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THE HUNT

 

GENRE : Le cochon et le redneck

REALISATEUR : Craig Zobel

ANNEE : 2020

PAYS : USA

BUDGET : 14 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Betty Gilpin, Hilary Swank, Wayne Duvall...

 

 

 

RESUME : Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble pour la première fois dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains. Mais leurs sombres desseins vont être mis en péril par Crystal, une de leurs proies, capable de les battre à leur propre jeu.

 

MON HUMBLE AVIS

Si on est tellement fasciné par les Etats-Unis, c’est pour leur propension a trusté les premières places au sommet du paradoxe. The Hunt en est encore un exemple frappant avec ce pamphlet politique traitant des relations conflictuelles entre les Démocrates et les Républicains par le biais de la violence et des armes dans un esprit grotesque et grand-Guignol. Comble de l’affaire, le film qui devait sortir en septembre 2019 a été repoussé suite à des tueries de masse au même moment aux USA. Ayant visionné la bande-annonce, Donald Trump tweeta alors pour empêcher la sortie dans les salles. Bref, quand la Maison Blanche se fout de la liberté d’expression, cela procure une aura sulfureuse à un long-métrage que personne n’avait encore vu et qui n’en méritait pas tant.

Certes, ce concept de se flageller est très américain et les deux scénaristes, Nick Cuse et Damon Lindelof (la série Watchmen), n’en sont pas à leur coup d’essai. L’objectif annoncé est de rentrer dans le lard de l’American way of life avec la balourdise d’un éléphant dans un magasin de masques FFP2. La subtilité mise au placard, The Hunt ne fait pas dans la nuance avec la séquence d’ouverture située dans un avion privé. Un homme est tué sous les yeux des passagers, accompagné par l’effet gore d’un œil sorti de son orbite, au milieu d’une ambiance de comédie. Le ton est donc donné. Même si aucun élément de contexte n’a encore été présenté au spectateur, ce dernier comprend bien vite les rôles de chacun, fort d’un manichéisme revendiqué mais rapidement bazardé aux oubliettes des bons et des méchants.

 

Les « gentils » sont représentés par des démocrates en villégiature afin de démastiquer du redneck républicain ayant beaucoup à se faire pardonner. Sauf qu’ici le propos est plus ambigu, et tord progressivement ce paradigme dans la mesure où ces chasseurs du dimanche n’ont aucune raison "valable" de massacrer des innocents, même si ces derniers sont présentés sous le pédigrée de racistes et d’homophobes. De fait, le script s’ingénie à tirer à boulet rouge sur les deux camps, à la fois sur cette gauche bienpensante et humaniste, mais également sur les victimes de droite adeptes des théories du complot, le tout dans une atmosphère de fête foraine et de second degré. Les futures victimes sélectionnées avec soin se réveillent dans un lieu inconnu, en plein centre d’une plaine dégarnie. Elles y découvrent une caisse remplie d’armes et un cochon bien vivant. Le sang (numérique) gicle alors à gros bouillon sous le bourdonnement des armes à feu. La chasse à l’être humain est ainsi ouverte.

Si le film peut faire penser à la référence ultime Les Chasses du Comte Zaroff, The Hunt baigne dans un environnement parodique où rien n’est pris au sérieux et sans aucune empathie pour les personnages, pas même la plupart du casting rapidement transformé en chair à kalach. Dans l’esprit, le long-métrage se rapproche plus de la pochade plutôt sympathique God Bless America (Bobcat Goldthwait, 2012) où les deux héros dézinguaient du crétin sur pattes agrémenté de dialogues savoureux et drôles. Ce qui fait cruellement défaut au film de Craig Zobel, dépourvu de toute subtilité dans son entreprise primaire de défourailler du supposé idiot du village, avec cette tendance très actuelle de faire référence à la pop culture, grâce à des clins d’œil appuyés et des digressions sur le cinéma, à l’instar de la diatribe sur le film Les Larmes du Soleil. Ok, ça ne sert à rien mais ça coche la case du référentiel et du bon petit élève voulant obtenir le sourire de la maîtresse en classe, voire plus.

Bref, l’humour rase la pelouse malgré le saupoudrage de dialogues de petit malin. Quelques séquences feront sourire mais le film tourne rapidement à vide du fait d’un manque criant d’enjeux. Le sujet méritait sans doute une écriture et un propos plus soutenus. Dans ce genre d’entreprise, réussir à trouver le ton juste n’est jamais évident et le scénario n’est pas à la hauteur de l’envie initiale. Une fois découvert, les tueurs paraissent bien fades face à la fougue et la technicité pour le combat de Crystal (Betty Gilpin, connue pour la série Glow et présente dans le dernier The Grudge en date). Il en est de même pour la plupart des scènes dont on sent le fumet à plusieurs kilomètres. D’autant plus dommage que le réalisateur sait manier la caméra. On se souvient de Craig Zobel avec Compliance ou Z for Zachariah. Dans The Hunt, la sauce ne monte pas malgré les ingrédients balancés avec envie et la pincée de scandale pour pimenter le plat.

