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9e jour à l'Etrange festival

Avant-dernière journée à l’Etrange festival et deux films dans la musette, avec le très étrange Lamb de l’islandais Valdimar Jóhannsson et Saloum polar fantastique du sénégalais Jean-Luc Herbulot.

 

LAMB – Agneau de lait – Islande – 2021 - Valdimar Jóhannsson

 

En compétition

 

Pitch : María et Ingvar, un couple sans enfant élevant des moutons dans une ferme isolée d’Islande, découvrent un nouveau-né qu’ils décident d’élever comme leur propre enfant. Mais cet heureux hasard n’est hélas que le prélude à des événements beaucoup plus sombres...

 

A la vision du premier long-métrage du réalisateur-scénariste, mais également spécialiste des effets spéciaux pour quelques blockbusters américains, Valdimar Jóhannsson, on comprend ses difficultés à trouver les financements nécessaires à monter son projet. Personne ne lui fit crédit jusqu’à ce que la star Noomi Rapace (Millenium, Alien Covenant, Seven Sisters) pose le regard sur le script et décide de participer à ce conte mythologique moderne. Il faudra se laisser porter par une entame mutique et le souffle d’un animal se déplaçant dans la tempête dans un plan séquence anxiogène finissant dans la bergerie devant des animaux apeurés.

Avec une certaine épure, Valdimar Jóhannsson parvient à installer son sujet par une simple évocation et une caméra subjective. Changement de décor avec le regard porté désormais sur le couple d’agriculteurs Maria (Noomi Rapace) et son mari Ingvar (Hilmir Snær Guðnason, 101 Reykjavik) travaillant leur terre dans une ferme située au milieu des magnifiques montagnes perdues islandaises. Une lande battue par les vents qui ne semble pas rompre la vie monotone du couple s’attachant à faire naître des agneaux, à manger ensemble et à dormir sans réellement avoir de liens entre eux. Mutiques et robotiques, leur quotidien sera néanmoins rompu par la naissance d’un agneau bien différent du reste de la colonie.

Difficile d’en dévoiler son origine et ses caractéristiques mais le résultat est très surprenant et émoustille plus les spectateurs que le couple qui adopte la nouvelle venue avec amour et compassion. Avec son approche minimaliste du travail de la terre, qui ne serait pas sans rappeler le récent La Nuée du Français Just Philippot, Lamb s’inscrit dans cette mouvance réaliste du fantastique qui pourrait s’avérer ridicule à bien des égards mais fonctionne grâce à la mise en scène tout en retenue et le casting à la hauteur à commencer par une Noomi Rapace lumineuse dans tous les plans.

Film sur l’acceptation du deuil, Lamb entretient le mystère, relancé par l’arrivée de Petru (Björn Hlynur Haraldsson) frère de Ingvar. Un moment dubitatif, Petru accepte la petite Ada à l’instar du reste de la famille même si une chape de plomb règne sur la maisonnée comme si le bonheur ne pouvait pas durer éternellement. Dans la dernière bobine, la tragédie prend forme avec le retour du souffle initial venant rechercher son dû tel un conte scandinave. Pas besoin de trop en montrer mais les quelques plans sur la créature enfin matérialisée sont splendides et instaurent à la fois un malaise et une satisfaction de rencontrer le géniteur à sabots. Pour un premier long-métrage, Lamb est une vraie réussite à l’originalité assumée.

 

4/6

 

 

SALOUM – Conte Africain – Sénégal – 2021 - Jean-Luc Herbulot

 

En Mondovision et en présence de l’équipe du film

 

Pitch : 2003. Fuyant un coup d'État en Guinée-Bissau, trois mercenaires des Hyènes de Bangui doivent cacher leur magot et protéger un baron de la drogue. Ils sont contraints de se réfugier dans la région mystique du Saloum, au Sénégal.

 

Déjà présents à l’Etrange festival pour son précédent film coup de poing Dealer, le Sénégalais Jean-Luc Herbulot ne cachait pas son émotion d’être sur la scène de la salle 500 accompagné de toute son équipe, des productrices aux acteurs(trices) pour montrer au public français son nouvel opus quelques jours après une première mondiale au festival de Toronto. Après de longs remerciements, le film s’ouvre sur un conflit situé en Guinée-Bissau et la fuite dans un petit avion de trois mercenaires Chaka (Yann Gael), Rafa (Roger Sallah) et Minuit (Mentor Ba) et Félix (Renaud Farah), un baron de la drogue mexicain avec un sac rempli de lingots d’or. Contraints d’atterrir en urgence suite à une panne, le quatuor se réfugie dans un lodge perdu dans la région de Saloum au Sénégal.

Sur place, les trois soldats sont obligés de cohabiter avec les touristes dont un capitaine de police et un hôte déférant les incitant à travailler ensemble pour payer leur séjour, concept assez particulier du lieu de villégiature. Saloum est avant tout un petit film réalisé avec les moyens du bord notamment pour les séquences un peu cheap dans l’avion au début. Pourtant, le réalisateur tente de donner une patine tarantinesque à son écriture ou pour présenter ses personnages. Les dialogues sont ainsi à la fois chiadés ou complètement à la masse malgré la bonne volonté du casting juste pour sortir la vanne qui tue, notamment la séquence très drôle du premier dîner où les mercenaires découvrent qu’une des invités connaît leur situation et l'explique en langage des signes.

Si le film ressemble à un polar contemporain dans les premiers deux tiers, il change progressivement de cap avec l’irruption d’un fantastique lié à une malédiction locale et au passé trouble de Chaka. Bref, ils ne sont peut-être pas là par hasard et doivent se défendre face à des entités représentées sous la forme d’humanoïdes à cornes formés par des milliers de mouches noires se déplaçant en nuée. Des effets spéciaux plutôt bien rendus nous rappelant le long-métrage Achoura du Marocain Talal Selhami, ancré lui aussi sur une légende de son pays. Sur une durée limitée, Saloum s’avère bien rythmé malgré une caméra trop épileptique lors des séquences d’action et des dialogues en langage des signes pas sous-titrés (?), jusqu’à une dernière partie confinant à un fantastique beaucoup moins maîtrisé et référentiel. Un petit film donc mais qui montre l’ambition de ce nouveau cinéma africain qui essaie de se sortir de son carcan habituel.

 

3/6

 

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