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C’est la reprise pour moi de l’Etrange festival qui fête ses 30 ans avec cette nouvelle édition. Pas de séance d’ouverture pour ma pomme mais deux films asiatiques pour entamer la campagne. Le film animé Exorcism Chronicles : The Beginning du Coréen Dong-Chul daté de 2024, et la folie japonaise Crazy Family (1984) de Sogo Ishii.

 

 

EXORCISM CHRONICLES: THE BEGINNING – Corée-du-Sud – 2024 – Kim Dong-Chul

Nouveaux talents

Pitch : Docteur devenu prêtre, le père Park a été excommunié par l’Église après avoir pratiqué des exorcismes. Pourtant, l’invasion s’étend dans la ville, et des êtres monstrueux s’attaquent aux innocents. Le père est contacté par un ami de longue date, un moine d’un temple secret qui pratique la magie et lui demande d’aider un enfant en danger – innocent, mais aux pouvoirs super puissants.

Exorcism Chronicles : The Beginning est l’adaptation d’un roman à succès vendu à 10 millions d’exemplaires et à des centaines de millions en version numérique. Bref, un gros titre passé sur grand écran sous l’égide du Studio Locus Animation, déjà à l’origine du long-métrage Red Shoes and the Seven Dwarfs en 2020, avec l’objectif de présenter les débuts d’un groupe d’ecclésiastiques aux prises avec les forces du mal.
Soyons franc, le récit reste très basique et se résume à un combat entre le bien incarnés pas des représentants d’une religion, le christianisme avec son prêtre excommunié à la carrure de catcheur, le bouddhisme ou l’indouisme. Une sorte d’Avengers œcuméniques face à une invasion de démons désireux de s’approprier les âmes des humains mais surtout d’un petit garçon aux pouvoirs démesurés. Le film multiplie ainsi les moments de bravoure dans un déluge de créatures et de capacités extraordinaires pour lancer des boules de feu ou ouvrir les portes de l’Enfer en utilisant à la fois la 2D et la 3D.
Une technique pas toujours digeste et par moment assez laide comparé à d’autres productions avec des héros figés dans leurs attitudes faisant sortir régulièrement votre serviteur de l’histoire même si je parviens rapidement à raccrocher les wagons grâce à une mise en scène tout à fait correcte et une action sans interruption au milieu de cette alliance syncrétique de pouvoirs magiques (on se croirait par moments dans Les Chevaliers du Zodiaque quand les héros lancent leurs attaques) afin de lutter contre Satan et Astaroth réunis. Violent et par instant drôle, Exorcism Chronicles : The Beginning appelle une suite (vous l’aurez compris), confirmée dans une mini-séquence post-générique permettant au futur quatuor de défense du bien de se constituer avec les personnages encore vivants.

3/6

CRAZY FAMILY – Japon – 1984 - Sogo Ishii

Les pépites de l’Etrange

 

Pitch : Habiter une maison en banlieue, c’est enfin le rêve accompli pour la famille Kobayashi. Chacun à sa place : le père au travail, la femme au foyer, les enfants aux études. Mais l’arrivée du grand père constitue le petit grain de sable dans la machine.

 

Avec Crazy Family, Sogo Ishii (Electric Dragon 80.000 V) dézingue la Japonese way of life avec ce brûlot révolutionnaire en forme de descente aux Enfers pour une famille modeste en quête de réussite sociale au moment où ils accèdent à la propriété. En devenant propriétaire d’un pavillon, les Kobayashi rentrent ainsi dans le moule de la société de consommation et à tous ses rêves de grandeur. Progressivement, un petit grain de sable va détraquer la machine familiale, à commencer par le père de famille Katsuhiko (Mitsuko Baishô), salarié consciencieux broyé par son travail et les transports où tout le monde s’entasse comme des sardines. Il s’interroge sur la santé mentale de sa femme et de ses deux enfants.

Une phratrie un peu atypique et excentrique entre une mère assez délurée, une fille de 13 ans parlant comme un bébé et hésitant entre devenir chanteuse pop ou catcheuse et un jeune adolescent préparant son entrée à la fac en mode ermite extrême. Un cocktail explosif pris en tenaille avec l’arrivée du grand-père Yasukune (Hitoshi Ueki) et père de Katsuhiko qui va accentuer la soi-disant folie des membres de la famille. Un personnage lui aussi aux marges du non-sens dont la présence cristallise les tensions sous-jacentes et oblige le chef de famille à prendre une décision radicale afin que Yasukune puisse rester chez eux. Si le film ressemble dans son entame à une gentille comédie familiale à l’humour potache au son d’un score à la fois punk et new-wave, il vire doucement de bord vers des eaux beaucoup plus tempétueuses au moment où Katsuhiko prend les choses en main et creuse un trou en plein milieu du salon détruisant irrémédiablement leur confort bourgeois et l’équilibre précaire de la famille.

Avec Crazy Family, Ishii peint un portrait au vitriol d’une société japonaise et occidentale du début des années 80 avec la férocité visuelle et sonore du mouvement punk et contestataire dont certaines images pourraient nous faire penser au Tetsuo de Shin'ya Tsukamoto lorsque Katsuhiko utilise une sorte de marteau-piqueur qu’il brandit comme une arme. D’un humour irrévérencieux, le film bascule alors dans la cruauté dans sa dernière partie, et le spectateur de se sentir un peu gêné par certaines situations tragi-comiques. Parce que le réalisateur s’engouffre dans les tréfonds de l’âme humaine jusqu’à un affrontement final anthologique explosant la cellule familiale (faisant émerger le passé militaire et terrible du grand-père) et la maison au sens propre entre la comédie réjouissante et le malaise permanent. On peut imaginer pourquoi le film ne fonctionna pas au Japon et que son concepteur eut du mal à remonter des projets les années suivantes.

 

4,5/6

 

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