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7e jour à l'Etrange festival

Bientôt la fin du festival mais avant cela, la moisson continue avant le dernier week-end avec deux longs-métrages de plus. Le très étrange La Femme qui Poursuit le Papillon Mortel du Coréen Kim Ki-Young, et le drame franco-belge Inexorable de Fabrice du Welz.

 

La Femme qui Poursuit le Papillon Mortel –- Corée-du-Sud – 1978 – Kim Ki-Young

Pépites de l’étrange

 

Pitch : Kim Young-gul échappe de justesse à la mort, après qu'une inconnue a empoisonné son verre. Elle voulait mettre fin à ses jours en emmenant avec elle un compagnon de voyage. Depuis, il garde un certain goût pour le suicide et cherche à disparaître par tous les moyens. Il rencontre un étrange marchand de livres qui ne jure que par la volonté de vie et se déclare immortel

 

Séance assez étrange pour ce long-métrage de Kim Ki-Young (Goryeo Jang, Shibdaeui Banhang) qui commence par une scène bucolique où des étudiants organisent un pique-nique dans l’herbe. Parti chasser les papillons, Kim Young-gul rencontre une jeune femme. Elle lui offre un verre de jus de fruits pour l’empoisonner et l’accompagner dans l’au-delà. Le jeune homme survit et plus tard décide de suicider en se pendant chez lui. Là encore, notre héros tombe sur un vendeur de livres lui affirmant qu’il est immortel. Kim Ki-Young tente de le tuer à coups de couteau, en l’enterrant et même en le brûlant, mais le squelette revient le hanter. A ce moment-là, on a passé la frontière du fantastique un peu ridicule à l’image de ce film alternant les séquences absurdes, avec fils de suspension apparents, et les moments plus dramatiques.

Des changements de ton souvent incompréhensibles qui embrouillent encore plus l’intrigue même si la poésie se fait jour lorsque notre étudiant ramène chez lui le squelette d’une jeune femme. Elle reprend vie au contact de l’eau, coincée depuis 2 000 ans dans cet état et avide de relations sexuelles avec un homme peu enclin à cette pratique. Pour survivre, elle a besoin de manger un foie humain. Pas facile à trouver et encore une fois, le film part dans un délire comique avec sans doute la meilleure réplique du film quand la jeune femme demande à uriner et à prendre son temps car cela fait deux siècles qu’elle attend (!). Bref, La Femme qui Poursuit le Papillon Mortel n’est pas de tout repos et navigue dans un onirisme à la fois drôle et lyrique en fonction des rencontres, notamment plus tard dans le film lorsque Kim Young-gul fait la connaissance d’une amie de la défunte femme aux papillons et un savant fou.

On se perd dans les méandres de cette production coréenne aux influences marquées par son époque « flower power » et ses embardées dans une comédie débridée en opposition avec la dernière bobine où la petite amie de Kim Young-gul souffre d’une maladie incurable. L’ambiance est alors beaucoup plus dramatique voire macabre, même si l’humour n’est jamais loin à l’instar de l’ultime séquence où la tête coupée du héros reprend vie pour se venger et souffler les chandelles dans un rire tonitruant. Un final bien à l’image de l’ensemble du film.

 

3,5/6

 

 

INEXORABLE - Belgique/France – 2021 - Fabrice du Welz

 

En compétition

 

Pitch : Marcel Bellmer n’a jamais retrouvé le succès de son premier roman "Inexorable". Des années plus tard, après une longue dépression, il s’installe avec sa femme Gloria et sa fille Lucie dans la luxueuse propriété de son beau-père, qui vient de mourir.  L’arrivée d’une jeune femme de ménage déstabilise Marcel, lui redonne goût à la vie et à l’écriture mais va l’ouvrir aussi à d’autres abîmes.

 

Un an après la présentation de son film Adoration, Fabrice du Welz revient à l’Etrange Festival avec son nouvel opus Inexorable qui raconte la dégringolade de la vie d’un couple suite à l’arrivée d’une jeune femme. L’histoire tourne autour de Marcel Bellmer (Benoît Poelvoorde) qui a du mal à écrire un nouveau roman et surfe toujours sur le succès de son livre Inexorable. Il habite une grande maison à la campagne avec sa femme (Mélanie Doutey) et leur fille Lucie (Janaina Halloy). L’arrivée dans la famille de Gloria (Alba Gaïa Bellugi, les séries Into the Night, Le Bureau des Légendes) change la donne de leur quotidien assez morne et entraîne la cellule familiale vers une crise profonde, car la jeune femme a emmené dans ses bagages un secret lourd de conséquences, en lien avec l’écrivain.

Il est bien fini le temps où Fabrice du Welz shootait des films comme Calvaire ou Vynian. Après deux séries B au succès assez confidentiel, le réalisateur de Message From the King s’est lancé dans un cinéma bien plus dramatique et européen. Il poursuit dans la veine de son précédent opus en dépeignant la vie d’une famille bourgeoise belge contrecarrée par la venue d’une inconnue. Force est de constater que le ton et l’ambiance du film émargent du côté des films de Claude Chabrol, mais la comparaison s’arrête là. Inexorable n’a pas l’étoffe de son aîné, la faute sans doute à un manque de moyens, à l’absence de personnages charismatiques même si Benoît Poelvoorde et Mélanie Doutey sont très justes et portent le film sur leurs épaules. Rajoutons néanmoins l’excellente prestation d’Alba Gaïa Bellugi, ressemblant véritablement à Charlotte Gainsbourg jeune période de L’Effrontée, en fille perdue et machiavélique.

Trop sage, le scénario ne décolle jamais vraiment pendant la première moitié du film, engoncé dans son envie de bien faire pour présenter les protagonistes. Sauf qu’il ne se passe rien de marquant hormis l’intrusion très (trop) rapide de Gloria dans la maison pour s’occuper de Lucie et de son nouveau chien. Ils lui font vraiment trop facilement confiance pour lui confier les clés de la voiture et la croient sur parole quand elle affirme des choses pour faire du vide autour d’elle. Malheureusement, on n’y croit pas et surtout on sent venir à des kilomètres l’objet de sa visite, de son attirance maladroite et insistante pour Marcel, et de son passé trouble en lien avec lui à des années d’intervalle. Et de comprendre dans la dernière bobine ses intentions malveillantes. Aucune surprise donc dans ce long-métrage qui possède une certaine tenue visuelle, un casting solide mais un manque d’ambition dans l’écriture des personnages et d’ambiguïté dans l’histoire. Dommage.

 

3/6

 

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