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3e Jour à l'Etrange festival

Journée pluvieuse et un peu plombante quant aux trois longs-métrages visionnés, Bien qu’ils aient des qualités en terme de cinéma mais question gaudriole faudra repasser. Commençons par le magnifique film d’animation australien Mémoires d’un Escargot (2024) d’Adam Elliot, le très éprouvant austro-allemand The Devil’s Bath (2024) de Severin Fiala et Veronika Franz, et l’halluciné Peg O’my Heart du Hong-Kongais Nick Cheung.

 

 

MEMOIRES D’UN ESCARGOT – Australie – 2024 – Adam Elliot

En Mondovision

 

Pitch : La vie de Grace Pudel, petite fille solitaire, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, a volé en éclats le jour de la mort de son père. Dans une famille d’accueil indifférente, séparée de son frère jumeau dont elle attend désespérément les lettres, malmenée par ses camarades, elle s’enfonce dans le désespoir...

 

Adam Elliot s’était fait connaître avec le long-métrage Mary and Max en 2009 et revient avec un petit bijou d’animation en patamod et en stop-motion où l’émotion à fleur de peau domine une narration et une mise en image tout à fait réussies. On est ainsi bluffé par la qualité du récit brossant le portrait de la petite Grace séparée de son frère jumeau suite au décès de leur père et par l’émotion qui se dégage de cette œuvre touchante à l’humour omniprésent.

Mémoires d’un Escargot traite du mal-être d’une fillette née avec une malformation de la bouche, moquée de tous de par son infirmité, devenue solitaire se réfugiant dans la contemplation et de ses escargots comme animaux de compagnie, et seul lien avec le monde réel ou plutôt un monde fantasmé parfaitement dépeint par Adam Elliot. Même si ce dernier ne se gêne pas pour gangréner son histoire d’un fond très réaliste et tragique en tapant sur la religiosité de la famille d’adoption du frère de Grace et sur l’inhumanité des humains en général. Un tableau assez sombre et très loin d’être réjouissant mais toujours relevé par un humour délicieux voire par instant très irrévérencieux (et à contrecourant de pas mal de productions de ce type).

Porté par des voix d’acteurs reconnus comme Eric Bana, on retrouve également celle de Dominique Pinon pour le père d’origine française, Mémoires d’un Escargot mène ainsi sa petite barque sur un océan de malheur dans un scénario qui n’épargne aucune personne et délivre malgré un beau message sur la vie et ses turpitudes jusqu’à la mort. Seul bémol à mon sens, même s’il ne joue pas sur le pathos en permanence, le film s’avère vraiment plombant sur la durée notamment dans sa dernière partie. On lui préfèrera sa première moitié particulièrement enjouée et excellente et de manière générale son aspect visuel sublime.

 

4,5/6

 

 

THE DEVIL’S BATH – Autriche/Allemagne – 2024 - Severin Fiala et Veronika Franz

En compétition

 

Pitch : Dans un village d’Autriche, au dix-huitième siècle, une jeune mariée perd peu à peu tout espoir en la vie conjugale et sombre progressivement, attirant le regard suspicieux de son entourage : serait-elle possédée ?

 

Le nouveau long-métrage de Severin Fiala et Veronika Franz (Goodnight Mommy, The Lodge) n’est sans doute pas à mettre face à toutes les mirettes. D’entrée de jeu, une femme balance un nourrisson du haut d’une cascade, elle se rend et termine décapitée et exposée aux yeux de tous. Le ton est donné et le reste du métrage corroborera cette impression initiale de chape de plomb au milieu d’une nature autrichienne également anxiogène, sans échappatoire, à l’image de chaque personnage enserré dans le carcan d’une existence exclusivement de labeur sous les auspices d’une religion omnisciente et pesante. The Devil’s Bath représente surtout la dérive d’une jeune femme Agnès (Anja Plaschg) juste après son mariage avec un homme tout désigné pour elle mais sans doute plus attiré par les hommes que sa personne au point de la négliger en couche et de l’empêcher de devenir mère.

