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3ème jour au PIFFF 2023

Samedi pluvieux et frisquet avec deux longs-métrages pour se réchauffer les esgourdes. Commençons par la comédie surnaturelle japonaise très réussie En Boucle de Junta Yamaguchi, et de conclure avec une émission de télévision qui part en live de manière horrifique avec Late Night With The Devil (Australie/Émirats Arabes Unis, 2023) de Cameron et Colin Cairnes.

 

 

 

EN BOUCLE – Japon – 2023 - Junta Yamaguchi

En compétition

 

Pitch : Quelques flocons de neige tombent sur le coquet hôtel Fujiya, dans le village de Kibune. Pas le temps de s’arrêter sur cette splendeur bucolique : le personnel et les hôtes tentent de s’extraire de la boucle temporelle de deux minutes dans laquelle ils sont coincés.

 

Et si le Japon était réellement sujet à une boucle temporelle ? Une question qu’on pourrait se poser tant ces dernières années, le pays du soleil levant produit depuis ces dernières années des longs-métrages axés sur la distorsion du temps et la répétition des événements. On se souvient d’avoir vu récemment Comme Un Lundi (2022) du Japonais Ryo Takebayashi avec des employés de bureau coincés dans leur quotidien répétitif. Et c’était déjà le cas du réalisateur Junta Yamaguchi avec son œuvre précédente Beyond the Infinite Two Minutes au pitch quasiment similaire à En Boucle (River pour la version internationale), en l’occurrence un retour en arrière de deux minutes toutes les deux minutes. Pas facile d’organiser quelque chose en si peu de temps. C’est pourtant le pari fou et réussi des personnages de Junta Yamaguchi.

Encore une fois, le cinéaste nous refait le coup et nous bluffe avec son script redondant où les employés d’un hôtel et des clients sont confrontés à l’irrationnel dans un délire digne d’un vaudeville où les portes claquent et les protagonistes un peu perdus courent dans tous les sens. Bref, avec très peu de moyens mais grâce à un scénario et une mise en scène inventives, Yamaguchi parvient à raconter une histoire solide sans redite et avec un enthousiasme communicatif à l’instar de ses personnages hauts en couleur s’organisant à chaque fois en deux minutes chrono afin de se sortir de ce piège temporel. Et il en faut du courage pour expliquer à tout le monde une situation plutôt incongrue génératrice d’une comédie bonne enfant et source de conflits.

L’humour est ainsi très plaisant dans En Boucle grâce à une écriture ciselée et des personnages bien campés à l’image de cet écrivain de série journalière finalement très heureux de rester bloqué dans la mesure où il est à court d’inspiration, ou de l’employée de l’hôtel sur laquelle le film revient à chaque retour en arrière, amoureuse du cuisinier et bien décidée à profiter de la situation pour l’empêcher de partir étudier la cuisine en France pendant plusieurs années. De fait, même en si peu de temps, le réalisateur parvient à construire une histoire cohérente et à développer le caractère de ses personnages à l’ingéniosité exacerbée pour s’organiser et comprendre l’origine de cette nouvelle disposition. Si vous ajoutez à cela une mise en image toute en vivacité tournée quasiment en plan séquence et caméra à l’épaule, tout en réussissant à présenter une dizaine de protagonistes avec une maestria de la gestion du temps et de l’espace, vous obtenez un film vif et très drôle qui ne néglige pas la forme. Chapeau l’artiste.

 

4,5/6

 

 

Late Night With The Devil – Australie/Émirats Arabes Unis – 2023 - Cameron et Colin Cairnes

Pitch : Jack Delroy cherche désespérément le petit quelque chose qui manque à son émission de divertissement pour dépasser la concurrence. Le soir d’Halloween, les segments se succèdent et l’ambiance commence sérieusement à déraper sur le plateau, en plein direct.

 

Avec ce troisième long-métrage, les frères Cairnes (après 100 Bloody Acres et Scare Campain) continuent leur petit bonhomme de chemin dans le fantastique avec Late Night With The Devil, sorte de mélange entre le faux documentaire et le found footage sur une émission de télévision, un tonight show comme il en pullule aux Etats-Unis, en perte de vitesse située à la fin des années 70. Après une présentation dès l’entame à l’aide d’une voix-off pour caractériser les personnages et en particulier l’histoire de son présentateur vedette Jack Delroy (David Dastmalchian), le film se présente comme les images retrouvées de l’émission qui aurait choqué toute la nation américaine. Consacrée à la nuit d’Halloween avec la présence de médium et de spirites, la soirée tourne rapidement au cauchemar lorsque le facétieux mage Christou se met à convulser et régurgiter à gros bouillon un liquide noirâtre.

En choisissant ce monument de la télévision US, les deux réalisateurs se permettent de transgresser les codes du genre en faisant dégénérer la situation sans qu’on sache très bien au début si tout est préparé ou non. Certes, l’entame est classique à ce type de show très écrit notamment les blagues pour faire rire le public facilement. Il permet surtout de mettre en lumière le personnage principal, un présentateur dont l’émission ne fait pas assez d’audience, acculé pour resigner son contrat et capable de mettre en scène sa femme en phase terminale pour regagner la sympathie des gens. Bref, un habitué des trucages bien vite débordé par les événements incontrôlés autour de lui. En l’occurrence la prestation d’une parapsychologue June Ross-Mitchell (Laura Gordon) et de sa jeune protégée Lilly présentée comme possédée par une entité maléfique (Ingrid Torelli) et seule survivante d’un massacre dans une secte satanique.

Filmé en 4/3 comme à l’époque de la télévision, le métrage se double d’une bonne idée avec les séquences off pendant les coupures publicitaires shootée en noir et blanc afin de montrer les coulisses du show. A ce moment-là, on comprend que tout n’est pas si fake comme tente de le démontrer Carmichael Hunt (Ian Bliss) un invité adepte des dénonciations de canulars en organisant un tour de passe-passe avec une hypnose plus que réaliste. C’est surtout le passage de Lilly qui va transformer le plateau en théâtre de l’horreur. La jeune fille placée en transe par June Ross-Mitchell fait ressortir un démon avec visage scarifié et voix d’outre-tombe à la clé. A cet instant, les assistants de l’émission et les spectateurs comprennent que l’irrationnel s’est insinué sur le plateau.

On saluera la parfaite reconstitution des Seventies, l’humour décalé de la situation (en particulier les mimiques de la jeune Lilly face aux caméras) et la prestation magistrale de David Dastmalchian (Suicide Squad, The Boogeyman) qui, de petit rôle en petit rôle, fait de plus en plus parler de lui et va certainement prendre une place prépondérante à Hollywood, dans ce film très original sur la forme mais finalement très conventionnel sur le fond avec une possession très proche du faciès de L’Exorciste, surtout dans l’ultime bobine gore qu’on avait finalement vu à des kilomètres. Dommage, mais hormis ce défaut, Late Night With The Devil se laisse apprécier à sa juste valeur de divertissement.

 

4/6

 

 

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