’un Lucio Fulci. Censor réussit donc son pari grâce à ses partis pris visuels et l’originalité du sujet. A découvrir.

 

4/6

 

 

OFFSEASON –L’île fantastique – USA – 2021 – Mickey Keating

 

En compétition

 

Pitch : Après avoir reçu une mystérieuse lettre, Marie (Jocelin Donahue) et son petit-ami se rendent en urgence sur une île. Dès leur arrivée en ce lieu associé à de sombres légendes, la peur rôde...

 

Offseason fait partie de la catégorie de ces bandes visuellement magnifiques qui ont du mal à déployer autre chose que leur décor et des personnages un peu perdus dans un scénario faiblard, ne développant jamais ses personnages et dont les passages horrifiques ne sont ni troublants ni angoissants malgré une musique de circonstance et le maquillage des habitants d’une île battue par la tempête. Dommage donc car l’entame du long-métrage de Mickey Keating (Carnage Park) avait de la gueule avec la présentation de ce bout de terre reliée au continent par l’unique pont d’accès qui doit se refermer pour l’hiver jusqu’au printemps.

Pourtant Marie (Jocelin Donahue, vue dans Doctor Sleep) et son compagnon Georges (Joe Swanberg, You’re Next) tentent l’aventure afin de répondre à l’invitation d’urgence d’une lettre annonçant que la tombe de la mère de Marie a été vandalisée. Sur place, la tension est palpable. Les quelques habitants regroupés au pub local n’ont pas l’air très clairs et la végétation luxuriante particulièrement anxiogène semble être hantée par les esprits des autochtones, peut-être déjà morts, dont l’origine pourrait nous renvoyer à une nouvelle version de The Wicker Man. Sur ce postulat intéressant, le scénariste-réalisateur construit un film relativement atone, ne décollant jamais de son séant d’histoire à la Twilight Zone étirée pour un long-métrage.

Car passées les présentations, Marie passe son temps à errer dans les rues désertes et embrumées du village proche d’une version ilienne de Silent Hill avant de rencontrer un homme étrange (Jeremy Gardner, The Battery) et faire la connaissance de l’entité démoniaque ayant pris possession des habitants. Même la mythologie locale est mal emmanchée à l’instar du personnage de l’horripilante mère (Melora Walters) en ancienne gloire hollywoodienne trop peu exploitée. Et ce ne sont pas les quelques retours en arrière explicatifs et la prestation d’un casting solide, dont un Richard 31 Brake particulièrement agressif et menaçant dans le rôle du gardien du pont, qui relèvent la sauce d’un film ne trouvant jamais son rythme. Encore plus dommage quand on voit apparaître la créature Lovecraftienne en diable se dessinant majestueusement au-dessus des vagues dans la nuit noire seulement zébrée par des éclairs laissant apparaître son ampleur. Rageant.

 

3/6

 

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