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4e Jour à l'Etrange festival

L’Etrange festival se poursuit avec trois nouveaux longs-métrages dans l’escarcelle. Le particulièrement bizarre The Box Man (2024) du Japonais Gakuryū Ishii, le voyage dans le temps comique Timestalker (2024) de la britannique Alice Lowe, et le road-movie sanglant Steppenwolf (2024) du kazakh Adilkhan Yerzhanov.

 

 

THE BOX MAN - Japon – 2024 – Gakuryū Ishii


En Mondovision

 

Pitch : «L’homme-boîte » erre dans la ville en prenant des notes avec un carton sur la tête. «Moi » aimerait tellement devenir à son tour un homme-boîte, mais il n’est pas facile de l’égaler. Peut-il exister plusieurs hommes-boîtes ?

 

Avec l’adaptation de l’écrivain japonais Kobo Abe (1924-1993), Gakuryū Ishii qu’on connaissait précédemment sous le nom de Sogo Ishii, concrétise un projet initié en 1997 après avoir eu l’aval de son auteur avant son trépas. Le roman daté de 1973 et réputé inadaptable par son auteur voit finalement le jour sous la caméra d’un artiste punk, certes assagi depuis ses débuts, mais dont l’univers personnel correspondait très bien à celui d’Abe. Et au vu du résultat, il semblait difficile de faire plus fou.

En effet, The Box Man est une œuvre particulièrement étrange prenant comme personnage principal un homme s’étant volontairement reclus du monde pour vivre dans une boîte en carton aménagée au milieu de la société en cherchant à rester le plus anonyme possible. Une sorte de sans-domicile non fixe qui vivrait dans un monde parallèle à côté des humains. Il se déplace régulièrement au milieu de la foule pour se poser dans différents endroits, dont la seule fenêtre vers l’extérieur est une ouverture rectangulaire où il observe la vie des gens et les photographie, sans oublier de consigner des notes dans un carnet s se transformant quasiment en Bible sacrée.

Avec ce pitch dément, Ishii construit un film tout aussi singulier faisant de cet homme-boîte (Masatoshi Nagase, Suicide Club) dans la première partie une espèce de super-héros poursuivi par des tueurs et obligé de se défendre avec les moyens du bord. D’autant plus que le Docteur (Tadanobu Asano, Ichi The Killer) souhaiterait prendre sa place ou du moins devenir à son tour un « box man », mais il paraît difficile d’en avoir plusieurs. Si dans son entame, le métrage développe la vie de son héros contraint à la clandestinité, il vire au jeu du chat et de la souris en son centre et s’avère des plus volubiles dans un entrelacs de situations non-sensiques avec la participation d’une jeune femme, à l’image de cette histoire hautement symbole.

Car bizarrement et malgré son concept étrange, le film fonctionne et rend crédible ce protagoniste et nous renvoie à une réalité contemporaine d’une incroyable acuité en dépit de la rédaction du roman il y a 50 ans. A la fois sur la condition des laissés-pour-compte dans les rues, invisibles et de la pertinence du propos sur le voyeurisme par le prisme d’une simple ouverture comme si Kobo Abe anticipait déjà les réseaux sociaux et la folie des téléphones portables connectés. Un film fou et actuel à la portée philosophique indéniable dont la fin en forme de rêve éveillé renvoie le spectateur à sa propre culpabilité en visionnant le film. Ne sommes-nous pas nous-mêmes des Box man ? Dommage à mon sens que le film perde en efficacité au bout d’une heure comparativement au début et à la fin du film

 

4/6

 

 

TIMESTALKER – Grande-Bretagne – 2024 – Alice Lowe

En Mondovision

Pitch : Du dix-septième siècle au vingtième siècle, Agnès se réincarne de lieu en lieu et d’époque en époque en commettant toujours la même erreur : tomber amoureuse du même homme.

