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Compte-rendu BIFFF 2017

Il n’y a pas que le Makennen Pis et les frites à Bruxelles. Il y a surtout le BIFFF et sa cohorte de Belges en folie venus pour voir une centaine de films, boire des bières et crier dans les salles obscures tout et n’importe quoi. Petit retour sur deux jours de festival avec 7 films dans la besace provenant d’Espagne, des Etats-Unis, d’Italie, d’Irlande et même d’Albanie. Un éclectisme qui fait plaisir pour un résultat plutôt intéressant. En prime, j’ai eu la chance de revoir et d’échanger avec la fine fleur locale, à savoir les sympathiques Laurent, Nicolas et Sandie. Welcome !!!

 

 

The invisible guest – Espagne – Oriol Paulo - 2016

 

Réalisateur du très bon The body et scénariste et du thriller aveugle Les yeux de Julia, Oriol Paulo nous revient avec un film dans la veine que ces deux longs-métrages au centre desquels le machiavélisme et le mystère tiennent un rôle important. C’est sans doute encore plus vrai avec The invisible guest (Contratiempo en VO) dont le scénario à tiroirs se déploie avec une certaine maestria. Le film commence par la confrontation entre l’avocate Virginia Goodman (Ana Wagener vue dans Kidnapped) et Adrian Doria (Mario Casas) accusé du meurtre de sa maîtresse Laura (Barbara Lennie, La piel que habito). Adrian se réveille ainsi dans une chambre avec un cadavre et la porte fermée de l’intérieur. Tout l’accuse et Virginia est venue pour l’aider à se sortir de cette situation particulièrement difficile.

Construit sous la forme de flashback, The invisible guest remonte le fil des événements avec une précision diabolique pour agencer progressivement un puzzle assez compliqué. Comme toujours dans ces thrillers espagnols, la forme et le fond sont soignés. La photographie et les angles de caméra installent un climat tragique dans cette campagne barcelonaise où un événement bien précis va être à l’origine de l’intrigue. C’est ce que l’on apprend au fur et à mesure où Adrian raconte les événements qui l’ont poussé dans cette chambre d’hôtel avec une valise remplie de billets. Il vaut mieux laisser vierge le spectateur de cette histoire s’articulant autour de faux-semblants et des dires d’Adrian. On sent bien que le réalisateur-scénariste a digéré les influences du cinéma de Brian de Palma et Alfred Hitchcock pour imaginer un scénario à rebondissements et emberlificoté.

Si le script s’avère très solide, notamment dans sa première partie construit comme un polar en forme de poupée russe avec un accident de voiture à l’origine de toute l’histoire, le dernier tiers du film ne cesse de faire des circonvolutions en remontrant à chaque fois les mêmes images pour expliquer la situation au spectateur. Certainement un peu trop car cet aspect didactique a le mérite de la précision mais aussi génère de fortes redondances alourdissant le propos. A vrai dire, malgré une interprétation de qualité de l’ensemble du casting et une maîtrise formelle, The invisible guest pousse le bouchon de son propos jusqu’à plus soif où l’ensemble des personnages deviennent des manipulateurs potentiels. Le dernier acte est ainsi symptomatique avec des twists à répétition (même si on perçoit à un certain moment l’identité réelle d’un des personnages) détournant le métrage d’une véracité qu’il avait essayé de maintenir tout du long. Dommage, car si le film s’étire sur la fin et aurait mérité d’être plus ramassé. Son réalisateur prouve néanmoins ses qualités visuelles malgré un scénario ultra ambitieux.

 

3,5/6

 

Free fire – UK - Ben Wheatley – 2016

 

On se demande bien ce qui a poussé Martin Scorsese à produire le film de Ben Wheatley (Touristes, High Righ) tant le scénario tient sur un ticket de métro bruxellois (certes plus grand qu’un ticket parisien). Le film se résume à l’affrontement entre deux bandes de gangsters un peu loser suite à un deal d’armes qui tourne mal. Cette transaction est à l’initiative d’irlandais à destination de membres de l’IRA à la fin des années 70. Situé dans un lieu unique (un entrepôt désaffecté de Boston), Free fire rassemble une dizaine de personnages hauts en couleur dans un polar décalé où les balles fusent aussi souvent que les répliques à base de vannes pour la plupart assez drôles.

