6e jour au PIFFF et palmarès 2024
Dernière journée au PIFFF 2024 avec deux longs-métrages au programme, le drame d’anticipation très réussi The Assessment (2024) de Fleur Fortuné et le documentaire très étrange sur le lien entre un crime et les rites sataniques The Last Sacrifice (2024) de Rupert Russell.
A l’année prochaine !
Roggy.
En compétition
Pitch : Dans un monde futur détruit par le changement climatique, un couple doit passer une évaluation avant d’être autorisé à avoir un enfant.
Pour son premier long-métrage, Fleur Fortuné (à la base avec son acolyte Manu elle réalise des clips vidéo et des spots publicitaires) frappe fort avec un scénario maîtrisé et un casting trois étoiles. Elle dépeint un monde futur où la vie humaine aurait été réduite (même les animaux de compagnie ont été éradiqués) suite à un bouleversement climatique intense obligeant les survivants (pour les plus chanceux d’entre eux) à vivre loin de ces conditions apocalyptiques. Néanmoins, ce point de départ n’est pas le sujet du film, il est le décor d’un affrontement entre un couple en quête d’enfant et d’une évaluatrice qui va loger chez eux pendant sept jours afin de décider s’ils sont dignes et capables de devenir parents dans ce monde nouveau.
Aaryan (Himesh Patel, Greedy People) et Mia (Elisabeth Olsen, la série Wandavision) accueillent dans leur demeure futuriste située sur une île volcanique Virginia (Alicia Vikander, Ex Machina) afin d’être évalués par la jeune femme avec l’objectif d’accueillir un enfant dans ce monde où les naissances sont limitées pour préserver les ressources, ou bien pour contrôler une population sous le joug d’une sorte de dictature qui ne dit pas son nom, une thématique abordée en filigrane au milieu d’un combat psychologique entre le couple et Virginia qui, le lendemain matin de son arrivée, adopte les codes et l’attitude d’une fillette afin de confronter Aaryan et Mia aux frasques d’une enfant. Et l’invitée de jouer la peste afin de tester ces potentiels parents. Si l’homme, par ailleurs concepteur d’animaux compagnie en réalité virtuelle pour pallier au manque, accepte la situation, sa femme ne supporte pas Virginia et sa posture la poussant dans ses retranchements.
Dans ce monde un peu absurde mais très crédible, on se laisse guider par un quotidien de jeunes parents qui aurait récupéré une enfant dans le corps d’une adulte et d’observer l’affrontement psychologique entre deux actrices formidables sublimant le scénario et les péripéties mises sur leur chemin, à la fois gênante par l’omniprésence de cette intruse imposée et les ressentiments sur la vie de couple exacerbés par ce nouveau trio. Bien charpenté, le script se pare d’une réflexion sur l’absurdité de la situation, de cet univers où même la procréation est surveillée et les ressources alimentaires limitées (Mia est une botaniste cherchant à nourrir la planète) et nous renvoie à The Pod Generation de Sophie Barthes, mais The Assessment possède une plus grande profondeur et une écriture beaucoup plus aboutie permettant au casting de donner son meilleur. Une très belle découverte.
4,5/6
THE LAST SACRIFICE – Royaume-Uni – 2024 - Rupert Russell
Hors compétition
Pitch : En 1945, Charles Walton a été assassiné dans le Warwickshire, en Angleterre. À ce jour, le crime n’a toujours pas été élucidé, bien que certains pensent qu’il s’agit d’un acte de sorcellerie. Une affaire énigmatique, et le sujet de ce documentaire qui examine à la fois ses détails bizarres, son contexte, ainsi que l’influence qu’il a eue sur The Wicker Man et sur le genre de l’horreur folklorique.
Dernier film pour ma part avec ce documentaire de Rupert Russell (il est l’auteur d’autres œuvres documentaires) qui n’est autre que le fils du cinéaste Ken Russell (on comprend mieux ses influences) et prend comme point de départ le meurtre d’un ouvrier agricole Charles Walton en 1945. Son corps est un petit village de la campagne anglaise Lower Quinton. Il a été battu à mort avec en guise de cadeau d’adieu une fourche enfoncée dans le cou. Ce fait divers est la source de The Last Sacrifice car cet assassinat défraya la chronique à l’époque entre les journaux et les meilleurs spécialistes dépêchés sur place, en particulier l’un des plus célèbres détectives de Scotland Yard, et une vieille fameuse professeure de sorcellerie, mais personne à ce jour n’a élucidé l’affaire.
A l’aide du montage d’images d’archives, de reportages télé notamment de la BBC, de témoignages de professeurs et de journalistes et surtout d’extraits de films d’horreur, Rupert Russell élabore des théories sur l’identité du tueur et ses motivations en montrant en particulier l’étrangeté et la non collaboration des 493 habitants de ce patelin perdu faisant ressortir des rumeurs de sorcellerie prégnantes. Ce postulat lui permet d’expliquer également et de développer dans une grande partie du film que l’affaire Walton a généré une foultitude de films d’horreur entre les années 1960 et 1970 et est à l’origine de la folk horror britannique avec comme fer de lance de cette mouvance de The Wicker Man de Robin Hardy en 1973. D’autant plus que dans l’histoire officielle, le célèbre détective Robert Fabian se rend sur place à l’image du policier dans le film et se retrouve confronter à la question lancinante de la sorcellerie. Sans doute que les scénaristes ont pris cette histoire comme référence à l’instar d’autres affaires générant d’autres films autour de la sorcellerie.
Un autre pan du documentaire revient sur la popularité de l’occultisme dans l’Angleterre de cette époque où les jeunes se passionnent pour des vrais-faux docs ou des livres sur le sujet et de se lancer dans des rassemblements orgiaques ou des gourous patentés les initiaient afin de les transformer en sorciers. Selon les estimations, il y aurait eu des milliers d’adeptes formés dans des espèces de cercles ou plus précisément des sectes où tout le monde pratiquait des rondes et des messes noires totalement nus et sans doute plus. Un phénomène presque social touchant une société en crise et en pleine mutation prête à entendre l’indicible cornaquée par des personnages très bizarres et en relation soi-disant avec l’au-delà mais toujours en dessapant leurs jeunes invités. Si le film a tendance un peu à s’égarer par moment et à revenir un peu sur lui-même, il demeure assez fascinant sur le fond et la forme. Je vous conseille de regarder l’épilogue très rapide mais hilarant.
4/6
Palmarès PIFFF 2024 :
Œil d’Or Long-Métrage International : U ARE THE UNIVERSE de Pavlo Ostrikov
Prix Ciné+Frisson Long-Métrage : U ARE THE UNIVERSE de Pavlo Ostrikov
Œil d’Or Court-Métrage Français :
Prix du Jury Ciné + Frisson : FLUSH de Raphaël Treiner
Prix du Jury : PRENDS CHAIR de Armin Assadipour
Œil d’Or Court-Métrage International :
Prix du Jury : MEAT PUPPET de Eros Vlahos
Prix du Jury Shadowz : ATOM & VOID de Gonçalo Almeida
GRAND PRIX CLIMAX du meilleur scénario de genre 2024
GRÈVE DE LA FIN de Rafael Bekhouche
Écrire commentaire