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Dernier jour, palmarès et bilan de l'Etrange festival 2021

Il est temps de baisser le rideau sur l’Etrange festival avec les deux derniers longs-métrages. En début d’après-midi, le film d’animation américain The Spine of the Night de Philip Gelatt et Morgan Galen King, comme un hommage et une sorte de frère animé d’un Ralph Bakshi et Le Fantôme du Moulin Rouge de René clair daté de 1925, restauré et accompagné au piano par Serge Blomberg pour notre plus grand bonheur. Avec en plus le palmarès et mon bilan personnel.

 

THE SPINE OF THE NIGHT – Metal Hurlant - USA – 2021 - Philip Gelatt et Morgan Galen King

Mondovision

 

Pitch : Dans un monde au-delà de l'espace et du temps, la magie noire est tombée aux mains du Mal. Des héros de toutes époques et de toutes cultures luttent afin d’éviter que le monde ne sombre dans le chaos.

 

Celles et ceux qui ont été nourris à la SF baroque de Metal Hurlant et à l’animation de Ralph Bakshi avec des œuvres inoubliables comme Tygra, La Glace et le Feu ou Wizards, ne seront pas déçus par le long-métrage réalisé par le cinéaste-scénariste de bandes dessinées Philip Gelatt et l’animateur Morgan Galen King. Un film âpre et violent shooté comme une vieille bande d’un autre temps avec des effets visuels qu’ont dirait aujourd’hui dépassés mais au charme bien réel.

Si l’histoire reste assez alambiquée, elle tourne autour d’une mystérieuse fleur bleue aux propriétés magiques incommensurables et convoitée par de nombreux personnages avides de pouvoir. C’est sous cette forme que commence la quête de la magicienne Tzod, dont la voix en version originale est doublée par Lucy Lawless, la célèbre Xéna, la Guerrière en autre. Elle interprète cette femme mi-guerrière, mi-sorcière qui se balade toute nue dans la neige seulement recouverte de son manteau qui lui donne tout son pouvoir. Tzod se rend dans un lieu secret où elle retrouve le Gardien à qui elle raconte son aventure sous forme de flashbacks.

Et c’est parti pour 1h30 de spectacle épique ultra-sanglant où les corps nus pour la plupart, sans ne rien masquer, sont découpés, tranchés, énucléés avec vigueur dans ce monde d’heroïc-fantasy aux influences Steampunk. Grâce à l’utilisation de la Rotoscopie, les corps et les expressions du visage restent fluides et confère au film un rythme soutenu, même si le scénario multiplie les protagonistes et les intrigues, dont la principale tourne autour de la possession de la fleur. Elle génère bataille et coups bas, notamment les sorcier Ghal-Sur (Jordan Douglas Smith) qui, une fois récupérée l’utilise à des fins maléfiques pour son plaisir personnel et sa soif de pouvoir avec la conséquence d’affamer son peuple.

The Spine of the Night évoque en nous une forme de nostalgie et un retour des dizaines d’années en arrière grâce à des matte-painting magnifiques en arrière-plan pour une saga furieusement guerrière et gore. En filigrane, et à l’instar de l’œuvre de J.R.R. Tolkien ou du récent Mad God de Phil Tippett, le film évoque un monde ravagé par la corruption, l’ambition du pouvoir et une forme de lutte des classes, la classique dichotomie entre le bien et le mal. Une belle surprise donc pour une animation certes anachronique mais toujours aussi plaisante. On est loin des anime formatés de la petite souris.

 

4/6

 

LE FANTOME DU MOULIN ROUGE - Incunable - France – 1925 – René Clair

Retour de flamme présenté par Serge Bromberg

 

Pitch : Julien Boissel, jeune et talentueux entrepreneur, se voit contraint d'annuler son mariage avec Yvonne, dont le père l'a promise à un autre pour couvrir une affaire frauduleuse. Le jeune homme désespéré rencontre au Moulin Rouge le Docteur Renault, qui lui propose de participer à une expérience de magnétisme. Julien y perd son corps, tandis que son âme s'envole, libre de parcourir Paris pour se livrer à toutes les facéties. Mais ça n'est qu'un début...

 

Pour cette nouvelle édition de Retour de flamme, l’Etrange festival nous a gâté avec un film quasiment que très peu de personne ont eu la possibilité de voir Le Fantôme du Moulin Rouge de René Clair en 1925. Comme l’expliqua Serge Bromberg en préambule de la séance de ce film muet qu’il accompagna merveilleusement au piano, la Cinémathèque Française conserva la seule copie française encore exploitable en 1983, une version néanmoins amputée de près de la moitié de l’œuvre originale. Une copie anglaise du négatif réalisée pour l’export (soit avec une deuxième caméra en plus de l’officielle pour la version française) fut retrouvée au British Film Institute à Londres. Avec l’ensemble de ces éléments disparates et pas en bon état, Lobster Films réussit à numériser le film en 4K pour une restauration complète qui approcherait au mieux la version originale voulue par René Clair.

