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Vendredi 10 Juillet 2015

Hommage à Luciano Ercoli

Hommage à Luciano Ercoli, disparu en mars 2015. Pas le plus connu des réalisateurs italiens de genre, il n'a réalisé que 8 films dont trois giallios. Retour sur son 1er film, Photo interdite d'une bourgeoise (Le foto prohibite di une signora per bene) (1970) et son giallo peut-être le plus connu, La mort caresse à minuit (La morte accarezza a mezzanotte) de 1972.


Au départ producteur (notamment de Fantomas !), Luciano Ercoli a peu tourné. Avec seulement 8 films au conteurs dont les deux giallos de ce soir, sans oublier Nuits d'amour et d'épouvante en 1971. On lui doit aussi le très bon film policier et politique (d'après les échos) La police a les mains liées en 1974.

 

Photo interdite d'une bourgeoise (Le foto prohibite di une signora per bene) – Italie/Espagne – 1970


Pitch : Peter, un industriel très pris par son travail est mariée à Minou, une femme prude et insatisfaite. Tout l'inverse de sa meilleure amie Dominique, une jeune femme libérée et sensuelle. Parmi ses activité favorites, les jeux érotiques aux cours desquels elle se fait photographier en compagnie de ses amants. Un jour, Minou est accostée par un étranger qui accuse Peter de meurtre. Il propose à Minou de se donner à lui en échange de son silence...

Pour son 1er film, Luciano Ercoli met en scène une sorte de giallo dont le côté horrifique est plus suggéré qu'exposé au spectateur. En effet, malgré une atmosphère érotique, la nudité et le sang ne sont pas montrés explicitement. On retrouve donc Minou (Dagmar Lassander vue dans Une hache pour la lune de miel en 1970 et plus tard chez Fulci dans La maison près du cimetière) en femme délaissée par son mari, se faire agresser par un inconnu sur une plage. Même s'il ne la viole pas, il lui fera du chantage pour qu'elle accède à tous ses désirs.

Si le film possède les codes du giallo (l'agresseur ganté est armé d'une canne-épée, les plans sur les regards et les jeux d'ombre), Ercoli construit son intrigue comme un film policier à l'ambiance vénéneuse et aux accents sado-masochistes. On se demande si Minou ne prend pas plaisir à se faire humilier, violenter et même attacher par son maître-chanteur (Simon Andreu vu dans La mariée sanglante de Vicente Aranda en 1972). Et, il en est de même avec son ami Dominique, femme libertine, adepte de l'érotisme permanent et qui semble mener une double vie entre Minou et son mari Pierre (Pier Paolo Capponi, Le chat à neuf queues). Elle est interprétée par Susan Scott (Nieves Navarro) compagne de Luciano Ercoli à la ville.

Porté par une partition excellente du grand Ennio Morricone (le thème du film est reconnaissable de son style avec ses relents westerniens) et une belle photographie d'Alejandro Ulloa (on pense par moment au cinéma d'Hitchcok), Photo interdite d'une bourgeoise a malgré tout du mal à décoller. Les personnages passent trop vite d'un état d'anxiété à un moment plus festif dans un scénario qui peine à rester tendu. Pour oublier, Minou alterne les soirées en discothèque (perruques extravagantes et musique psychédélique à la clé) avec ses amis, les discussions avec son mari et la police pour prouver qu'elle n'est pas folle.

Photo interdite d'une bourgeoise s'apparente, en effet, à un film de manipulation où le personnage principal est l'objet d'hallucinations supposées (personne ne la croit et on la prend pour une aliénée). Une thématique qui annonce déjà le cinéma manipulateur d'un De Palma aboutissant à une résolution finale imprévue. Comme ici, où la dernière bobine permet de comprendre le fin mot de l'histoire, dans une ultime séquence légèrement plus mouvementée.

 

 

 

La mort caresse à minuit (La morte accarezza a mezzanotte) - Italie/Espagne – 1972


Pitch : Top model, Valentina essaie une nouvelle drogue. Sous l'influence de cette drogue, elle a la vision d'un meurtre d'une grande cruauté. Elle découvre qu'une femme a réellement été assassinée de cette manière et se retrouve confrontée à l'assassin.

 

Ce deuxième film (le 3e de la série de ses giallos) commence de manière assez étrange avec Valentina (Susan Scott) qui se fait injecter une drogue lui permettant de voir l'assassinat d'une femme dans une espèce de rêve éveillée. Le meurtre est particulièrement violent parce qu'il est réalisé à l'aide d'un gant de fer dont les pointes saillantes lacèrent et pénètrent le visage de sa victime. Des plans gores pour une première séquence choc. Aidé par son ami Stefano (Peter Martell, Un doigt sur la gâchette en 1967), Valentina va tenter de résoudre l'énigme.

