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7ème jour à l'Etrange festival

Samedi 16 septembre 2023

 

Avant-dernière journée à l’Etrange festival avec trois longs-métrages dans le sac. Deux coréens de 2023 pour commencer, le post-apo immersif et étonnant Concrete Utopia de Um Tae-Hwa, et le thriller technologique Don’t Buy The Seller de Park Hee-Kon basé sur les achats en ligne, avant de finir sur les agressions d’arachnides dans le français Vermines (il sortira au cinéma le 27 décembre prochain) de Sébastien Vanicek.

 

 

CONCRETE UTOPIA – Corée-du-Sud – 2023 – Um Tae-Hwa

En compétition

 

Pitch : Les survivants d’un immense tremblement de terre à Séoul s’organisent dans le seul immeuble resté debout. Chaque intrus doit être expulsé, même si au vu du froid glacial à l’extérieur, c’est la mort assurée.

 

Si Concrete Utopia débute comme un film catastrophe avec un immense tremblement de terre détruisant la ville de Séoul, ce n’est finalement pas le sujet du long-métrage. Quelques plans d’exposition suffiront et le spectateur de comprendre que les enjeux se situeront dans le seul immeuble du coin encore debout par miracle. A l’intérieur, un semblant de survie s’organise pour la nourriture et pour lutter contre le froid intense désormais installé. Concrete Utopia va encore plus loin dans son approche sociologique en se penchant sur le sort des habitants des autres grands ensembles immobiliers désireux de se sécuriser dans le bâtiment rescapé.

Très vite, la problématique de survivre prend le pas sur tout, et le film de se transformer en un post-apo au milieu de ce champ de ruine faisant émerger les caractères des personnages encore debout. Passé le choc du chaos, la vie s’organise et Yeong-tak (Lee Byung-hun, le héros de A Bittersweet Life) est nommé représentant officiel des résidents parce qu’il a pris le lead suite à un incendie au rez-de-chaussée. Avec lui, ce micro monde s’organise et la question de l’accueil ou non des résidents extérieurs se pose avec l’objectif de préserver les ressources. Au départ, on a l’impression que les habitants ont encore une forme de joie de vivre et sont encore sous le joug de l’insouciance. Chemin faisant, le ton se fait plus opaque et irise un récite aux enjeux beaucoup plus forts.

En effet, dès l’entame avec d’images d’actualités promotionnelles vantant les mérites de la construction de ces barres d’immeubles pour avoir une potentielle meilleure existence, le réalisateur impose une dimension politique à son histoire et renvoie dos à dos leurs concepteurs et les contradictions liées à l’émergence de communautés non fraternelles. Les habitants des autres immeubles sont ainsi vus comme des étrangers, des migrants dont l’accueil (ou le refus) devient un sujet principal et très actuel à bien des égards. La bienveillance disparaît progressivement et le film de se faire plus sec, violent et sans détour quant aux idées de fin du monde imaginé par plusieurs auteurs. Assassinats pour de la nourriture ou cannibalisme sont bien présents sans jamais appuyer de façon artificielle mais toujours sous un prisme crédible.

Grâce à quelques flashbacks, les origines et les destins de certains personnages principaux enrichissent le récit et les développent dans cette société qui n’est pas sans rappeler celle du roman I.G.H. de J.G. Ballard notamment sur la dérive des comportements des résidents commençant à chasser les intrus, à se replier sur eux-mêmes et recréer une forme de tyrannie heureuse. Au final, Concrete Utopia émarge dans la catégorie des bonnes surprises du fait d’un scénario ultra charpenté, d’une mise en scène au service de personnages perdus entre la peur et le besoin de survivre à tout prix, relançant régulièrement ses thématiques par le biais de quelques sorties extérieures pour la recherche de subsistance à l’extérieur du bâtiment et par l’évolution de ses héros, en particulier le formidable Lee Byung-hun toujours aussi flippant.

 

5/6

 

 

DON’T BUY THE SELLER – Corée-du-Sud – 2023 – Park Hee-Kon

 

En compétition

 

Pitch : Soo-hyun achète sur internet une machine à laver d’occasion à un prix défiant toute concurrence. Et pour cause, elle est en panne. Mais en plus d’être un arnaqueur de génie, le vendeur est aussi un psychopathe.

 

Don’t Buy The Seller n’est pas si éloigné du film précédent dans la mesure où les deux entretiennent une démarche imminemment politique afin de dénoncer les travers de nos sociétés capitalistes (déjà prégnant dans Concrete Utopia). Park Hee-Kon s’attaque en particulier au fléau des téléphones portables devenus des objets incontournables de nos vies (comme indiqué lors de la présentation, en Corée-du-Sud c’est une catastrophe nationale revendiquée) et à l’origine, dans ce pays, d’arnaques financières à cause d’achats compulsifs grâce à la facilité des échanges de paiement sans sécurisation, et de fait, de se faire voler ses données personnelles en les communiquant avec une facilité déconcertante.

