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6e jour à l'Etrange festival

Journée asiatique à l’Etrange festival avec le très étrange La Vengeance de la Sirène (1984) de Toshiharu Ikeda qui tourne au rouge-sang dans sa dernière partie, et le magnifique coup de poing horrifique Exhuma (2024) du Coréen Jang Jae-hyeon.

 

 

LA VENGEANCE DE LA SIRENE – Japon – 1984 – Toshiharu Ikeda

Pépites de l’Etrange

Pitch : Un pêcheur témoin de malversations d’industriels est assassiné. Folle de douleur, Migawa, son épouse pêcheuse de perles, n’a désormais qu’un seul objectif : les tuer tous, un à un.

Toshiharu Ikeda n’est sans doute pas le réalisateur japonais le plus connu chez nous à l’exception de son trash Evil Dead Trap. Il commença sa carrière à la Nikkatsu avec des films érotiques avant de se faire virer, de prendre son indépendance et de partir sur des chemins de traverse (Sex Hunter, Angel Guts : Red Porno). Nouveau changement de cap avec La Vengeance de la Sirène, une sorte de revenge movie politique, érotique et sanglant.
Le réalisateur prendra le temps de développer le récit du quotidien d’un couple de pécheurs dont la femme Migiwa (Mari Shirato) plonge dans l’océan afin de récolter des crustacés. Accompagnées par la très belle musique de Toshiyuki Honda dont les notes reviendront régulièrement, les déambulations de la jeune femme dans l’eau sont particulièrement belles et bucoliques. Elles ne préfigurent en rien la suite du métrage au moment où son mari se fait assassiner sous ses yeux parce qu’il a vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû.
Dans sa première partie, La Vengeance de la Sirène s’apparente à un drame et même à une enquête politique en découvrant l’origine des malversations conduisant à la mort de l’homme et Migiwa obligée de se cacher dans un petit hôtel avec bar à hôtesses. Une fois remise sur pieds, la jeune veuve se met en quête des commanditaires de l’assassinat et remonte la piste en n’hésitant pas à donner de son corps pour arriver à ses fins. Ces moments-là s’avèrent assez lents et perdent en intensité comme si on ne comprenait où vous en venir le réalisateur.
En réalité, il faut accepter cette langueur pour mieux admettre et recevoir la dernière partie du film symbolisée par le meurtre d’un Yakuza par Migiwa lors d’un ébat torride. Elle bascule dans la vengeance sanglante à l’image du film qui, lors de son ultime envolée, envoie notre sirène embrochée des dizaines de convives d’une soirée à l’aide d’un trident. Ikeda ne s’embarrasse pas de réalisme et livre un épilogue à la fois onirique et sanguinolent où les geysers de sang inondent l’écran et les murs de manière outrancière. Peut-être Migiwa est-elle devenue une véritable sirène au point de maîtriser les éléments et déclencher une tempête face à la police venue l’arrêter. Une dernière ligne droite des plus mémorables.

4/6


EXHUMA – Corée-du-Sud – 2024 – Jang Jae-hyeon

En compétition

 

Pitch : Deux jeunes chamans sont appelés par une riche famille coréenne expatriée aux États-unis, inquiète du comportement anormal de leur bébé, qu’ils reconnaissent vite comme une malédiction ancestrale. Lorsqu’ils sollicitent l’aide d’un géomancien, leurs pas les conduisent vers une mystérieuse tombe.

 

Sans y être préparé, Exhuma vous met une belle petite claque pour un film qui débute comme un drame familial, l’ouverture d’une tombe afin de déplacer un corps. C’est la cérémonie traditionnelle du pamio dont s’est inspiré le réalisateur pour construire un thriller ésotérique, chamanique et excessivement jouissif. Une première partie rondement bien menée pour présenter les personnages, en l’occurrence le duo de croque-morts chargés de l’exhumation et deux chamans engagés par une famille afin d’exorciser la tombe et éviter une malédiction qui impliquerait la santé d’un bébé. Le réalisateur s’en sort à merveille grâce à une mise en image remarquable et des protagonistes attachants au milieu de la campagne coréenne.

Le fantastique s’insinue par bribe au moment ou le cercueil est retiré et engendre quelques phénomènes étranges dans un premier temps après une cérémonie chamanique spectaculaire et bruyante afin de conjurer le mauvais sort. Evidemment, les choses tournent à l’aigre-douce avec une autre découverte à l’emplacement de la tombe avec pour conséquence l’arrivée d’un mal pour le coup inattendu. De thriller presque policier campagnard qui nous ferait penser à l’excellent Memories of Murder pour son ambiance pesante, Exhuma embraye sur le chemin du fantastique avec une facilité déconcertante, soutenue par une interprétation au diapason des événements.

Une fois les jalons posés, les esprits libérés, la figure du Mal absolu se déploie lors d’une séquence pour le moins impressionnante de beauté et de frayeur faisant surgir une créature à la réalité prégnante et bien loin des monstres chimériques du bestiaire habituel. Elle incarne un passé douloureux pour la Corée dont l’aspect politique irise le film à l’instar de l’omniprésence du voisin du Nord, l’action se situant à la frontière de la Corée du Nord. Pour couronner le tout, la créature se déplace magnifiquement sous la forme d’une boule de feu à la fois inquiétante et iconique, Jang Jae-hyeon parvenant à l’iconiser à l’extrême sans dénaturer ses intentions.

A ces instants-là, Exhuma nous tient par la gorge et ne relâche jamais la pression autour de personnages confrontés à des phénomènes de plus en plus puissants sans que le scénario et le récit n’en pâtissent. Bien au contraire, la complexité de l’histoire forme une boucle et met en exergue de superbes scènes visuelles (la séquence avec l’arbre ou le survol de la créature sous la forme d’une boule de feu au-dessus des personnages et du paysage) pour un résultat ébouriffant et un fantastique enfin à la hauteur de nos attentes, à la fois crédible en partant d’une cérémonie religieuse et d’un crescendo de nuances horrifiques. Impressionnant et immersif pour un des plus gros succès coréens de l’année.

 

5/6

 

 

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