Free fire est en fait un mix entre le cinéma de Guy Ritchie pour le thriller comique et Tarantino pour le côté référentiel. Accompagné d’une bande son, de coiffure et de costume seventies, le film est un enchaînement de gunfight dans une ambiance de cours de récréation. On est clairement dans le décalage et l’humour tient lieu de liant entre les personnages avec son casting hétéroclite et international. Il y a donc Chris en chef des Irlandais (Cillian Murphy vu notamment dans Looper), ses acolytes à moitié fou dont le Junkie Stevo (Sam Riley, Bizantium). De l’autre côté, on reconnaît l’inégal mais passe-partout Sharlto Copley (District 9) qui cabotine à mort dans le rôle de Vernon vendeur d’armes sud-africain aussi mal habillé qu’il est débile. Lui aussi est accompagné d’une bande de bras cassés dont Martin (Babou Ceesay) un ancien des Black panthers qui lui sert d’homme à tout faire.

Sous le regard de Justine (Brie Kong : Skull island Larson) entremetteuse du deal, la situation dégénère quand deux personnages des clans rivaux se reconnaissent suite à une bagarre au sujet de la cousine de l'un d'eux. Le prétexte pour déclencher une baston de plus d’une heure à coups de flingues (d’autant plus que les Irlandais avaient commandé des M16 et que Vernon veut leur refourguer des AK70) de vannes dans une cool attitude assez communicative. Il faut avouer qu'on sourit à quelques punchlines et réparties notamment d'Ord (Armie Hammer) personnage à la classe revendiquée. Mais, difficile de tenir sur la durée règlementaire malgré les efforts de Ben Wheatley pour multiplier les angles de vue et les situations rocambolesques. Parce que personne ne parvient à se tuer réellement malgré le déferlement de cartouches. Ils sont blessés et obligés de ramper pour continuer à se tirer dessus.

On ne peut pas dire que Free fire ennuie dans la mesure où les situations évoluent en fonction de l'attitude des héros et de l'arrivée impromptue de nouveaux acteurs dans ce gunfight dantesque proche d'un John Woo dans l'esprit mais sans le talent de mise en scène. On est plus dans la parodie irréaliste (comment font-ils pour avoir tant de munitions ?) et les jeux de mots pour un film de commande (le premier pour Wheatley) cherchant à divertir en conjuguant action et comédie. Est-ce que cela en fait un film ? Difficile de se prononcer mais il vaut mieux laisser son cerveau à l'entrée et profiter du spectacle, dont le public nombreux a semblé très réceptif.

 

3/6

 

The Void - Jeremy Gillespie et Steven Kostanski – USA –2016

 

Issu du collectif Astron 6 et déjà auteurs d’un bien goreux Father’s day, les réalisateurs reviennent à la charge avec cet hommage très référentiel au cinéma des années 80 en convoquant toute une ribambelle de cinéastes cultes. Un film très étrange qui ne donnera pas toutes les clés mais dont l’atmosphère envoûtante fonctionne dans cette alliance hors norme où on retrouve une secte encapuchonnée, des monstres à tentacules et des meurtres bien craspec. Sur un pitch relativement classique, un policier Daniel Carter (Aaron Poole vu dans Forsaken) découvre un jeune homme ensanglanté et décide de l’emmener aux urgences les plus proches. Un hôpital à l’abandon, où traînent encore un médecin et quelques infirmières, qui servira de lieu de l’action puisque tous les protagonistes seront reclus à l’intérieur, une bande de barjos les empêchant de sortir.

Avec cette ambiance mystérieuse et nocturne, on est proche d’un épisode de la Quatrième dimension et, plus récemment du segment très réussi dans l’hôpital de l’inégal film à sketchs Southbound, mâtiné d’un fantastique qui puiserait aussi bien ses influences dans les 80’s que chez Lovecraft. En effet, sans explication aucune on bascule très vite dans une situation surnaturelle avec l’arrivée de ces émules du Ku Klux Klan tout de blanc vêtu avec une sorte de triangle noir à la place du visage. Une figure géométrique symbole du mal et du passage vers un autre monde qui reviendra de manière récurrente comme un signe de ralliement. Si on croit être en présence d’une secte satanique, le film plonge au bout de quelques minutes dans le monster movie sanglant lorsqu’une infirmière, apparemment manipulée par une entité extérieure, tue un patient et commence à se mutiler. Elle se réveille alors et se transforme en une espèce de créature hideuse et tentaculaire à l’image de celles de The Thing de Carpenter.

