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7e jour à l'Etrange festival

7e jour à l'Etrange festival avec deux films dans la musette sortis cette année pour cette antépénultième journée. Deux long-métrages complètement différents à commencer par l’étrange drame fantastique danois Attachment de Gabriel Bier Gislason, pour finir avec le film d’animation franco-espagnol, Unicorn Wars d’Alberto Vázquez, l’auteur Psiconautas, dans lequel des licornes et des oursons se foutent sur la gueule avec sang et tripes à l’air. Même les animaux partent en couille…

 

 

ATTACHMENT - Danemark – 2022 – Gabriel Bier Gislason

En compétition

 

Pitch : À Copenhague, Maja, actrice danoise sur le déclin, rencontre Leah, une jeune universitaire juive de Londres. C’est le coup de foudre. Mais lorsque Leah est victime d’une crise d’épilepsie la laissant impotente, Maja la suit chez elle dans le quartier hassidique de Stamford Hill à Londres. La rencontre avec sa mère, l’inquiétante et très orthodoxe Chana, coïncide avec d’étranges phénomènes qui lui ouvriront les portes de l’inconnu.

 

Avec ce premier long-métrage Gabriel Bier Gisalson (fils de la cinéaste danoise Susanne Bier) explore les méandres sociétaux et religieux de la communauté juive et plus précisément des croyances ancestrales liées à la Kabbale et aux démons comme le dibbouk. Si l’aspect mythologique constitue un des socles de Natten Har Øjne en version originale, il se pare au départ d’une romance amoureuse entre une actrice danoise Maja (Josephine Park) et une étudiante anglaise Leah (Ellie Kendrick) qui très vite prend des allures de mystère au moment où les deux jeunes aménagent à Londres, près de la maison mitoyenne de Chana, la mère de Leah (Sofie Grabol).

La cohabitation entre Chana et Maja est difficile comme si la mère ne voulait pas laisser sa fille à une inconnue, même si on sent bien qu’il y a autre chose, Leah fait des crises d’épilepsie et à ces moments-là adopte une attitude assez étrange. De plus en plus envahissante, la mère semble cacher un secret familial inavouable, confirmé par l’oncle de la famille (David Dencik), un vendeur de livres judaïques entretenant l’aspect "scientifique" et documenté du récit. Malgré un humour subtil dû au rapport entre une Chana possessive et sa belle-fille, Attachment peine à décoller concrètement, engoncé dans ce huis-clos ni jamais trop fantastique (quelques bruits dans la maison, le comportement bizarre de Leah) ni vraiment comme une étude aboutie d’une communauté juive orthodoxe où finalement l’homosexualité de la fille n’est pas un problème.

La réalité est que le film ne s’engouffre jamais réellement dans son sujet et effleure constamment cette histoire avec des séquences redondantes devant nous amener à un dénouement plus horrifique. Dans la dernière bobine, le spectateur découvre ce qu’il subodorait depuis un moment grâce aux explications de l’oncle et aux reliques déposées dans toute la maison. Seule Maja reste aveugle avant « l’attaque » finale et une sorte d’exorcisme pas très méchant mais plus émotionnel en le liant à un sacrifice. A l’image finalement de ce film très atone qui nous rappelle d’autres productions traitant de la question des démons issus de la mythologie juive, mais en plus réussies, comme The Vigil de Keith Thomas voire Amulet de Romola Garai, sans en atteindre la même puissance.

3/6

 

 

UNICORN WARS – Espagne/France – 2022 – Alberto Vázquez

Focus Alberto Vázquez en sa présence et celle du producteur Nicolas Schmerkin

 

Pitch : Comme chacun le sait, c’est une vérité écrite dans le grand livre sacré : au royaume des petits ours l’ennemi a toujours été la licorne. Célestin a été élevé dans cette idée : il a soif de sang, Quant à Dodu, il préfère les câlins. Quittant le camp d’entraînement, ces deux frères, accompagnés des recrues inexpérimentées de leur unité commando, s’apprêtent à livrer bataille.

 

Alberto Vázquez n’est pas un inconnu de l’Etrange festival, il y avait déjà présenté ses courts-métrages et son long-métrage précédent, l’excellent Psiconautas en 2015. Il revient dans cette production franco-espagnole où l’auteur reprend les personnages et l’idée d’un de ses courts pour l’étirer sur 1h30. Comme toujours chez ce touche-à-tout de l’animation, l’univers déployé est à la fois poétique, trash et saupoudré d’une poignée généreuse de pamphlet et de politique. Dans Unicorn Wars, le réalisateur dénonce l’origine et les ravages de la guerre par le biais de l'anthropomorphisme des personnages tel qu’il le pratique régulièrement dans ses compositions.

Il utilise ainsi la figure du nounours et de la licorne, parangons de tendresse, pour mieux les détourner et en faire des êtres sanguinaires et belliqueux. Conte pour adultes (interdit aux moins de 12 ans en France, et aux moins de 16 ans en Espagne), Unicorn Wars serait un mélange d’Apocalypse Now (on pencherait également pour Full Metal Jacket) et de Bambi selon les dires du cinéaste avant la séance. Un alliage surprenant presque antinomique que l’auteur parvient à mixer grâce à une animation fluide et un scénario solide. Si les oursons ont l’allure de Bisounours, ils en seraient le côté sombre, vantards, un peu niais mais surtout très méchants. Ils s’entraînent dans un camp à dézinguer les licornes, considérées comme le mal absolu depuis des décennies. Au-delà de l’aspect anti-guerre du film, Vázquez explore les méfaits de la religion avec le personnage du curé accompagnant ces combattants parties dans la forêt magique pour une mission de sauvetage. Toujours prêt à brandir sa bible, il explique comment les licornes ont chassé les oursons du royaume de Dieu.

S’il revêt le costume d’une animation enfantine (les gentils animaux de la forêt), Unicorn Wars est en fait un brûlot pour les adultes et ne recule devant rien (sexes apparents, violence graphique) notamment lors des affrontements entre les licornes et les petits ours. Éborgnés, transpercés, découpés, nos héros subissent les conséquences de la guerre (il y a même la consommation de drogue) avec une forme de pessimisme permanent, sans aucune échappatoire. La 2D associée à de la 3D sont magnifiques, les décors de la forêt illuminent l’écran et contrastent avec l’allure presque mignonnes des belligérants ours présentés comme les méchants de l’histoire. Il manque sans doute l’émotion d’un Psiconautas et un petit ventre mou dans le scénario pour en faire un chef-d’œuvre mais ce Unicors Wars mérite le détour. A ne pas mettre néanmoins entre toutes les pattes. Le film sort au cinéma normalement le 30 novembre en France.

 

4/6

 

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