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LE CROQUE-MITAINE

 

 

GENRE : Mange disque

REALISATEUR : Rob Savage

ANNEE : 2023

PAYS : USA/Canada

BUDGET : 35 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Chris Messina, Sophie Thatcher, Vivien Lyra Blair…

 

 

RESUME : Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté par sa propre douleur, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni le soutien ni l’affection qu’elles tentent de lui réclamer. Lorsqu'un patient désespéré se présente à l'improviste à leur domicile pour demander de l'aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.

 

MON HUMBLE AVIS

Que celles ou ceux qui n’ont jamais regardé sous leur lit me jette leur première taie d’oreiller. Frayeur atavique par excellence, la peur du noir se double de la présence d’un possible monstre tapi sous les litières ou dans les placards des enfants. Un lieu idéal pour débuter une histoire à faire dresser les cheveux des marmots. Adapté d’une nouvelle de Stephen King de 1973 et reliée au livre Danse Macabre en 1978, The Boogeyman (dans la langue de Donald Trump) ressort du placard sous la houlette du réalisateur du très hype et confiné Host et de l’imagination, dans un premier temps des scénaristes Scott Beck et Bryan Woods ayant œuvré sur la saga Sans Un Bruit, avant que Mark Heyman ne revoie les plans en focalisant l’action sur les deux sœurs suite au rachat du film par Disney. Les bobines d’épouvante ne prenant que rarement les routes dramatiques à la Godard et avec un tel pédigré, le spectateur averti se doute déjà de quelle engeance malfaisante s’abreuve le scénario s’inspirant, certes des écrits du papa de Carrie, mais avant tout du pragmatisme d’une horreur pondue pour ados habitués à hurler de terreur devant la moumoute d’un stremon poilu.

Initialement élaboré pour alimenter la machine à cash télé Disney +, Le Croque-Mitaine prit le chemin des salles obscures suite à des séances test qui auraient visiblement convaincu Minnie et Pluto pour une distribution ciné. Sans doute marqués par la réaction de leur audience, les souriceaux décident de « déshorroriser » certaines séquences a priori tellement effrayantes que les mioches s’égosillant à la mort avec force intensité ne captaient plus rien des dialogues suivants. On se demande encore si la projection eut lieu dans la première section d’une maternelle tant le long-métrage de Savage est très loin des envolées sauvages d’un film de drive-in du samedi soir, et ne justifiait pas vraiment cette édulcoration aux forceps, hormis peut-être pour chausser les standards de la souris multimilliardaire.

En l’état, Le Croque-Mitaine ronronne dans le classicisme avec son entité s’immisçant avec fracas dans le quotidien du psychiatre Will Harper (Chris Messina, Air) et de ses filles Sadie (Sophie Thatcher, la série Yellowjackets) et de la petite Sawyer (Vivien Lyra Blair, Bird Box). Une porte autonome par ci, une lumière vacillante par là et la maisonnée se transforme en parc d’attractions avec sa maison de l’horreur où la créature à mi-chemin entre une araignée et une goule terrorise les deux gamines. Sawyer a peur du noir, elle dort avec une boule lumineuse et Sadie a de hallucinations, encore traumatisée par le décès de leur mère. Sur ce postulat coutumier au possible, Savage élabore une mise en scène elle aussi habituelle des prods d’horreur de ces dernières années afin de nourrir une terreur dont le spectateur hume déjà l’odeur suspecte à des kilomètres, à grands coups de jump scares et de musique tonitruante.

Le scénario double et même triple sa trame avec le harcèlement subie par Sadie à l’école, et d’une sorte d’enquête pour déterminer l’origine de la bestiole afin de la combattre en faisant le lien avec l’ouverture située chez une autre famille, où notre croque-monsieur sévissait déjà pour un résultat tragique. Même si les récits s’enchevêtrent tout à fait correctement, aucune originalité ne vient rompre le doux ronron de cette entreprise faite pour filer une courante terrifique à nos ados, à l’image du combo Sans Un Bruit, L'Empire des Ombres de Brad Anderson ou Dans Le Noir de David F. Sandberg, les monstres évoluant dans l’opacité la plus profonde, uniquement vulnérables à la lumière. Seules les dernières scènes dans la maison abandonnée et le sous-sol familial rehaussent quelque peu Le Croque-Mitaine et notre intérêt pour la chose dans ces séquences bien emballées, soyons franc. Pour le reste, le spectateur enfile ses mitaines estampillées « déjà vu » qui serviront à nouveau sans aucun doute. Pour info, Stephen King a maté le film en projection privée et a apprécié au point de le comparer à Shining. Gageons que le maître de l’épouvante a vraisemblablement sombré dans un sommeil abyssal pendant 1h30 où il a revu le sourire sardonique de Jack Nicholson dans un rêve psychédélique lui faisant prendre des spaghettis pour de la luzerne. Nulle autre explication ne semble autrement plausible.

 

3/6

 

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