Une référence très prégnante tout au long du métrage qui renvoie également à L’antre de la folie du même Big John. Si la situation est assez incongrue, il faut saluer le visuel et la conception de ces monstres sans CGI mais avec des prothèses et du latex. Des effets spéciaux qui font sens au sein de ce film aux effluves old school dans son visuel et son traitement. Certes, l’histoire reste nébuleuse jusqu’au bout, mais force est de constater que The Void reste intéressant et attachant sur la durée donnant aux spectateurs ce pourquoi il est présent dans la salle. Tourné comme un film fan, il plonge avec plaisir dans les délires fantastiques au fur et à mesure où les protagonistes descendent dans les sous-sols de l’hôpital transformé en véritable antichambre de l’enfer. Allant à l’essentiel sans trop se poser de questions, le film se fait plus métaphysique sur la fin avec toujours la même délectation et jusqu’au boutisme.

Malgré quelques maladresses et un scénario par instants abscons, le métrage réussit son pari de concilier plusieurs genres comme la science-fiction, le film de monstres et l’horreur pure. A ce titre, certains passages sont particulièrement gores convoquant paradoxalement un réalisme à des situations rocambolesques. On pourrait ainsi citer plusieurs références à tout un pan de la cinématographie que l’on aime tant The Void est un mélange sucré salé qui se marie parfaitement jusqu’à un final très original, embrassant goulûment et avec frénésie La forteresse noire de Michael Mann et L’au-delà de Fulci. Rien que ça. Un film qui ne remportera pas l’adhésion de tout le monde, mais pour les autres c’est une vraie découverte et même l’envie de s’y replonger.

 

4,5/6

 

From a house on Willow street – Afrique-du-Sud - Alastair Orr –2016

 

Le fantastique sud-africain n’est pas pléthore sur la scène mondiale. Alors, voir débarquer cet home invasion aux accents horrifiques très appuyés ne pouvait qu’attirer l’attention. D’autant plus que le film d’Alastair Orr (The Unforgiving, Expiration) débute de façon assez similaire à Don’t breathe de Fede Alvarez. Des kidnappeurs enlèvent la fille d'un diamantaire pour lui soutirer des cailloux précieux. Ils la cachent dans un entrepôt pour préparer une vidéo de rançon. Le souci est que la famille ne répond pas au téléphone et surtout la fifille à son papa a des attitudes plus qu’étranges. Elle semble même avoir apporté avec elle un secret et des caractéristiques allant bien au-delà de la kidnappée normale. Pire, ils ont aussi attiré une entité maléfique du genre véner et les yeux révulsés. Si le film commence de manière classique comme un polar bien shooté lors du kidnapping, il change progressivement de braquet pour grimper la côte de l’horreur avec douleur pour les protagonistes et pour le spectateur également.

En effet, From a house on Willow street se transforme en film de fantôme relativement lambda dans un lieu exigu et nous renvoie par certains côtés à Some kind of hate (2015) de Adam Egypt Mortimer. Coincés dans une usine désaffectée, les personnages empruntent des couloirs où ils tombent sur les apparitions de leurs chers disparus dans un état de fraîcheur loin du marché de Rungis. Parce que le démon qui s’est invité dans les lieux se nourrit des traumas notamment des kidnappeurs qui ont tous perdu un membre de leur famille et en sont encore affectés. Notamment celui d'Hazel (Sharni Wilson vue dans You're next ou le remake pas bon de Patrick) qui a vécu l'enfer quand sa maison a brûlé et perdu sa mère.

Pourquoi pas, sauf que le film s’enferre rapidement dans un schéma de personnages parcourant des couloirs et sursautant au moindre bruit. Le réalisateur abuse ainsi des jump scares pour générer une tension encore un peu molle, même si certains se font pénétrer dans la bouche par une sorte de langue serpenteuse et deviennent des serviteurs de la bête. Ecume aux lèvres et faciès de déterrés au menu accompagné de sa soupe de vers de terre pourris. Le seul moment un peu plus original reste quand deux des cambrioleurs retournent dans la maison et comprennent pourquoi personne ne répond au téléphone. Certainement les séquences les plus réussies du film (comme celle du portrait de femme) permettant de comprendre l’origine de la présence démoniaque et de glisser un doigt de pied dans le bénitier de la religiosité et de caresser très rapidement le film d’exorcisme.

Après avoir commencé comme un thriller, le métrage y va de bon cœur dans le fantastique où les possédés ont des pouvoirs de télékinésie, aiment bien se la jouer David Copperfield dans les airs et ont une propension à dessouder de l’humain. A noter quelques séquences gores qui ne relèvent pas la sauce malgré une certaine maîtrise dans l’ensemble. Au final, From a house on Willow street ne fait pas dans l’originalité, malgré une très belle affiche, et se perd dans des délires mystico-fantastiques au détriment de son entame plutôt intéressante.

