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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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5e jour à l'Etrange festival

Samedi 10 septembre 2022

 

Samedi intensément éclectique à l’Etrange festival avec pour commencer une fiction produite pour la télévision française en 1976, Le Collectionneur de Cerveaux de Michel Subiela, suivi d’un drame historique russe se déroulant sous Staline, La Fuite du Capitaine Volkonogov (2021) de Natalia Merkulova et Alekseï Chupov. Et pour finir une œuvre baroque et surprenante mêlant marionnettes et humains, le nouvel essai du Belge Harry Cleven, Zeria. Difficile de faire plus grand écart.

 

Le Collectionneur de Cerveaux– France – 1976 - Michel Subiela

INA Fantastica !

 

Pitch : Penny Vanderwood, une pianiste, répète son prochain récital quand un homme entre dans la salle et lui annonce qu'il aimerait inventer un robot qui joue du piano. L'homme laisse sa carte de visite, sur laquelle est écrit "Comte de Saint-Germain, créateur d'automates", à Penny. En lisant le journal, la jeune femme voit qu'un tournoi d'échecs va avoir lieu et qu'un robot affrontera les meilleurs joueurs d'échecs. Intriguée, Penny décide de s'y rendre.

 

Dans le cadre d’un partenariat avec l’INA (Institut national de l’audiovisuel) et du travail de Lucas Hesling et Christopher Marco, auteurs d’une série de douze modules de 7 minutes intitulée Les Archives d'après minuit, l’Etrange festival mettait à l’honneur certains films réalisés pour la télévision accès sur le fantastique. Ces programmes, Belphegor ou le fantôme du Louvre, Le Tribunal de l’impossible pour les plus célèbres d’entre eux, ont été diffusés entre les années 60 et 80 sur l’ORTF.

 

Après le visionnage d’un mashup très drôle épisode 10 « Le sang » des Archives d’après minuit, de Lucas Hesling et Christopher Marco, la séance était consacrée à la fiction Le Collectionneur de Cerveaux tournée en 1976 par Michel Subiela pour la chaîne Antenne 2. C’est une adaptation de la nouvelle Les Robots pensants de George Langelaan dont le nom n’est pas des plus connus mais qui est pourtant l’auteur de La Mouche adaptée au cinéma par Kurt Neumann en 1956 avec La Mouche Noire et bien sûr The Fly de David Cronenberg en 1986. Sans oublier, et cela peut paraître plus surprenant, la retranscription de sa nouvelle Le Miracle par Jean-Pierre Mocky avec Le Miraculé.

 

Tourné à Evreux et sa campagne, Le Collectionneur de Cerveaux est une histoire assez étrange d’un concepteur d’automates capables de se mouvoir et de réaliser des actions à l’instar du joueur d’échecs défiant des amateurs dans l’arrière salle d’un bar. Il a été créé par un homme se faisant appeler le Comte de Saint-Germain (André Reybaz, Un Chant d’Amour). Avec sa cape noire et son rire méphistophélique il ressemble à un savant fou d’un autre âge avec des manières de gentleman. Il tente alors de convaincre la pianiste Penny Vanderwood (Claude Jade, Baisers volés, L’Etau) de « poser » pour lui afin de concevoir un nouvel automate. Sauf que Penny s’aperçoit que l’automate joueur d’échecs possède les mêmes gestes et attitudes que son fiancé Robert Tournon, disparu mystérieusement en Argentine.

Si l’enquête de Penny avec son ami Lewis Armeight (François Dunoyer, connu pour avoir interprété Arsène Lupin) n’est pas si simple (la technologie robotique n’est pas la plus référencée à l’époque), le spectateur comprend très vite que Saint-Germain récupère les cerveaux des victimes pour les transformer en des sortes de cyborgs « intelligents » avant l’heure. Le résultat à l’écran est de bonne facture, grâce à une tension aux allures de giallo et d’horreur gothique, avec des acteurs investis (malgré quelques prononciations anglaises rigolotes de Lewis, censé être un diplomate anglais). Le scénario est bien rythmé et alterne les courses-poursuites ou les parties d’échecs particulièrement réalistes et documentées.

Dans la dernière bobine, le téléfilm prend les atours des films d’épouvante lorsque Lewis découvre une salle cachée au sous-sol de la demeure de Saint-Germain (il se fait appeler ainsi en référence à un aventurier du XVIIIe siècle se faisant également passer pour un alchimiste) où Penny est installée sur une table d’opération prête pour le transfert de son cerveau vers une future marionnette humaine. La découverte de cette « île du Docteur Moreau » protégée par d’autres créatures robotiques, et même d’un chien, donne une patine fantastique à la fois surannée et moderne.

