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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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2ème jour au PIFFF

Pour cette deuxième journée, direction les rues caniculaires et horrifiques de Madrid dans The Elderly (2022) des Espagnols Raul Cerezo et Fernando Gónzález Gómez, avant de terminer avec le poétique en provenance des US, Linoleum (2022) de Colin West.

 

 

THE ELDERLY – Espagne – 2022 - Raul Cerezo et Fernando Gónzález Gómez

En compétition

 

Pitch : La canicule étouffe Madrid chaque jour un peu plus. Après le suicide de sa femme, le vieux Manuel est recueilli par son fils et sa compagne pas franchement rassurée. Manuel, comme tout le troisième âge madrilène, semble perdre la boule.

 

Ces derniers temps, les personnes âgées ont la peau dure et sont pour le moins agressives dans quelques productions récentes comme The Abuela de Paco Plaza, Old People d’Andy Fetscher ou encore le succès X de Ty West. The Elderly (Viejos en vo) apporte sa pierre à l’édifice avec cette production Filmax dont les héros malheureux sont de vieilles personnes au destin suicidaire voire violent dans la ville de Madrid. C’est notamment le cas de la femme de Manuel (Zorion Eguileor, The Plateform) qui décide dès l’entame de se défenestrer. Depuis, Manuel semble perdre la boule et entendre des voix. Son fils Mario (Gustavo Salmerón, L’Emprise du Mal) l’accueille chez lui au grand dam de sa femme enceinte et de sa fille perturbée par des visions de sa grand-mère disparue.

Si vous ajoutez à cela une canicule proche de l’Enfer avec des températures grimpant inexorablement pour dépasser les 50° Celsius, vous comprenez que l’atmosphère du film soit implacablement lourde confinant à une terreur sourde. Certes, il faut un peu s’accrocher dans la première moitié du film prenant son temps, à l’instar des personnages englués dans cette moiteur inhospitalière et du comportement de plus en plus troublant de leurs voisins du troisième âge au caractère acariâtre et peu engageantes. Progressivement, les deux réalisateurs instaurent une ambiance de fin du monde bienvenue entre apparitions fantomatiques et un mystère de plus en plus prégnant, au moyen d’une mise en scène plus alerte alternant les différentes situations comme pour montrer l’évolution et la dégradation de l’intrigue.

Au-delà de sa réflexion sur la mort et le sort des personnes âgées, The Elderly prend des tournures plus horrifiques et même sanglantes dans la dernière bobine au moment où le grand-père pratique sur lui-même une petite opération chirurgicale, le début des ennuis pour la petite famille ou tous ceux qui croisent ses congénères définitivement à l’ouest d’un point de vue humeur. L’image se teinte ainsi de couleurs vives, les plans s’accélèrent et la tension monte crescendo au rythme d’un orage imminent libérateur d’une fureur irrépressible. Ces dernières minutes enserrent le spectateur dans ces convictions et convoquent le sang, le trouble et la science-fiction lors d’une ultime image de toute beauté, renvoyant nos certitudes à la poubelle mais nous laissant en joie face à ce dénouement qui, bonne nouvelle, ne cherche pas à tout expliquer. Etrange et pesant mais réflexif au final.

 

4/6

 

 

LINOLEUM – USA – 2022 – Colin West

En compétition

 

Pitch : Son émission de vulgarisation scientifique est en passe d’être ringardisée, sa femme ne sait trop comment lui demander le divorce, la vie de Cameron Edwin lui échappe peu à peu. La construction d’une fusée dans son garage pourrait lui sauver la mise.

 

Il y a une chose dont Richard Kelly peut se targuer, c’est d’avoir engendré le maître-étalon du film un peu bizarre de SF avec Donny Darko. Une référence absolue à laquelle Linoleum de Colin West (Double Walker) renvoie immanquablement. Ne serait que pour sa scène d’ouverture voyant une voiture tombée du ciel sous les yeux éberlués de Cameron (Jim Gaffigan, Above The Shadows) de retour de son travail en vélo. Une séquence d’ouverture qui donne le ton d’un film doux-amer à la nostalgie affichée comme étendard. En ouverture de la séance, on nous apprend que Colin West a fortement été influencé par le travail de Darren Aronofsky et en particulier de son long-métrage Pi. Ce mélange des références accouche d’une œuvre à la fois poétique et décalée sur le temps qui passe, le non aboutissement des rêves et la vieillesse.

Avec ce fardeau lourd à porter, le réalisateur-scénario s’inspire de sa propre existence et de sa jeunesse où il voyait des émissions scientifiques à destination des enfants dans le poste de télévision. Parce qu’ici tous les protagonistes sont un peu des losers congénitaux, travaillant pour vivre dans des métiers qu’ils n’ont pas réellement choisis à l’instar de Erin (Rhea Seehorn, Better Call Saul) la femme de Cameron ingénieur diplômée et sous-employée. Ce dernier confectionne avec amour et humour une émission de vulgarisation de la science pour marmots reléguée tard dans la nuit. De plus, son rendez-vous hebdomadaire est repris par son nouveau voisin, un ancien astronaute avec une voiture de sport. Rien ne semble donc tourner rond dans cette petite banlieue américaine où tous les personnages ont la fâcheuse tendance à être rejetés.

Sur le ton délicat du teen-movie et de la comédie dramatique par moment un peu absurde à la Michel Gondry, Colin West construit son long-métrage tout en douceur avec des personnages à la fois empathiques et désabusés, sous le regard et l’apparition régulière d’une femme comme pour signaler que quelque chose ne tourne pas rond. Mais à l’image de Cameron incapable de construire une fusée pour s’envoler dans l’espace grâce à une capsule Apollo tombée dans son jardin ( !), Linoleum ne décolle jamais vraiment, englué dans ses sentiments refoulés et un script confus qui se la joue plus malin dans le climax afin de nous expliquer que les vessies sont des lanternes. Un procédé classique mais casse-gueule et pas complétement maîtrisé, les temporalités et les personnages se mélangeant sans réelle symbiose, même si le film abonde de fraîcheur et de quelques séquences ou répliques bien senties. Un long-métrage assez subtil et sans ironie mais dont la présence en compétition laisse néanmoins dubitatif.

 

3,5/6

 

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