 

3/6

 

Bloodlands – Albanie/Australie - Steven Kastrissios - 2017

 

Le réalisateur australien Steven Kastrissios s'était fait remarquer en 2008 avec son film de vengeance The horseman qui voyait un homme tuer les assassins de sa fille. Il nous revient avec cette co-production qu'il est parti tourner en Albanie dont il dit avoir apprécié tous les mystères et les histoires locales. On veut bien le croire au regard de cette intrigue tournant, encore une fois, autour de la vengeance. Plus précisément de la gjakmarrja sorte de vendetta albanaise qui, comme chez tous ses cousins, ne connaît que la ritournelle du « Oeil pour œil, dent pour dent ».

Si le film débute comme une chronique sociale classique dans la campagne albanaise avec cette famille dont le père boucher (Skender) a bien du mal à joindre les deux bouts. L'histoire prend les allures du thriller surnaturel lorsque débarque une bande de jeunes errant à la recherche de nourriture. Chassés par Skender, les jeunes ne souhaitent pas en rester là, d'autant plus qu'ils vivent en communauté dans une espèce de secte au fin fond d'une grotte. Une petite troupe sous le joug d'une femme encapuchonnée et soupçonnée d'être une sorcière. Malheureusement, tout bascule quand le boucher tue un des jeunes. Tourné dans la campagne albanaise, Bloodlands est entouré d’une aura fantastique. Les personnages font régulièrement des cauchemars où apparaît la sorcière et cette dernière semble posséder des pouvoirs magiques.

Entre sorcellerie et mysticisme, le film n’est pas désagréable à suivre du fait d’un casting à la hauteur, malgré peut-être quelques longueurs nécessaires pour créer une empathie pour les personnages et développer un relationnel cohérent. Dans la dernière bobine, le film bascule réellement dans le revenge movie lorsque certains membres de la famille décident de récupérer l’un deux qui a disparu dans les montagnes, emportés par cette secte d’enfants abandonnés. Contre toute attente, Bloodlands se fait même très sanglant voire gore quand la vengeance se profile à l’horizon.

 

3/6

 

Children of the night - Italie/Belgique – Andrea de Sica - 2016

 

Pour son premier film, le petit-fils d’Antonio de Sica nous emmène à la montagne dans un pensionnat pour gosses de riches s’étant fait remarquer pour de mauvaises raisons. Dans cet établissement ressemblant à l’hôtel Overlord de Shining, les pensionnaires sont chouchoutés pour devenir l’élite et dirigés à terme le Monde (et pas que le quotidien). En plus de pratiquer le hockey sur glace et de réfléchir aux futurs licenciements dans leurs entreprises, ces jeunes adolescents subissent un régime sec concernant la communication avec l’extérieur. Pas d’internet et des possibilités d’appeler les proches limités à quelques heures par jour. Une prison dorée où Giulio (Vincenzo Crea) se lie d’amitié avec Eduardo (Ludovico Succio) jeune rebelle qui n’hésite pas à débarquer en chemise à fleurs plutôt que de revêtir la tenue obligatoire. Ce qui ne plaît pas forcément à Matias (Frabizio Rongione) le directeur de l’établissement qui tente de leur inculquer des valeurs propres aux mondes des affaires.

Malgré cet environnement très contraint, il règne une drôle d’ambiance entre les murs du pensionnat qui semble receler des secrets enfouis et une rivalité entre certains élèves surtout quand Giulio dénonce ses camarades suite à un bizutage particulièrement agressif. Le film bascule alors lorsque les deux amis suivent des pensionnaires s’aventurant dans la campagne enneigée chaque nuit. Ce qui les mène à un établissement de nuit rempli de stripteaseuses accortes et de vieux lubriques. Toutes les nuits, nos deux lycéens font l’école buissonnière pour s’encanailler et notamment Giulio qui retrouve la vénéneuse Elena (Yulia Sobol) jeune hôtesse avec qui il noue une véritable relation. Ce qui génère une jalousie avec Eduardo, étant la véritable tête de proue de la subversion.