Un film que personne ou presque n’avait donc vu alors que Le Fantôme du Moulin Rouge mérite d’être découvert dans la filmographie de René Clair dont on se souvient surtout pour ses films parlants comme par exemple Le Silence est d’Or (1947), La Beauté du Diable (1950) ou Les Grandes Manœuvres (1955). Je connais peu ses premiers films muets et l’opportunité de voir ce film ressortir des limbes de l’oubli était une vraie chance. René Clair développe une histoire d’amour contrariée entre Julien Boissel (Georges Vaultier) industriel et homme politique obligé d’annuler son mariage avec Yvonne Vincent (Sandra Milovanoff) à cause d’une dette. Contrarié, Boissel trompe son ennui au Moulin Rouge et tombe sur le Docteur Robins (Paul Ollivier) qui lui propose une expérience extraordinaire afin de retrouver sa joie de vivre.

Si la première partie du film est assez longue à démarrer du fait des atermoiements des protagonistes principaux et le chantage du pas très sympathique patron de presse Gauthier (José Davert) en maître-chanteur pour se marier avec Yvonne, le film bascule dans un fantastique plus lyrique quand le Docteur hypnotise Julien. Son âme sort alors de son corps pour se balader dans les airs et la réintégrer après ce voyage astral. Sauf qu’à un moment, l’âme de Julien ne veut plus retournée dans son enveloppe corporelle et disparaît au grand dam du Docteur et d’un journaliste fouineur et acrobate Jean Degland (Albert Préjean) qui découvre le pot aux roses. Avec une grande maestria cinématographique et un humour de situation, René Clair déploie un film de fantôme déplaçant les objets, les vêtements au point de créer la psychose dans le tout Paris. Il reviendra à ce thème plus tard avec un film parlant dans une production américaine Fantôme à Vendre (The Ghost Goes West) en 1935, toujours avec un sens aigu de la comédie.

René Clair rivalise d’ingéniosité en utilisant les techniques et les trucages du précurseur en la matière Georges Méliès afin de faire évoluer son fantôme récalcitrant dans le Paris des années 20, bouillonnant de badauds et de voitures où les bourgeois venaient s’encanailler et se détendre dans les Cabarets comme le Moulin Rouge. Finalement, le spectre s’ennuie à son tour et décide de regagner ses pénates avant qu’un autopsie ne soit pratiquée sur son corps inerte. Les quiproquos et l’humour sont ainsi de la partie pour lors d’une dernière bobine rythmée et follement poétique avec un excellent arrière-goût du Fantôme de L’Opéra. Quand on y ajoute les notes harmonieuses d’un Serge Bromberg, le plaisir est complet.

 

4/6

 

Palmarès de l’Etrange festival 2021

 

Grand Prix Canal + nouveau genre : THE INNOCENTS d’Eskil Vogt

Prix du public : MAD GOD de Phil Tippett

 

Compétition internationale court-métrage Grand Prix Canal + : SEXY FURBY de Nicole Daddona et Adam Wilder

Prix du public : FRIANDISE de Rémy Barbe

 

Bilan personnel de l'Etrange Festival 2021 :

Voilà c’est fini ! comme dit la chanson. La 27e édition se termine pour les nombreux festivaliers (22 000 au total, encore plus que l’an dernier) et avec elle les nombreux souvenirs de cette année encore un fois particulière avec les conditions sanitaires que l’on connaît et les restrictions finalement pas si impactantes. Il faut d’ailleurs souligner globalement le respect des festivaliers à ce sujet pour parvenir à aller au bout des 10 jours sans encombre.

Concernant les films en eux-mêmes, la sélection était somme toute de qualité malgré la pandémie et les nouveaux modes de consommation qui contraignent certainement encore plus les programmateurs de festivals. Si la compétition officielle était (heureusement) resserrée sur 12 titres, elle paraissait sans doute un peu en dessous en terme de qualité. Seuls quelques films ont tiré leur épingle du jeu à commencer par la grosse claque Limbo, polar HK hyper-violent d’une beauté et d’une virtuosité de mise en scène éblouissantes (injustement oublié au palmarès), même si les deux gagnants The Innocents pour ses enfants dotés de pouvoirs et Mad God avec ses créatures en stop-motion ont mérité leur prix. Idem pour le très original Lamb et une Noomi Rapace lumineuse. Pour le reste de la sélection, on retiendra les découvertes et la bonne tenue du cinéma kazakh (3 films proposés), Barbaque de Fabrice Eboué, une des meilleures comédies françaises irrévérencieuse de ses dernières années ou le bel hommage au cinéma d’horreur de Censor. J’en oublie mais les 20 visionnages de cette année furent un plaisir de se projeter dans des univers différents et des contrées lointaines. Le souffle de la liberté en quelque sorte.

 

A l'année prochaine pour une 28e édition !

 

Roggy.

 

 

Bilan chiffré personnel et subjectif :

 

LIMBO

5

THE INNOCENTS

4

LAMB

4

MAD GOD

4

LE FANTOME DU MOULIN ROUGE

4

THE SPINE OF THE NIGHT

4

BARBAQUE

4

NIGHT OF THE UNDEAD

4

YELLOW CAT

4

SWEETIE YOU WON'T BELIEVE IT

4

CENSOR

4

LA FIEVRE DE PETROV

4

PRISONERS OF THE GHOSTLAND

3

COFFIN HOMES

3

La Femme qui Poursuit le Papillon Mortel

3,5

INEXORABLE

3

SALOUM

3

OFFSEASON

3

TIN CAN

2,5

ULTRASOUND

2,5

 

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