On retrouve dans ce film les mêmes thématiques que dans le précédent. Un travail sur l'image et notamment la photographie (Valentina est mannequin) ainsi qu'une réflexion sur le pouvoir de l'esprit et de la manipulation. En revanche, l'érotisme est en berne, mais encore une fois, on ne croira pas la mésaventure de Valentina. La police incrédule (et plutôt traitée de façon ridicule) ne la prend pas trop au sérieux bien que le tueur dont elle a eu la vision la poursuive pour la faire taire. Un assassin ganté qui ressemble furieusement à Paul Williams (alias Swan) dans Phantom of the paradise de Brian de Palma en 1974.

Malgré son pitch très giallesque, Luciano Ercoli truffe son film de séquences comiques. On est par instants dans la "comedia del arte" entre le surjeu de Susan Scott qui roule les yeux et gesticule et les représentants de la police limite benêts. De la même manière, Valentina distribue les mandales aux hommes, représentés ici comme de doux pervers sexuels, dès qu'ils sont trop entreprenants, ou comme ses échanges musclés avec Gio Baldi (Simon Andreu), rédacteur chez "Novella 2000", magazine à l'origine de son expérience malheureuse. Le film est aussi à charge contre une certaine idée de la presse à sensation, prête à tout pour vendre du papier.

Après quelques courses-poursuites, des scènes sympathiques dans un cimetière et un hôpital psychiatrique, La mort caresse à minuit prend tous ses atours de giallo dans la dernière bobine avec l'arrivée d'un duo de malfrats très violents. On retiendra le personnage du tueur blond, au rire strident et lanceurs de couteaux (Luciano Rossi). Les séquences musclés s'enchaînent et les tatanes volent, comme un des personnages qui est projeté du haut d'un immeuble, sous les yeux éberlués du commissaire (avec cervelle apparente). Un final en guise de révélation sur les motivations réelles du tueur dont l'acmé se situe sur le toit d'un immeuble dans un duel sanglant.

 

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Commentaires: 8
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 11 juillet 2015 15:34)

    Très bon compte-rendu Roggy! Le deuxième film, La Mort Caresse à Minuit, son affiche m'a toujours tapé dans l'oeil, avec ce gant métallique pointu... Médusa l'avait utilisé comme cover du numéro 22 d'ailleurs. Ces films semblent intéressants à te lire en tout cas mais pour être franc, j'en ai un peu marre du giallo ces temps-ci; tout le monde ne parle que de ça, ya que ça qui sort en DVD limite et bon... On porte ce genre en truc ultime et j'en suis fatigué! Mais quand la mode sera passée, je me les ferai peut-être par contre car ils semblent chouettes!

  • #2

    Roggy (samedi, 11 juillet 2015 15:41)

    Merci Rigs ! Je pense que ce ne sont pas les fleurons du genre non plus. Ils sont sympathiques et, malgré des défauts de rythme, méritent tout de même une petite vision. J'ai vu la couv' de "Medusa" :)

  • #3

    Alice In Oliver (mardi, 14 juillet 2015 13:22)

    J'avoue ne pas connaître Luciano Ercoli, enfin seulement de nom... Je sais aussi qu'il a réalisé quelques giallos... Mais sans plus. Un honnête artisan du genre visiblement...

  • #4

    Roggy (mardi, 14 juillet 2015 20:49)

    Luciano Ercoli est un très bon artisan du genre que je te conseille de découvrir. Notamment pour son polar politique (que je n'ai pas vu) "La police a les mains liées" qui a très bonne réputation.

  • #5

    Dirty Max (mardi, 14 juillet 2015 21:17)

    Tu tiens là un beau doublet, Roggy, ces deux gialli sont effectivement très recommandables. Les deux films bénéficient de la présence de Nieves Navarro (alias Susan Scott), épouse à l'époque de Luciano Ercoli. J'ai une petite préférence pour La mort caresse à minuit. Belle idée que celle du gant aux pointes d'acier, idée reprise dans le Last caress du duo Gaillard/Robin...

  • #6

    Roggy (mercredi, 15 juillet 2015 10:17)

    Comme toi, je préfère aussi "La mort caresse à minuit", notamment pour le gant d'acier et pour l'ambiance nettement plus giallesque que le 1er film. Tiens, je n'avais pas fait le rapprochement avec "Last caress"...

  • #7

    Mr Vladdy (dimanche, 19 juillet 2015 16:58)

    Dommage que je ne sois plus sur Paris car c'est vrai que ce genre de soirée a son charme. Pas vu ses deux films mais j'aurais été très curieux de les découvrir surtout sur grand écran ;-)

  • #8

    Roggy (mardi, 21 juillet 2015 11:48)

    J'espère qu'un jour on aura la chance de se croiser à ces soirées !