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5e jour à l'Etrange festival

Le rythme de croisière est atteint avec cette cinquième journée à l’Etrange festival avec deux longs-métrages. La vengeance sanglante de Sayara (2024) du Turc Can Evrenol et des nonnes maléfiques dans le baroque Dark Waters (1994) de l’italien Mariano Baino.

 

 

SAYARA - Turquie – 2024 – Can Evrenol

En présence du réalisateur

 

Pitch : Sayara travaille comme femme de ménage dans un gymnase d’Istanbul. Sa sœur est violée et tuée par Baris, le propriétaire – avec lequel elle avait une liaison – et ses trois amis ; ils sont tous innocentés grâce à l’aide du père de Baris, député corrompu. Elle décide de se venger grâce à sa pratique du Sambo auquel son père, ex-commandant des forces spéciales du Turkménistan, l’a initiée.

 

L’Etrange festival a souvent accueilli Can Evrenol (Baskin), un réalisateur au cinéma brut, radical et sans concession. Tout à l’inverse du personnage plutôt jovial, drôle et abordable qu’il a affiché. Il avait l’air d’être heureux sur scène pour présenter son dernier opus, une histoire de vengeance féminine suite à l’assassinat de la sœur de l’héroïne. Une fois qu’on a dit ça, on a malheureusement un peu tout raconté, le script étant définitivement déployé dans ses grandes largeurs sans réelle subtilité.

Dans la présentation, le réalisateur de Housewife nous a indiqué que l’origine du film se basait sur des histoires vraies assez communes visiblement à la Turquie où de jeunes hommes riches profitent de leurs statuts pour commettre des meurtres sur des femmes et n’en subissent aucune conséquence. C’est le cas de Yonga (Özgül Koşar), violée et tuée par Baris (Emre Kızılırmak) le propriétaire d’une salle de sport et ses trois amis. La sœur de Yonga, Sayara (Duygu Kocabıyık) décide alors de se venger. Manque de bol pour eux, elle est adepte de plusieurs techniques de combat apprises par son père dans sa jeunesse, en particulier le Sambo, mélange de judo, de boxe et de lutte.

Si dans sa première moitié, Sayara tente de donner un background à sa future tueuse (des flashbacks montrent l’enseignement du père) et dénoncent le racisme envers les migrants, en l’occurrence le Turkménistan dont est originaire la famille de Sayara, la suite est une accumulation de meurtres à l’arme blanche particulièrement violent où notre vengeresse massacre tout ce qui lui passe sous la main même si les personnes n’ont pas vraiment à voir avec le féminicide à l’aide d’un couteau, d’un pistolet et pour finir grâce ses qualités de combattante hors pair. Les os craquent, se tordent et le sang giclent afin d’occire les protagonistes du meurtre et par extension mettre un uppercut au patriarcat. Une hyperviolence qui m’aura laissé froid.

 

2,5/6

 

 

DARK WATERS – Italie/Russie/Ukraine/Grande-Bretagne – 1994 – Mariano Baino

Hommage en présence du réalisateur Mariano Baino

 

Pitch Elizabeth arrive sur une île isolée pour y rejoindre le couvent fondé jadis par son père, qui vient de mourir. Mais elle va vite s’apercevoir que les nonnes ne sont pas toujours des enfants de chœur.

 

Mariano Baino est un réalisateur assez méconnu parce qu’il n’avait réalisé à ce jour qu’un seul long-métrage, Dark Waters en 1994. Trente ans plus tard, l’Etrange festival profite de la sortie de son second film Astrid’s Saints (projeté à la suite de Dark Waters) pour lui consacrer un focus. D’autant plus que son premier essai était passé un peu sous les radars malgré un joli succès d’estime dans certains festivals pour cette histoire de nonnes maléfiques essayant de réveiller la Bête lovecraftienne.

Dans une ambiance que n’aurait pas renié le maître de Providence Elizabeth (Louise Salter) débarque sur une île perdue avec comme seules habitations un couvent et quelques maisons de pêcheurs. La jeune femme souhaite rencontrer la mère supérieure et son amie Thérésa devenue novice. Sur place, rien ne se passe comme prévu et tous les habitants, y compris les sœurs, semblent en vouloir à Elizabeth quand certains protagonistes ne cherchent pas à la tuer.

Sur ce canevas très simple, Baino construit un film atmosphérique souvent mutique à l’instar de la séquence d’ouverture où des nonnes pratiquant visiblement le culte de Cthulhu sacrifie une femme à l’aulne de croix enflammées dans les tréfonds rocheux de cette île maudite. Le ton est donné et l’héroïne aura bien du mal à atteindre cette île. Tout concours à ne pas l’y inviter, les autochtones dans le bus semblent sortir d’un asile et les pêcheurs ont l’air patibulaire. Tous les ingrédients sont donc réunis et nous renvoie à l’œuvre de Lovecraft et d’autres long-métrages comme Dagon de Stuart Gordon.

Tourné en Ukraine et en Russie, Dark Waters bénéficie des très beaux décors naturels d’Odessa et le réalisateur instaure un climat anxiogène accentué par un travail sur le son. La photographie magnifie encore plus les séquences aquatiques et les moments où les nonnes parcourent les contours des paysages la nuit à la lumière de leurs croix flambées. Baino convoque également tous les atours de Lovecraft, sœurs aveugles, incantations, rites démoniaques, et effigies de la mère des créatures peinte sur les murs ou gravée sur les rochers

Dommage que le manque de moyens (le scénario a semble t’il été amputé de quelques scènes), des acteurs non professionnels dont la langue d’origine n’était pas l’anglais et un fil directeur trop absent ne permettent pas au film de développer une mythologie pourtant prégnante. Certaines séquences sont très belles (la nonne maléfique crucifiée flottant dans le rêve d’Elizabeth) mais les dialogues et les réactions des personnages ne crédibilisent pas l’ensemble qui par instant nous renvoie aux rêves éveillés de Jean Rollin sans jamais s’engouffrer visuellement dans les terres sanglantes du Bis alors que le sujet et son traitement semblaient comme une évidence.

 

3,5/6

 

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