Avec ce film, les réalisateurs explorent la maltraitance des femmes à la fin du XIXe siècle en plein centre de l’Europe, pas forcément de manière volontaire mais comme un atavisme ancestral. Elles font la cuisine, travaillent et procréent. Sauf qu’Agnès n’est pas fait dans le même moule et son désir d’être mère est contrecarré par son mari et son entourage au point de commencer à perdre la raison. A ce moment-là, le film est une longue descente aux Enfers pour Agnès jusqu’à sombrer dans la folie après avoir subi une forme de dépression dont tous ses voisins et sa famille n’ont cure, se raccrochant à une dévotion extrême pour la Bible comme seule ligne de conduite.

Il faudra vraiment s’accrocher pour suivre et supporter la vision très lente, austère et minimaliste de cette histoire qui nous renvoie par moment à The Witch pour le rapport à la nature et la sorcellerie sous-jacente dont Agnès revêt les oripeaux sans le vouloir, ainsi qu’à tout un pan d’un cinéma âpre et ultraréaliste n’hésitant pas montrer la cruauté de la vie, comme la mort d’animaux en gros plans ou le sort funeste supporté par celles et ceux qui ne suivent pas les règles du dogme chrétien. Par exemple lorsqu’un personnage se suicide par pendaison, son corps est balancé dans une sorte de cimetière à ciel ouvert comme un vieux déchet.

On saluera surtout l’interprétation hallucinante et hallucinée d’Anja Plaschg qui subit tout le film les sévices à la fois psychologiques et physiques de sa condition de femme mutilée de l’intérieur et à la psyché dévoyée par une humanité pas vraiment éclairée, à l’instar de leur environnement très hostile comme si ils évoluaient déjà tous dans la bouche de l’Enfer. La dernière partie est sans doute encore plus terrible, Agnès commettant l’impensable et empruntant son chemin de croix pour un film à l’horreur radicale et réaliste. Les monstres ne sont pas ceux que l’on croit. On en sort plombé et harassé par cette épreuve loin d’être agréable, mais aux qualités indéniables en y réfléchissant le lendemain de la projection.

 

4/6

 

 

PEG O’MY HEART – Hong-Kong – 2024 – Nick Cheung

En compétition

 

Pitch : Un chauffeur de taxi souffrant de troubles du sommeil et d’hallucinations met constamment en danger ses clients. L’un d’entre eux, le docteur Man, fait également de très mauvais rêves...

 

Avec ce quatrième film en tant que réalisateur Nick Cheung qu’on connaît également comme acteur (Breaking News) joue également dans son métrage le rôle du chauffeur de taxi Choi aux prises avec des troubles du sommeil (c’est ballot pour un taxi driver surtout quand sa narcolepsie provoque des accidents) et doit faire face à des cauchemars récurrents où il est l’objet de l’apparition d’une multitude de créatures, et en particulier d’un homme semblant vouloir le tuer. On n’est pas si loin des Griffes de la Nuit même si Peg O’my Heart émarge plutôt vers le thriller psychologique irisé d’une histoire de spéculation boursière.

Entre en scène le Docteur Man (Terrance Lau, City of Darkness) spécialiste du sommeil, et lui aussi aux prises avec des rêves le renvoyant à son enfance traumatisée. Si vous ajoutez la folie extrême de la femme Choi vivant recluse dans son appartement, vous obtenez un cocktail bien frappé pour un récit à plusieurs tiroirs dont le réalisateur tente de donner un sens cohérent et réaliste. Si le film s’apparente à un monster movie par-delà les rêves, il s’avère bien plus concret et révèle l’origine de ces afflictions dans une dernière partie très didactique, peut-être un peu trop à mon goût. A l’inverse, les passages dans les rêves hallucinatoires de Choi ou du Docteur Man sont pour le coup mémorables et flippants.

 

3,5/6

 

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