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PIFFF 2023
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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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REPRISE FESTIVAL GERARDMER 2024 A LA CINEMATHEQUE

Comme tous les ans, la Cinémathèque ouvre ses battants à la compétition officielle du festival international du film fantastique de Gérardmer. Petit panel sur quatre longs-métrages avec le portugais Amelia’s Children de Grabriel Abrantes, The Seeding de l’Américain Barnaby Clay, Perpetrator de Jennifer Reeder et The Forbidden Play du Japonais Hideo Nakata.

 

Amelia's Children - Portugal – 2023 - Gabriel Abrantes

Résumé : Orphelin depuis sa naissance, Edward découvre à l’âge adulte qu’il a un jumeau et une mère qu’il ne connait pas. Avec sa petite amie Ryley, il part les rencontrer dans leur magnifique demeure isolée au cœur d’une région recluse. Les retrouvailles passées, le jeune couple se rend compte que les apparences sont trompeuses : la famille d’Edward cache un monstrueux secret.

 

Avec ce deuxième long-métrage après Diamentino, l’américano-portugais Gabriel Abrantes revient sur ses terres pour nous présenter une famille dysfonctionnelle sise dans un vieux manoir gothique perdu au milieu de la campagne lusitanienne. Première incursion dans l’horreur avec ce film hybride qui embrasserait une thématique proche du vampirisme à la Bram Stoker (revendiqué ouvertement par son auteur) et la sorcellerie avec son histoire somme toute rocambolesque et aux partis pris casse-gueule, en particulier pour votre serviteur très dubitatif sur la finalité du produit.

L’intrigue initiale convie Edward (Carloto Cotta) et sa petite-amie Ryley (Brigette Lundy-Paine), installés aux Etats-Unis, sur les traces de la famille perdue d’Ed, suite à un test ADN lui révélant qu’il y a un frère jumeau au Portugal. Direction l’Europe pour le couple et la rencontre avec le frérot Manuel (le même acteur mais avec les cheveux longs) et la mama déformée par la chirurgie esthétique. Evidemment, la séquence de pré-générique située des dizaines d’années plus tôt montrant l’enlèvement du petit Ed distille déjà les contours de la machination à venir. La nouvelle famille n’est pas très claire, seul Ed semble ne pas le discerner.

Pas une mauvaise entame donc et un pitch intrigant mais la sauce tourne progressivement vinaigre avec la présentation des personnages au jeu outrancier (Manuel se dandine comme Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes et chante de l’opéra la nuit dans la campagne) et la mère des jumeaux, dont le masque de vieillesse botoxée carrément loupé est à la hauteur du jeu de l’actrice Anabela Moreira pour essayer de donner une consistance à un personnage presque ridicule (rien à voir avec la somptueuse Mia Goth dans X). Bref, pas grand-chose ne fonctionne et les rires dans la salle accompagnent des moments de gêne palpables par exemple lors d’une danse fraternelle aux accents d’inceste. Parce qu’il y a aussi de ces effluves dans Amelia’s Children, la mère voudrait bien redevenir jeune et a besoin de sa progéniture pour cela.

Au-delà de ces aspects rebutants pour ma pomme, le film se pare d’un script finalement très sage, seulement perturbé par de vilains jumps scares et l’apparition sur la fin d’un personnage incompréhensiblement placé là pour donner une aura encore horrifique mais qui renvoie le film aux oubliettes du portnawak. Le réalisateur ne parviendra jamais ainsi à développer une véritable thématique comme le retour à la jeunesse (il vaut mieux revoir le sous-estimé Abuela de Paco Plaza) ou une horreur viscérale sans doute plombé par un manque de moyens et un scénario avare en enjeux trop vite déjouées par le spectateur et par Riley (seul personnage un peu consistant) dans un film franchissant régulièrement, et involontairement, la frontière du ridicule.

