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3e jour au PIFFF 2024

La pluie s’est invitée en ce samedi de festival, mais ne nous a pas empêcher de profiter de trois longs-métrages. Avec pour débuter la comédie surnaturelle taïwanaise Dead Talents Society (2024) de John Hsu, la séance culte avec l’indémodable Demolition Man (1993) de Marco Brambilla et de conclure avec l’immersif et fabuleux U Are the Universe (2024) de l’Ukrainien Pavlo Ostrikov

 

Dead Talents Society – Taïwan – 2024 - John Hsu

En compétition

 

Pitch : Une jeune fantôme reçoit un ultimatum de la part de sa communauté : si, d’ici un mois, elle ne parvient pas à attirer l’attention des vivants à l’aide d’une démonstration spectaculaire d’activité paranormale, elle disparaîtra à jamais de l’au-delà.

 

Si on devait retenir quelque-chose du film de John Hsu c’est son idée de départ : la vie des fantômes qui luttent entre eux pour être les plus effrayants possibles et obtenir des prix à l’instar de la cérémonie des Oscars. Après une audition, les plus doués reçoivent une carte officielle leur délivrant la possibilité d’hanter les vivants avec généralement un concept bien précis pour faire peur. Sinon, certains d’entre eux comme Camilla (Bai Bai) sont voués à disparaître dans la mesure où sa famille commence à moins penser à elle et à la vénérer. Du coup, elle cherche à devenir une « effrayante » officielle et passe un casting.

Version asiatique de Beetlejuice, Dead Talents Society est une grosse comédie où on suit un groupe de fantômes prêt à tout pour aider Camilla à atteindre son rêve ultime dans l’au-delà face à la rivalité de deux stars de la peur qui ne cessent de s’affronter pour savoir qui est la meilleure, sous les yeux des caméras et d’une télé-poubelle (comme dans la réalité) cherchant à tout prix à faire le buzz et à exister. Soyons franc, même si je n’ai jamais souri, le long-métrage est bourré d’énergie et d’un humour bon enfant accompagné d’une musique à la Emir Kusturisa avec plus ou moins de réussite et certaines scènes de comédie loufoques ressortent du lot.

Malheureusement, Dead Talents Society fait partie de cette engeance de bobine hystérique dont votre serviteur ne peut plus supporter sur la durée (à l’instar du film d’ouverture) où l’ensemble des protagonistes hurlent dans tous les coins pendant deux bonnes heures comme si on était dans un manga live. D’autant plus que passer son concept de base, certes original, le film se pare d’une deuxième partie très sirupeuse et mièvre afin de représenter la question de l’oubli, la solitude et le deuil des familles renvoyant les spectres à leur condition éthérée. Le film se double surtout d’un énorme bide mou avant de basculer sur un climax pétaradant et criant sans doute apprécié par les uns et pour les autres, bouchez-vous les oreilles.

 

3/6

 

 

DEMOLITION MAN – USA – 1993 - Marco Brambilla

Séance culte

 

Pitch : En 2032, à San Angeles, une mégapole californienne où toute violence a été éradiquée, Simon Phoenix, un tueur psychopathe condamné à une longue peine d’hibernation et de rééducation, profite d’une visite médicale pour s’évader. Seul recours pour le neutraliser : réanimer son ennemi de toujours, John Spartan, un policier surnommé « Demolition Man », cryogénisé à titre de punition pour homicide par imprudence en 1996.

 

Quel bonheur de revoir Demolition Man sur grand écran (et en 35 millimètres) dans la grande salle du Max Linder et se rendre compte que le film de Marco Brambilla n’a pas bougé et s’avère même plus sympathique que dans mon souvenir. En particulier parce qu’il respecte son univers science-fictionnel, la séquence d’ouverture est ainsi dantesque. En plus de poser les bases du récit, elle envoie nos chers John Spartan (Sylvester Stallone), le flic aux méthodes musclées radicales et à la destruction facile et son meilleur ennemi Simon Phoenix (Wesley Snipes), la caricature du méchant sanguinaires en cryogénisation express suite à une condamnation. Réveillés en 2032, les deux protagonistes se font face à nouveau pour notre plus grand bonheur.

