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NOSFERATU

 

GENRE : Orlok interne

REALISATEUR : Robert Eggers

ANNEE : 2024

PAYS : USA

BUDGET : 50 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Bill Skarsgård…

 

RESUME : Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.

 

MON HUMBLE AVIS

Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’assister à un ciné-concert de Nosferatu Le Vampire de Friedrich Wilhelm Murnau. Une œuvre muette séminale datée de 1922 aux contours baroques et admirable de beauté dont on connaît l’origine dévoyée par son auteur ne possédant pas les droits du roman de Bram Stoker, s’inscrivant instantanément dans l’histoire du cinéma. Le comte Dracula se transforme en Orlok et l’histoire se déplace dans une ville allemande, mais cette transcription du vampire à l’écran recrée une nouvelle mythologie parallèle et consanguine. Obnubilé depuis sa jeunesse par le Nosferatu de Murnau, Robert Eggers se réapproprie le chef-d’œuvre après plusieurs tentatives avortées et livre en 2024 sa propre vision avec déférence, accompagnée de sa patine d’artisan bénéficiant de toutes les techniques modernes.

Si bien que dans son 4e film on retrouve les scènes de campagne aux accents de sorcellerie de The Witch, la photographie expressionniste de The Lighthouse et la folie destructrice de The Northman au milieu de paysages enneigés. Un condensé de ses talents à l’écran dans ce film qu’il qualifie lui-même de plus personnel, même si Eggers reprend la trame du métrage de Murnau et de l’œuvre de Stoker. Le jeune Hutter (Nicholas Hoult, Juré n°2) se rend dans un coin reculé de la Roumanie afin de conclure la vente d’un vieux château décati à l’étrange Comte Orlok (Bill Skarsgård, le clown du film Ça). Sur place, Hutter tombe sous la coupe du vampire, s’abreuvant toutes les nuits à son torse offert, et dont l’objectif est de s’installer dans une ville où il pourra s’épanouir et prendre possession de la femme de Hutter, Ellen (Lily-Rose Depp) qu’il parvient déjà à cornaquer mentalement à distance jusqu’à la rendre folle.

Sur cette base bien connue, le réalisateur instille quelques différences, à commencer par la surprenante Miss Depp dont il fait ici quasiment son personnage principal. Avec sa taille fine et son visage anguleux, elle est littéralement prise par l’aura maléfique du monstre. Elle se contorsionne toutes les nuits, les yeux révulsés, remplie d’un désir charnel enfouie au fond d’elle-même pour une personne fantasmée et corrompue dans son âme. Face à elle, Orlok est aux antipodes de l’émacié Max Schreck, il impose sa carcasse osseuse revêtu d’un vieux manteau et d’une moustache touffue se rapprochant plus de l’homme bourru que d’une créature de la nuit. De son souffle rauque se dégage pourtant les mêmes effluves diaboliques et d’envie sexuelle pour la jeune Ellen comme si son seul moteur vital n’était plus le sang mais le stupre.

Une fois ces jalons posés, Eggers déploie toute sa maestria visuelle quelquefois proche de Kubrick dans sa manière de composer les plans et les images tels des tableaux de maître au milieu d’un décor de ville bouillonnante ou d’une campagne de l’Europe de l’Est battue par les vents et l’ésotérisme des Tziganes chassant les vampires. Il s’appuie surtout sur son directeur de la photographie Jarin Blaschke pour combiner de somptueuses images et sublimer chaque plan. Tourné en 35 mm, Nosferatu bénéficie d’un travail exceptionnel sur le jeu des lumières, la couleur se modifiant en fonction des lieux et des situations avec par exemple un éclairage exclusivement à la bougie pour les scènes dans le château du Comte. Si le film rend hommage à certaines images de la version de Murnau, Eggers crée son propre design et génère de magnifiques scènes (toute la première partie dans l’antre du vampire avec en particulier l’arrivée du carrosse).

De cet écrin sombre, gothique et par moment très gore, ressort également le personnage du Docteur Albin Eberhart, émule de Van Helsing et sorte de savant fou aux méthodes peu orthodoxes, incarné par un magistral Willem Dafoe apportant une incise contrastée au récit, à l’inverse du reste du casting qui a somme toutes des difficultés à exister, phagocyté par le duo Ellen/Orlok. Si le film s’essouffle quelque peu dans sa dernière partie comme si il avait trop donné avant, Nosferatu se conclut sur une séquence sadique et mortifère à l’image de l’ambiance du film. Comme pour son précédent ouvrage The Northman, malgré toutes les qualités visuelles et techniques, je fais encore œuvre de résistance pour m’investir complètement, émotionnellement parlant, le souffle putride d’Eros et de Thanastos ne parvenant décidément pas à me lacérer le visage.

 

4,5/6

 

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