 

2,5/6

 

 

THE SEEDING - USA – 2023 – Barnaby Clay

Résumé : Un randonneur se rend dans le désert pour prendre des photos d’une éclipse solaire. Il tombe sur un enfant égaré et propose de l’aider à retrouver les siens. Son acte de bon samaritain va rapidement se transformer en un jeu dangereux entre lui, un groupe d’adolescents sadiques et une mystérieuse femme qui entretient des liens étranges avec ces derniers.

 

A l’inverse du film précédent, j’ai pris plus de plaisir avec ce huis-clos particulièrement sauvage et désertique malgré un pitch resserré sur lui-même à l’instar des deux protagonistes enfermés dans une prison à ciel ouvert. Rapidement, un homme venu faire des photos dans le désert (Scott Haze, Jurassic Wold Dominion) est contraint de trouver de l’aide auprès d’une femme mystérieuse (Kate Lyn Sheil, You're Next) logée dans une maison en bois située au fond d’une crevasse accessible uniquement par un escalier de fortune. Pas de chance, l’escalier se fait la malle et oblige le visiteur à rester à résidence sous un soleil de plomb.

Parce qu’il a suivi un enfant paumé dans le désert à la recherche de ses parents, l’homme se perd lui-même et atterri dans un refuge qui va s’avérer l’antre de l’enfer. Impossible de remonter à la surface malgré plusieurs tentatives et l’obligation de partager le quotidien d’une femme plutôt mutique mais pas du tout agressive. Elle semble accepter son sort, nourrie par une bande d’adolescents turbulents et sans domicile, sorte de cour des miracles capable d’une violence extrême. Avec ce pitch intrigant, le premier essai de long-métrage de Barnaby Clay nous ferait presque penser à un cousin dégénéré de La Colline à des Yeux et de Massacre à La Tronçonneuse pour son ambiance poisseuse sous l’astre brulant et le regard de marmots définitivement dangereux.

Si le film se veut assez lent au départ, il montre la déchéance progressive de l’homme et son rapprochement inéluctable avec la femme qui partage sa vie comme s’il était coincé sur une île déserte avec la folie comme seule perspective et des tentatives d’évasion vite mises en échec. Malgré l’enfermement, le scénario n’est pas redondant et la gestion du temps s’avère crédible au grand dam de l’homme dont le sort paraît rapidement scellé au fur et à mesure où on décèle les intentions de son accorte hôte. Pas de grandes envolées mais The Seeding est un film assez modeste ne cherchant pas à se prendre pour autre chose. Pour le coup, c’est suffisant à mon sens.

 

4/6

 

 

PERPETRATOR – USA/France – 2023 – Jennifer Reeder

Résumé : Jonny Baptiste est une adolescente insouciante envoyée chez sa tante Hildie, avec laquelle elle n’avait plus de contact. Le jour de ses 18 ans, elle subit une métamorphose radicale : un sort familial qui la redéfinit, appelé Forevering. Lorsque plusieurs adolescentes disparaissent dans sa nouvelle école, Jonny, sauvage et mythique, se lance à la poursuite du Perpetrator.

 

Avec sa radicalité visuelle et esthétique, les premiers plans de Perpetrator ne dépareillent pas avec le travail habituel de la réalisatrice de Knives and Skin. Une image grise, des plans saccadés et un onirisme permanent préfigurent déjà le rythme et le ton que son autrice lancera à la face du spectateur, en espérant qu’il récupère quelque chose dans ce gloubi-boulga cinématographique. Ou pas.

Mal dégrossi, le scénario part donc dans tous les sens avec une histoire de tueur, de jeunes filles disparues, de métamorphose corporelle et d’adolescentes mal dans leur peau. Rien n’est clair en réalité même si le nœud du film se resserre autour de Jonny Baptiste (Kiah McKirnan), une jeune fille en quête d’identité, vivant de larcins afin de payer le loyer de son père et ses médicaments. Elle part finalement vivre avec sa tata (Alicia Silverstone) et intègre une école pour jeunes difficiles sous la houlette d’un corps enseignant carrément déjanté. A l’instar de l’ensemble des adultes présentés comme des fous ou des pervers, en particulier les hommes. Car on sent bien le film féministe poindre le bout de sa pancarte revendicatrice sans aucune subtilité.