Précédée par un ventre mou, une gestion du temps et des lieux très approximative, le climax dévoile le visage caché jusque-là de la méchante de service incarnée par l’Oscarisée Hilary Swank (Million Dollar Baby). Une dernière séquence en forme de baston rapprochée entre femmes, shootée dans la veine de la saga John Wick, brutale et a priori réaliste. Entre survival, satire sociale et violence faussement dérangeante, Jason Blum se prend les pieds dans le tapis en ancrant son discours dans le contexte social de l’Amérique contemporaine, sans aucun recul ou point de vue, et en choisissant la gaudriole comme vecteur de message. La pilule ne passe pas et The Hunt retourne à ses chères études, à l’image de pas mal de ses camarades en session de rattrapage pour leurs supposés réflexions sociétales, par exemple Assassination Nation de Sam Levinson en 2018. Recalé.

 

2,5/6

 

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Commentaires: 12
  • #1

    Rigs (mercredi, 01 juillet 2020 20:43)

    Bon, t'as beau être déçu, les éléments que tu présentes ici ont plutôt tendance à me donner envie de tenter la chose, si ce n'est le côté John Wick de la fin... Belle chro en tout cas, vraiment !

  • #2

    Roggy (mercredi, 01 juillet 2020 20:51)

    Merci l'ami. Le film pourrait te plaire car il possède un esprit potache, voire gore, mais quand on prend un peu de recul, il me semble trop vouloir être dans la dénonciation au détriment des aspects fun. Peut-être qu'à trop vouloir se prendre au sérieux, il en perd une forme d'âme. Car en plus, limite si on ne s'ennuie pas par moment. Tu me diras à l'occasion :).

  • #3

    alice in oliver (jeudi, 02 juillet 2020 17:13)

    pour moi, ça reste une vraie surprise, en effet, très inspirée par les chasses du comte zaroff. La grande force de The hunt réside à la fois dans son ton parodique, sa virulence mais sa munificence

  • #4

    Roggy (jeudi, 02 juillet 2020 20:56)

    Dans le même esprit, je préfère largement "God Bless America" qui, à mon sens, ne se prend pas au sérieux et reste fun. Globalement, "The hunt" m'a ennuyé.

  • #5

    Moskau (mardi, 07 juillet 2020 18:00)

    J'ai encore du mal à me faire un avis sur ce film. D'un côté j'ai apprécié l'humour noir (surtout dans son introduction) et le jeu de l'actrice principale, de l'autre je ne comprends pas bien le message. Tout le monde en prend pour son compte, mais finalement le fait de vouloir tuer des gens pour leurs idées (même si elles sont mauvaises) reste de toute manière inexcusable...

  • #6

    Roggy (mercredi, 08 juillet 2020 09:18)

    Je suis complètement d'accord avec toi. Le message véhiculé reste trouble et balourd. Impossible de s'y retrouver dans ce méli-mélo de références à la pop culture et à l'Amérique contemporaine. Sans compter le rapport aux armes très américain...

  • #7

    titi70 (jeudi, 16 juillet 2020 17:32)

    Pas vu The Hunt, mais, je me souviens avoir apprécié Assassination Nation. Visiblement, ce n'est pas ton cas.

  • #8

    Roggy (vendredi, 17 juillet 2020 10:27)

    Assassination Nation est plutôt bien shooté mais c'est son propos qui m'a le plus dérangé et sa façon, à mon sens, d'être faussement dérangeant ou subversif.

  • #9

    Princécranoir (jeudi, 06 août 2020 17:08)

    Wow ! tu dézingues dans tous les sens dans cette critique. Néanmoins, comme les précédents commentateurs, j'aurais tendance à développer une curiosité croissante pour ce film qui au départ ne me disait rien du tout. Sans doute le parti-pris politique l'emporte sur le thème de la chasse à l'homme. Depuis quelques films déjà, Blumhouse a choisi de miser sur quelques film clairement engagés, en produisant notamment Jordan Peele ou le Blackkklansman de Spike Lee. Celui-ci semble dans cette lignée, peut-être en moins pertinent visiblement.

  • #10

    Roggy (dimanche, 09 août 2020 21:15)

    L'aspect politique est clairement présent, mais il est dilué au milieu de séquences bourrinnes et d'un comique au second degré. Bref, c'est pas mon délire :).

  • #11

    Kapalsky (samedi, 29 août 2020 12:18)

    Pas trop convaincu par The Hunt aussi (ni par Assassination Nation d'ailleurs), je te rejoins donc sur cette critique!

  • #12

    Roggy (samedi, 29 août 2020 20:28)

    Le film a profité d'un énorme buzz, mais le résultat dégonfle bien vite les attentes.