 

4/6

 

 

La Fuite du Capitaine Volkonogov - Russie/Estonie/France – 2021 – Natalia Merkulova et Alekseï Chupov

En compétition

 

Pitch : URSS, 1938. Alors que Staline commence à éliminer les hommes de ses propres services de sécurité, Volkonogov, l’un de ses plus fidèles, spécialisé dans l’art de faire avouer les ennemis de la patrie par tous les moyens, prend la fuite, se sachant condamné. Lorsqu’il prend conscience des crimes qu’il a commis, sa traque se mue en quête d’expiation : il va rechercher les familles de ses dernières victimes afin de recueillir leur pardon…

 

Avec ce nouveau long-métrage, les réalisateurs de L'Homme qui a surpris tout le monde s’attaquent à une face sombre de l’histoire de l’URSS, la purge organisée par Staline en 1938. Pour ce faire, le dictateur utilise une sorte de milice composée de jeunes nervis aux cranes rasées et aux méthodes expéditives. Assortis avec leur uniforme rouge et leur patriotisme en bandoulière (ils s’entraînent d’ailleurs à chanter et à danser la grandeur de leur pays), ce groupe de chiens fous traque les récalcitrants et les opposants au régime en les torturant sous diverses façons mais toujours avec cruauté et vice. Bref, pas les gars qu’on a envie de croiser à un coin d’une rue.

Dans ce maelstrom de violence et de délation, le Capitaine Volkonogov (Yuriy Borisov, La Fièvre de Petrov) prend conscience des exactions de ses congénères et décide de faire acte de contrition en volant une liste d’hommes et de femmes condamnés sans preuve afin de retrouver les familles de ces disparus et demander leur pardon. Un acte de foi ou plutôt une peur de finir en Enfer suite à une séquence surnaturelle où un de ses compagnons morts, ressort de sa tombe pour l’inciter à se repentir en lui arrachant tripes et boyaux. Simple cauchemar ou avertissement sans concession ? Sans doute mû par la frayeur, Volkonogov prend la résolution de trahir ses amis.

A l’image de cette séquence horrifique, le film se pare d’une atmosphère presque surnaturelle dans un monde qui serait proche de celui de Brazil (comme évoqué lors de la présentation de la séance) de par l’omniprésence de la bureaucratie avec des dossiers disséminés dans toutes les pièces du bâtiment où les interrogatoires sont menés au milieu, quelquefois de pièces transformées en écurie. Ou encore avec l’apparition fantasmagorique d’un immense dirigeable au-dessus de la ville. La Fuite du Capitaine Volkonogov est éminemment un film politique dénonçant sans fioriture un moment terrible de la dictature Stalinienne et du Communisme. Malheureusement, le scénario s’enferre progressivement sur lui-même et répète à n’en plus finir les courses-poursuites entre le Capitaine renégat et les miliciens, et les rencontres avec les familles des disparus pour s’excuser. Certes, l’ambiance est pesante et les corps jonchent les rues mais on a du mal à ressortir une véritable émotion, et de fait à créer une empathie avec les personnages.

 

3,5/6

 

 

ZERIA – Belgique – 2021 - Harry Cleven

En Mondovision et en présence du réalisateur Harry Cleven

 

Pitch : Terre. 2056. Gaspard, 100 ans, écrit une lettre vidéo à son petit-fils né sur Mars, qu’il rêve de voir une dernière fois. Il s’y raconte, de son enfance à son crépuscule avec ses espoirs, ses peurs et ses amours…

 

Zeria est un drôle de spectacle à l’image de son concepteur, le Belge Harry Cleven à la fois acteur et réalisateur (Trouble, Mon Ange), un personnage atypique et sans doute un peu barje pour se lancer dans l’aventure. Comme il l’a expliqué en introduction, le film a coûté seulement 24 000 €, des fonds qu’il n’a pu utiliser à cause de l’épisode de Covid. Pendant cette période de confinement, il a peaufiné son script et a conçu des dizaines de marionnettes et de masques en prévision de la réouverture après la pandémie.

Film concept, Zeria est raconté à la première personne en l’occurrence Gaspard qui envoie une lettre testamentaire à son petit-fils qu’il ne connaît pas puisqu’il est né sur la planète Mars depuis que la Terre a périclité et que les survivants l’ont quitté, à l’exception du narrateur. Sans doute nourri par la vie d’Harry Cleven, le film dévoile une existence faite de drame (les horreurs de la guerre, le nazisme), les violences familiales, la découverte de la sexualité ou les rencontres amoureuses sous un manteau de poésie élégiaque proche dans la conception et l’esprit d’un Tim Burton.

Même s’il ne faut pas s’attendre à des grandes envolées, Cleven exploite à merveille les décors minimalistes en carton-pâte ainsi que les miniatures pour décrire un passé sombre (le film est entièrement en noir et blanc) et un présent de fin du monde. Sous un magnifique ciel composé de nuages laiteux, Zeria est une expérience assez déroutante, on s’habitue rapidement au mélange des marionnettes et d’humains recouverts de masques reproduisant de manière assez tristes les visages déformés par une sorte de douleur. Malgré une durée très courte (1h à peine sans le générique), le métrage possède une beauté visuelle indéniable et dégage une émotion rare de par les choix d’angle de caméras et instaure une véritable empathie pour ses personnages. Si tout n’est peut-être pas abouti (le manque de budget), Zeria réussit néanmoins le pari de la poésie au milieu du chaos et recèle de magnifiques moments de sensibilités au son de musique s’accordant parfaitement aux situations. Etrange donc mais inintéressant au final.

 

4/6

 

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