C’est ballot de le montrer au travers d’un kidnappeur de jeunes filles se servant d’elles pour sans doute récupérer leur énergie vitale par le biais d’un orifice placé sur le haut de son torse. Et c’est un peu comme ça tout le long de ce métrage dont la cohérence à foutu le camp entre cauchemar et passage à l’âge adulte (et donc dans la monstruosité) pour Jonny qui, lors de ses dix-huit ans, intègre le cercle très fermé de la famille des personnes sensibles à toutes les images et capable de prendre la personnalité et le physique de n’importe qui. Une piste presque secondaire, même si elle irise le film, jamais vraiment développée et perdu au milieu de discussions et de dialogues sentencieux servis par une Alicia Silverston en mode sorcière philosophe elle aussi aux fraises.

Bref, on a l’impression de mélanger les Cronenberg père et fils avec un soupçon de Lynch pour le malaise ambiant, de secouer le tout afin d’aboutir à un résultat pour le moins abscons qui ne trouvera jamais le chemin de la lumière ou de la direction prétendument empruntée. De l’horreur craspec, à l'angoisse des jeunes à devenir des adultes et à la lutte contre les violences féminines, contrebalancé par des personnages caricaturaux et risibles (le corps enseignant et la police). Les enjeux sont ainsi noyés dans un maelstrom de références entre horror, cop et teen movie réunis au grand dam d’une très large partie des spectateurs.

 

2/6

 

 

THE FORBIDDEN PLAY - Japon – 2023 – Hideo Nakata

Résumé : Naoto Ihara mène une vie heureuse avec son épouse Miyuki et leur fils Haruto. Leur bonheur est anéanti le jour où Miyuki meurt dans un accident de voiture. Naoto tombe dans un profond chagrin alors que Haruto prie tous les jours pour que sa mère revienne à la vie après avoir enterré un de ses doigts au fond du jardin. Des phénomènes étranges se produisent bientôt…

 

Le constat est assez amer, mais on a perdu Hideo Nakata depuis ses débuts dans le cinéma avec les immenses Ring et Dark Water, sommets de trouille pour toute une génération. Il a pourtant continué dans le genre avec des longs-métrages anecdotiques ne rencontrant jamais le succès, recyclant jusqu’à plus soif la figure du fantôme comme s’il ne parvenait pas à se défaire du personnage de Sadako avec ses longs cheveux noirs. Avec The Forbidden Play, Nakata nous refait le coup de la vengeance d’outre-tombe, de l’esprit récalcitrant et de la malédiction ancestrale en déclinant l’univers de la résurrection comme dans Simetierre de Stephen King.

Si le film débute comme une gentille bluette, il change de chemise à la manière d’un conte fantastique quand un petit garçon (Haruto) enterre le doigt de sa mère (Miyuki) dans le jardin afin de la faire repousser, comme il l’avait avec une queue de lézard encouragé par son père (Ihara). Conséquence, la daronne se réveille et cherche à boulotter sa progéniture tandis que son esprit vengeur passe de corps en corps pour s’en prendre à nos héros (petite pensée pour Hidden de Jack Sholder). Le mari bien marri, aidé par une ancienne collègue (Kurasawa), combat son épouse sous les yeux d’un Haruto toujours persuadé de retrouver sa mère.

Soyons franc, le film est au moins divertissant et bien rythmé en allant directement à l’essentiel et peut même faire sourire sur certaines scènes notamment avec le médium arrogant et son acolyte blond. Pour le reste, on a l’impression que Nakata filme sans âme comme dans les années 90, la photographie est terne et les SFX sont très limites pour ne pas dire moches. Au final, The Forbidden Play ressemble par moment à une vieille série B sans argent, ressassant toujours les mêmes thèmes en y associant ici le mythe de Frankenstein ou une malédiction basée sur la transmission filiale. Bref, le métrage s’oublie aussi vite que son passage sur l’écran et on est peiné de la qualité de cette production totalement inoffensive eu égard aux capacités d’Hideo Nakata.

 

3/6

 

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