Children of the night n’a rien d’un film fantastique même s’il distille une atmosphère étrange avec cet espèce de bordel de campagne perdu au milieu de la campagne dont on pourrait presque douter de l’existence. Si le film s’avère intéressant dans sa première moitié, Andrea de Sica peine à trouver un second souffle par la suite et le spectateur a du mal à identifier les enjeux. Certes, le film parle du passage à l’âge adulte, de la manipulation et critique une certaine classe dirigeante, mais il ne parvient que trop rarement à décoller pour retomber un peu rapidement avec une conclusion finalement assez attendue et convenue.

 

3/6

 

A dark song – Irlande/UK – Liam Gavin - 2016

 

Pour son premier film en tant que réalisateur le storyboarder Liam Gavin, notamment pour Evil aliens de Jack West, accouche d’une œuvre très étrange. Tourné en 20 jours dans une demeure débarrassée de presque tous ses meubles, A dark song conte l’histoire de Sophia (Susan Loughnane) qui, suite au décès de son fils, cherche à le contacter grâce à un rituel de magie noire. Pour cela, elle loue les services (plutôt très cher) d’une sorte de chaman déjanté rouquin Joseph Solomon (Mark Huberman vu notamment dans l’excellent Dark touch). Un gourou habillé avec un survêt et jurant comme un charretier anglais. Un drôle de duo qui va s’enfermer dans cette demeure pour plusieurs mois et pratiquer un rituel censé faire apparaître l’ange gardien de Sophia lui permettant de communiquer avec son fils disparu.

Sur ce pitch assez simple, Liam Gavin construit un film entre dérive sectaire et Occultisme. Dès le départ, on ne sait pas trop si Joseph est un charlatan et si Sophia est une femme complètement perdue dans sa douleur. Certainement, un peu des deux car les pièces sont recouvertes de différents cercles et d’inscriptions religieuses pour provoquer l’au-delà. Un rituel très contraint qui oblige Sophia a passé des jours à se purifier (sans alcool ni sexe) et à fixer un simple galet sous le regard d’un homme dans une robe de cérémonie qui ferait plus penser à un glandeur dans un canapé. Pourtant, lorsque la jeune femme perd patience ou ne respecte pas les instructions à la lettre, Joseph rentre dans une colère immense à n’hésite pas à la malmener.

Les mois passent et il ne se passe pas grand-chose de surnaturel tandis que Sophia subit les humiliations (elle est aussi purifiée à l’eau froide), les récriminations du gourou et même ses désirs sexuels qui renvoient aux déviances sectaires. Comme Joseph lui indique qu’elle ne peut pas sortir de la maison avant la fin du rituel, Sophia s’enferre dans sa folie alors que les événements tournent au fantastique voire à l’horreur. Le réalisateur parvient à donner un liant à ce huis-clos assez bavard pour expliquer les pratiques occultes entre magie noire et Kabbale. Un syncrétisme religieux qui se transforme dans sa dernière moitié en film de fantôme lorsque les esprits semblent avoir investi la demeure. Il y a même une scène qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de The door de Johannes Roberts qui traitait d’un sujet similaire sur la perte d’un enfant.

Le film fonctionne vraiment bien sur la durée et n’ennuie pas grâce à un scénario bien écrit malgré ces espaces contraints et seulement deux personnages. On s’intéresse à ces deux paumés et à chaque rebondissement amenant un peu plus le film sur le terrain du fantastique. En revanche, la révélation finale est plus que surprenante (elle a d’ailleurs bien fait rire toute la salle qui n’a pas arrêtée de commenter le film) et à la limite du ridicule, notamment au regard de la tonalité du reste du film. Malgré ce WTF final, A dark song est une expérience réussie et originale méritant bien une vision.

 

4/6

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Commentaires: 4
  • #1

    Alice In Oliver (dimanche, 09 avril 2017 15:28)

    Bon je retiens The VOID, visiblement le coup de coeur de cette partie cinéphilique !

  • #2

    Roggy (dimanche, 09 avril 2017 18:30)

    Tout à fait ! Le style de film qu'on a envie de voir en salle !

  • #3

    Laurent (mardi, 11 avril 2017 08:26)

    Pour From a house on Willow street, le seul que j'ai vu dans cette liste (en bonne compagnie!), c'est dommage car la réalisation est soignée, un peu du gâchis donc. Finalement, bilan plutôt mitigé pour ton périple à Bruxelles.

  • #4

    Roggy (mardi, 11 avril 2017 14:27)

    Comparativement à d'autres années, mon séjour fut agréable en terme cinématographique. Pas de mauvais films et quelques bonnes surprises. Et toujours en très très bonne compagnie !