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3e jour à l'Etrange festival

La veille du week-end se concrétise par deux films complètement différents mais particulièrement intéressants et valant bien le déplacement. A commencer par le Norvégien The Innoncents de Eskil Vogt, conte enfantin assez dérangeant avec des gamins pas si innocents, pour finir par la comédie coréenne Night of the Undead de Jeong-won Shin avec son humour décapant voire burlesque.

 

THE INNOCENTS – Enfants méchants - Norvège - 2021 - Eskil Vogt

En compétition

 

Pitch : En plein été scandinave, quatre enfants d’une cité HLM se découvrent des pouvoirs surnaturels et en font usage loin du regard des adultes. Mais leurs occupations ne sont peut-être pas aussi candides qu’elles en ont l’air…

 

Déjà présenté à Cannes cette année, The Innocents traite de l’enfance par le prisme du fantastique en conférant à quatre gamins des pouvoirs immenses qu’ils découvrent au fur et à mesure de leurs expériences. D’abord innocents, les jeux se transforment progressivement en transgression en commençant par le sort atroce réservé à un chaton, martyr idéal pour le début d’une folie irrépressible aux milieux des tours d’une cité HLM norvégienne. Le hiatus entre cette société à l’aspect propre et lisse où les enfants jouent dans les parcs et l’horreur prodiguée par un gamin en mal de repaires instaure un climat des plus malsains.

D’ailleurs en quelques plans initiaux, Eskil Vogt (Blind : Un Rêve éveillé) évoque déjà la violence de la petite Ida aux comportements sadiques avec les animaux et sa sœur autiste Anna incapable de s’exprimer et de matérialiser ses douleurs. Lorsqu’elle rencontre Ben et Aisha, la petite blonde expérimente avec eux les dons dévoilés d’abord avec amusement pour balancer une pierre par télékinésie ou communiquer par télépathie. Chacun d’entre eux possède une capacité spéciale donnant un aspect ludique aux journées d’été jusqu’à ce que Ben bascule dans la méchanceté gratuite, en premier lieu avec un animal avant de s’attaquer aux humains et à sa mère.

Si on ne saura rien de l’origine de ces pouvoirs, le réalisateur également scénariste filme au plus près ses personnages à hauteur d’enfants, les adultes semblent impuissants voire dépassés et sont relégués finalement au second plan. La mainmise des enfants se fait jour dans ce film montrant les travers de la société scandinave notamment sur le traitement du handicap et nous renvoie immanquablement à Thelma écrit justement par Eskil Vogt. The Innocents possède en lui cette même force évocatrice encalminée au plus profond des traumas de personnages gardant leur souffrance pour eux-mêmes, incapables de l’exprimer autrement que par une violence sourde et terrible. A petits pas, le film dessine une réalité angoissante prégnante bien au-delà des clichés sur l’enfance qui naît d’un quotidien morne et austère où la brutalité extrême serait le seul modèle de catharsis.

Porté par une caméra aérienne et finalement pudique, le film explore les affres de l’enfance, on souffre avec eux de cette menace invisible pouvant jaillir de n’importe où. La deuxième moitié du métrage bascule dans un fantastique plus prégnant avec un Ben mettant à profit ses capacités exceptionnelles comme celle de manipuler un humain à distance pour lui faire commettre un meurtre et ainsi se venger d’un adolescent agressif. La frontière du mal est franchie sans possibilité de retour en arrière et la fin du film se mue en un combat pour la survie forcément tragique. Même si le réalisateur n’utilise pas de SFX spectaculaires, les effets visuels sont efficaces et rendent justice à cette histoire à la fois douce sur les découvertes enfantines, mais malaisante quant à l’ambiance et au sort réservé à certains protagonistes. Car le scénario ne nous épargne rien avec une froideur toute scandinave qui lorgne dans la dernière bobine du côté de Les Révoltés de l'an 2000. Si le film fait mal aux encoignures lors de ces moments de tension, il est perclus de séquences à la fois belles et dérangeantes pour ce qui pourrait s’apparenter à l’enfance de futurs super-vilains dans un film de super-héros.

 

4/6

 

 

NIGHT OF THE UNDEAD –- Corée-du-Sud – 2020 – Jeong-won Shin

En Mondovision

 

Pitch : Fraîchement mariée, So-Hee continuerait à filer le parfait amour au sein de son couple modèle si son époux n’était pas devenu si mystérieux. Elle ne le reconnaît plus. Louant les services d’une agence de détective privé, elle va découvrir que son prince charmant pourrait transformer sa vie en cauchemar

 

Avec son titre et son affiche un peu vintage, on pourrait croire à une version coréenne de La Nuit des Mort-Vivants. Or, Night of the Undead est tout autre, naviguant entre la comédie romantique, le film de SF et le vaudeville avec cadavre caché dans le placard. Avec un plaisir non dissimulé, Jeong-won Shin (Ghost Sweepers) développe un récit complètement loufoque dans lequel So-Hee (Lee Jung-hyun, l’héroïne de Peninsula) semble passer une merveilleuse vie avec son mari Man-gil (Kim Sung-oh, Door Lock) jusqu’au jour où elle le soupçonne d’infidélité et engage un détective privé hirsute et aux théories fumeuses Dr. Jang (Yang Dong-geun, Fengshui). En enquêtant, ce dernier découvre que le mari est un fait un Alien à l’instar d’autres spécimens venus sur Terre pour engrosser des femmes.

Avec un tel pitch, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose qu’une comédie débridée et énergique jouant sur les ressorts d’un humour sur les relations entre les hommes et les femmes lors de dialogues très drôles, avant de basculer dans la comédie de boulevard comme dans une pièce de théâtre avec quiproquos et portes qui claquent, pour finir sur une course-poursuite toujours aussi hilarante mais plus versée sur le fantastique. A un rythme d’enfer, Night of the Undead égraine les situations improbables notamment toute la partie située dans l’appartement du couple où So-Hee , deux amies et le détective montent tout un stratagème afin d’éliminer de Man-Gil en essayant de le faire griller dans sa baignoire ou de lui faire absorber un poison mortel. Evidemment, les choses ne se passent pas comme prévu générant une série de gags parfaitement huilés et électriques.

On est donc face à une conspiration extraterrestre montée par des pieds-nickelés, version coréenne de Men in Black, opposée à des jeunes femmes courant dans tous les sens et désireuses de se débarrasser de corps trop gênants dans l’ultime bobine, accompagné de nombreux rebondissements et de moments impromptus notamment liés à la rencontre avec la police. Même si l’intrigue peut paraître foutraque par moment, le film possède une énergie communicative au milieu de situations rocambolesques, de personnages faussement naïfs et d’un traitement versant vers le slapstick et les dialogues savoureux. Une bonne surprise au final.

 

4/6

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Adrien (mercredi, 15 septembre 2021 17:36)

    Deux films qui ont l'air sacrément intéressant dis donc, et Night of the Undead m'évoque un peu les comédies chinoises à base de fantômes des années 80/90. Dommage que les titres soient si génériques et peu représentatifs du sujet abordé, car en survolant ça n'attire pas vraiment :/

  • #2

    Roggy (jeudi, 16 septembre 2021 11:13)

    Si The Innocents a un côté un peu auteurisant, il s'avère vraiment dérangent par moment. Quant à Night of the Undead, il est très fun mais le titre est définitivement mal choisi.