Sorti fin août dans les cinémas du pays du matin calme, Don’t Buy The Seller (connu également sous le nom de Target) s’est hissé très vite en haut du box-office local, sans doute parce qu’il explore les affres de la société actuelle et se transforme en thriller haletant aux accents brutaux, par moment proche de l’incontournable J’ai Rencontré Le Diable surtout dans l’impressionnante ultime bobine avec course-poursuite en voiture et baston violente. Comme souvent, la tonalité initiale est assez enjouée et flirte avec la rom-com savoureuse, mais le climat se teinte irrémédiablement des couleurs du drame sanglant avec les méfaits d’un serial-killer d’un nouveau genre recherchant ses futures victimes grâce à des annonces d’achat en ligne.

C’est le sort réservé à Soo Hyun (Hae Sun Shin) désireuse de remplacer son lave-linge en panne à petit prix. Elle mise alors sur une annonce mais le vendeur ne se révèlera pas le bon et surtout elle récupère un appareil défectueux. La police étant impuissante, elle décide de mener sa propre enquête et retrouve l’arnaqueur pour le dénoncer afin de prévenir les autres acheteurs. Sauf que le psychopathe ne l’entend pas de cette oreille et va lui pourrir la vie, tout d’abord en piratant son compte (il lui fait commander plusieurs repas en livraison en même temps) et par la suite en l’agressant régulièrement. La tension monte crescendo et le tueur se fait de plus en plus pressant en prenant littéralement le contrôle de sa vie par le biais des appareils connectés dans son appartement désormais sous surveillance.

La police s’y intéresse réellement quand la situation dégénère (un corps est retrouvé) et le souffle du psychopathe se rapproche de Soo Hyun. Sans effet superflu et avec maestria, le réalisateur déploie une intrigue solide et un casting investi, même si on reste surpris par les méthodes de la police spécialiste en cybercriminalité (là aussi sans doute un pamphlet contre le système) et son incapacité à s’attaquer au problème. La dernière partie s’avère plus violente et confronte les différents protagonistes pour une assaut final ultra véner, avec toujours en filigrane la question (non résolue évidemment) de la surutilisation des téléphones portables de plus en plus régisseurs de nos vies.

 

4,5/6

 

 

VERMINES – France – 2023 – Sébastien Vanicek

En présence de l’équipe du film

 

Pitch : Petit magouilleur, accessoirement amoureux d’espèces rares, Kareb est fier de sa nouvelle acquisition : une belle araignée. Il ignore qu’elle appartient à une espèce des plus dangereuses qui grossit à mesure qu’elle se reproduit... à toute vitesse. Elle s’échappe de sa boîte. L’invasion peut commencer.

 

C’était l’effervescence dans la salle 500 en ce début de soirée avec la présence de toute l’équipe de Vermines accompagnée de leurs amis ayant très bruyamment applaudis à la fin de la projection. Normal, et pas complètement immérité pour une petite série B française d’horreur, même si le film n’est pas exempt de tout reproche, loin s’en faut. Mais pour un premier long-métrage, force est constater que le film possède de sérieux atouts visuels et une écriture reprenant à son compte les plus grands succès du genre, de Gremlins (pour l’achat de l’araignée dans une arrière-boutique) ou Arachnophobia pour la partie située dans l’immeuble.

Au rayon des réussites, la première séquence localisée dans un désert nord-africain afin de récupérer des spécimens d’araignées dangereuses. Une entame parfaitement maîtrisée donnant le ton de la suite, bien que le film reste gangréné par son contexte social de "film de cités" avec tous les clichés inhérents au genre (les dialogues sont par instant insupportables) en suivant au plus une bande de joyeux lurons embarqués dans un rollcoaster tragique. On aurait sans doute aimé un peu plus de finesse, notamment la représentation de la police, forcément méchante et empêchant les protagonistes de s’enfuir, et des personnages plutôt antipathiques à l’instar de Caleb (Théo Christine, Suprêmes) ayant reconstitué un vivarium dans sa chambre et ramené le spécimen d’araignée particulièrement agressif.

Quand elle s’échappe, elle se reproduit de façon exponentielle avec des créatures de plus en plus énormes (on dirait des émules d’Alien pour les plus grosses) dont leur seul objectif serait de prendre le contrôle de l’immeuble transformé en un huis-clos infernal nous renvoyant au récent La Tour de Guillaume Nicloux. Arachnophobes s’abstenir car le réalisateur n’est pas avare pour montrer ses agresseurs sur pattes velues grâce à des SFX spectaculaires dont on a du mal à distinguer les bestioles réelles du numérique) tyrannisant les résidents. Les toiles d’araignées envahissent alors les couloirs et les appartements au grand dam des locataires dont un bon nombre finira ad patres dans d’atroces douleurs. Ces moments violents et horrifiques sont assez réussis même si certaines séquences d’action sont parfois illisibles, y compris des dialogues inaudibles parmi un casting disparate dont l’aspect comique est entretenu par le personnage de Mathys (Jérôme Niel, Les Tutos). Au final, Vermines s’avère efficace en terme de rythme et d’épouvante avec agression animale (la séquence du parking), dommage qu’il souffre des scories d’un certain cinéma français. Pourtant, saluons encore une fois cet essai de cinéma de genre dans un hexagone dont le souffle à l’écran semble de plus en plus en putride pour notre plus grand bonheur.

 

3,5/6

 

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