On connaît surtout Alice Lowe en tant qu’actrice comique notamment chez Ben Wheatley par exemple dans le caustique Touristes. Mais en 2016, elles est passée à la réalisation avec le surprenant Prevenge sur les déboires d’une femme enceinte avec toujours cet humour qui la caractérise. C’est donc avec grand espoir que nous nous lancions sur les traces de sa seconde réalisation, une histoire d’amour au travers du temps. Damned ! la déception est à la hauteur de l’attente.
Parce que pour tenir la barre du voyage temporel, il faut s’arcbouter sur un scénario ultra solide avant de penser à la comédie. Timestalker s’étend du XVIIe au XXe siècle et jongle négligemment avec les temporalités. Malgré une entame de bonne facture permettant de présenter les personnages, Agnès (Alice Lowe) est une paysanne qui s’entiche d’un brigand Alex (Aneurin Barnard, Dunkerque) au moment où il va se faire exécuter. Manque de bol, elle tombe malencontreusement sur une hache et meurt. Un scénario qui se répètera sur plusieurs époques avec les mêmes protagonistes y compris les seconds rôles dont un savoureux Nick Frost (Shaun of The Dead) en mari violent, jaloux ou en prétendant éploré.
Les deux premiers « sketchs » sont plutôt bien écrits et quelques bons mots parsemés d’humour britannique ensemence l’histoire avec délice, mais rapidement le script s’étiole et tombe dans une sorte de facilité sans retrouver le peps du début. De fait, la comédie n’est plus drôle et le manque de moyens se fait ressentir à tous les coins de rue. Pas facile de jouer et de reconstituer les époques avec peu de livres et un récit mal agencé finissant par tourner sur lui-même à l’image des personnages se retrouvant inlassablement au fil des années. Avec son histoire d’amour à l’eau de rose et son scénar finalement assez faible, Timestalker ne tient pas la route et s’essouffle irrémédiablement malgré la ferveur des comédiens.

2,5/6

STEPPENWOLF – Kazakhstan – 2024 – Adilkhan Yerzhanov

En Mondovision

 

Pitch : Suite à l’enlèvement de son fils par des trafiquants d’organes, en pleine guerre civile, une jeune femme est contrainte d’accepter les services du « Loup des steppes », un ex-détenu aux méthodes sadiques… y compris sur elle.

 

Adilkhan Yerzhanov (A Dark Dark Man) est un habitué du festival, chaque année il y a au moins un de ses longs-métrages en sélection, il faut dire que le bonhomme abordant plusieurs genres est prolixe (7 films dans les 5 dernières années). Il revient ici avec une hybridation entre le western, le road-movie et le post-apo qui ne serait pas loin de cousiner avec l’Australien Mad Max comme évoqué lors de la présentation inaugurale.

Et cette comparaison n’est pas innocente, elle irise Steppenwolf tout du long avec son personnage principal revêtu d’une veste en cuir, les paysages dévastés des steppes kazakhes et sa violence incontrôlable. Bref, le film sent le bitume et la mission suicide afin de retrouver un enfant disparu et sans doute enlevé. Il est recherché par sa mère traumatisée et visiblement handicapée mentale Tamara (Anna Starchenko). Errant comme une âme en peine, elle s’accoquine par hasard avec une brute épaisse sans nom (Berik Aytzhanov), un véritable tueur sans foi ni loi prêt à tout pour arriver à ses fins.

Un salaud de première, violent et sanguinaire, mais capable de s’attacher à Tamara pour l’aider dans la quête de la recherche de son fils. En réalité, il souhaite se venger du kidnappeur qui a également massacré toute sa famille. Une alliance de circonstance un peu baroque et sans concession au milieu d’une humaine décharnée par la guerre (on ne saura jamais de quel conflit il s’agit) comme si la civilisation avait basculé dans une violence exacerbée sans retour en arrière possible. Difficile de trouver une once de bonheur dans cette déambulation sans retour où les morts s’accumulent.

C’est pourtant le pari réussi de Yerzhanov grâce à une caméra au plus près de ses personnages et des décors naturels magnifiques donnant un aspect ample, surréaliste et fantasmagorique à cette vengeance à distance accumulant les cadavres au rythme d’un humour décalé toujours présent chez le réalisateur. Car le bougre a le sens du spectacle et de l’action afin d’iconiser son héros mad-maxien au possible, un loup solitaire bavard, idiot et complètement barré, avec en point d’orgue un assaut final superbement mis en image. Du grand art pour le cinéaste kazakh parfait pour filmer le mal dans son plus simple appareil.

 

4/6

 

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