Produit par Joel Silver, Demolition Man ne fait pas dans la dentelle et reste une œuvre bourrine et un peu débile mais sous ses airs d’actionner décérébré, le film possède une véritable énergie et une générosité débordante (les décors, les costumes et le nombre de figurants sont impressionnants, on parle d’un budget qui aurait atteint les 100 millions de dollars). Les scènes d’actions sont ainsi bien shootées et finalement pas si nombreuses, le reste du métrage jouant surtout sur les différences entre le monde des années 90 et 2030, source de gags régressifs et par instants d’un humour très proche de nos préoccupations actuelles quant aux questions liées à la culture et au genre.

A la revoyure, Demolition Man tient bien la rampe grâce à un Stallone au sommet de sa gloire et un Wesley Snipes rigolard et moins cabotin que dans mon souvenir. Leur couple de cinéma fonctionne du tonnerre. Face à ce duo explosif, Sandra Bullock interprète la fliquette de service (elle est fan des années 90 et de John Spartan) dans ce monde aseptisé où la violence a disparu. On rit avec eux des différences entre les époques (chaque juron entraîne une pénalité, les coquillages dans les toilettes, les références à la pop-culture) notamment la pique lancée à Schwarzenegger ou la scène de sexe virtuel. Demolition Man reste un bon condensé de ces longs-métrages des années 90 avec des stars, du budget et une générosité sans frein. Jouissif.

 

4/6

 

U ARE THE UNIVERSE – Ukraine – 2024 - Pavlo Ostrikov

En compétition

 

Pitch : Dans un futur proche, Andriy Melnyk est un camionneur de l’espace qui transporte des déchets nucléaires à bord de son vaisseau vers Callisto, la lune abandonnée de Jupiter. Au cours d’un vol de routine, la Terre explose soudainement, mais Andriy parvient à survivre. Cet accident fera de lui le dernier habitant de l’univers. À moins que…

 

Attention petit bijou de poésie et de mélancolie avec ce petit film ukrainien sorti de nulle part (et une gestation de 7 ans comme évoqué par son réalisateur dans une pastille vidéo en préambule). U Are The Universe pointe le bout de sa station-spatiale sans prétention et nous touche au cœur avec une acuité profonde. La réussite provient sans conteste de son réalisateur dont la caméra s’immisce dans les méandres de la station dans ce huis-clos jamais ennuyeux au milieu d’un océan d’étoiles, et d’un scénario inventif pour nous faire croire à la situation de base (la destruction de la Terre) et à la vie banale de l’astronaute Andriy Melnyk (Volodymyr Kravchuk), un transporteur de déchets nucléaires, dont la vie bascule quand il se rend compte qu’il est le dernier représentant de l’humanité.

Dans son périple sans fin autour de Jupiter, il est accompagné d’un robot à tout faire (et même à sortir des blagues) comme HAL dans 2001, L’Odyssée de l’Espace. D’ailleurs, cette référence est prégnante et apparaît lors d’une autre séquence sans jamais chercher à plagier ce monument de SF. La grande force du film tient de fait à son acteur principal vraiment parfait dans son rôle de bougon solitaire et son rapport contrasté avec son robot. Son quotidien est alors percuté (en plus des restes de la Terre) par un message envoyé par une femme météorologiste oubliée dans sa station près de Saturne. Commence alors un dialogue par radio interposé entre les deux derniers représentants de l’humanité.

Avec délicatesse et un humour bienvenu (malgré la situation le film n’est pas plombant), Pavlo Ostrikov parvient à donner une consistance à cette relation à distance à la manière de Her et crée une véritable empathie dans ce monde dénué désormais de tout. Il est aidé par des effets visuels de toute beauté pour une petite production, même si certaines séquences sont improbables. Peu importe, tout s’enchaîne avec une facilité déconcertante jusqu’à une dernière bobine encore plus merveilleuse et élégiaque convoquant la poésie avec subtilité au son d’une chanson française pop bien connue mais réinterprétée avec justesse, et de faire monter en nous les larmes. D’autant quand on sait que le directeur artistique est mort à la guerre contre les Russes et que l’acteur principal est actuellement au front, le propos de U Are The Universe résonne encore plus fort. Une bonne petite claque en somme.

 

5/6

 

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