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Vendredi 16 Octobre 2015

Histoire permanente du Kung-fu

Une soirée spéciale “Kung fu”, placée sous le signe sino-hong-kongais de la tatane qui fait mal, et qui résonne encore des doux sons des paluches s'abattant sur des visages contrits, entre poses lascives et regards menaçants. Visages moustachus et pattes d'eph pour Le fauve noir du kung-fu, alors que Le retour des dix-huit hommes de bronze se déroule à l'époque de la dynastie Ming. A l'instar de ce que l'on a pu connaître pour le western ou la SF, ces deux kung-fu movies sont des films d'exploitation pour surfer sur le succès des productions de la Shaw Brothers. Réalisés avec moins d'argent et à la chaîne, ils reflètent une tendance du marché de l'époque, et si en plus on y ajoute une version française...

 

Le fauve noir du kung-fu – Chine – 1973 – Ho Chan

Pitch : Un boxeur, champion de karaté, cherche à se venger de ceux qui l'ont trahi.


Le 1er film de la soirée est une petite perle du bis. Pas seulement pour son sujet mais pour son ensemble d'incohérences et de scènes abracadabrantesques qui parsèment cette œuvre très particulière. Parce qu'il est accusé à tort de trafic de drogue, notre héros (Chan Sing, aussi producteur du film) se retrouve en prison à cause de ses amis qui l'ont piégé à l'aéroport. Suite à une visite au parloir lui faisant comprendre que son ex petite amie est avec un autre homme, Chang Sing s'évade de prison (le scénario l'aide bien) pour découvrir le pot aux roses. Et, c'est là que le bonheur commence...

Portée par une VF prononcée par des comédiens pas motivés et touts droits sortis de la Comédie française, Le fauve noir du kung-fu enchaîne les scènes rocambolesques pour suivre la vengeance du héros. Les dialogues très premiers degrés et ridicules (on peut soupçonner la traduction de liberté hasardeuse) donnent un décalage complet entre les images et la situation. Il faut dire aussi que le jeu des acteurs n'aide pas, tous plus mauvais les uns que les autres, accentuant les mimiques et les regards interrogateurs sans retenue. La palme revient néanmoins à Chan Sing qui frise ses moustaches et favoris à chaque fois qu'il tente de jouer la comédie et atteint le panthéon du ratage intégral. En revanche, il est meilleur pour distribuer les pains et jouer des coudes face à ses anciens amis, dont il mettra énormément de temps à comprendre leur traitrise.

Avouons aussi que les personnages dépeints dans le métrage n'ont pas cassé trois pattes à un canard laquais. De petites frappes assez débiles qui ne comprennent rien, y compris ce pauvre inspecteur de police tentant d'aider le héros parce qu'il est convaincu de son innocence (il est vrai que les coiffures et vêtements disco donnent un cachet bien coloré à l'ensemble). Les scènes de comédie, d'action et de drame se mélangent ainsi dans un bo bun frelaté, une mixture pas très crédible mais toujours sympathique, surtout quand les acteurs adoptent un ton sérieux (les mots décalés choisis par les doubleurs en accentuent la portée).

Si le film de Ho Chan (auteur quand même d'un certain On n’attrape pas un petit dragon en lui mettant du sel sur la queue... ) possède une atmosphère assez dingue, cela est dû avant tout à l'écriture de situations improbables et à un montage assez aléatoire. Toutes les scènes sont découpées avec de faux raccords comme dans celle où le héros est poursuivi par une voiture dans un parc. Les deux se croisent et se recroisent ainsi à l'image d'un film de Buster Keaton mais sans cohérence. Pire, on a l'impression que certaines séquences ont été coupées (à cause de la qualité de la bobine ?). Ce qui donne au final un alliage assez bizarre et confinant au rire. Les scènes de cet acabit sont légions. Une des meilleures étant celle où notre vengeur à moustache poursuit en courant une voiture s'enfuyant à toute berzingue, en coupant à travers champs sous une musique de circonstance. Et que croyez-vous qu'il arriva ? on le retrouve bel et bien au même niveau que les malfrats comme s'il avait possédé les capacités d'un super héros (certes il a l'air un peu essoufflé...).

Pourtant, dans ses moments purs d'action, Le fauve noir du kung-fu rappelle qu'il est un kung-fu movie notamment dans ce combat à quatre sur le haut d'un immeuble en construction et le long des escaliers. Çà n'empêche que pour en arriver là, notre héros a sauvé sa belle en la rattrapant de la fenêtre d'un étage inférieur alors qu'elle tombait dans le vide. Invraisemblable mais hilarant. A l'image de la dernière scène qui verra le héros, tout de noir vêtu, affronter le boss japonais, tout en blanc (on remarquera la symbolique) dans une course-poursuite au milieu d'un port de marchandises. Pourquoi pas et puis en trois plans, la police arrive, le boss est maté et le mot “Fin” apparaît sur l'écran. Une dernière séquence qui résume bien The black panther (titre anglais) complètement à la ramasse dans son découpage et possédant des scènes d'anthologie au niveau du portnawak. A ce point-là, volontaire ou pas, il faut absolument mater Le fauve noir du kung-fu dans une VF improbable et digne d'un boulard français des 70's.

 

 

Le retour des dix-huit hommes de bronze – H/K - 1978 – Joseph Kuo

Pitch: Un seigneur mandchou devient moine pour s'assurer que les Shaolin ne vont pas mener une révolte contre les Qing. Il va devoir se confronter à de nombreuses épreuves.


Changement de décors avec Le retour des dix-huit hommes de bronze qui démarre comme un film historique en costume avec ce seigneur mandchou (Carter Wong acteur dans moultes kung-fu movies, qui fera une apparition dans Jack Burton dans les griffes du mandarin) intégrant le temple Shaolin. Pour la petite histoire, le film est tourné par Joseph Kuo (réalisateur attitré d'un grand nombre de films de kung-fu avec peu de moyens), s'avère être une vraie fausse suite de Shaolin et les dix-huit hommes de bronze (1976) au scénario presque similaire, reprenant les mêmes acteurs et décors de la production précédente.

Le film donne le ton avec son accroche rappelant qu'il est en hommage à Bruce Lee tout en découvrant des images du temple Shaolin. Mais, avant d'intégrer ce lieu, le seigneur (en fait un vrai tyran modifiant le testament de son père pour devenir le chef du Royaume) affronte quelques péripéties comme le personnage de l'actrice martiale Polly Shang-Kwan ou un prétendant de la femme qu'il convoite dans des combats plutôt bien réglés où les passes d'arme comiques ne sont jamais loin. Comme dans le film précédent, l'humour provient aussi de la VF caricaturant les expressions et les dialogues. Et, à la surprise générale, le seigneur mandchou décide d'intégrer le temple Shaolin pour une durée de trois ans sous un prétexte fallacieux.

Le retour des dix-huit hommes de bronze devient alors un vrai film de kung-fu au travers de l'apprentissage des techniques de combat par le seigneur incognito et les moines élèves. Le but ultime étant de se mesurer aux 18 hommes de bronze dans de véritables épreuves particulièrement ardues. Si le film semble être une petite production, il parvient néanmoins à rivaliser avec les maîtres étalons du genre grâce à une mise en scène mettant en valeur un scénario un peu linéaire mais suffisamment prenant et généreux pour l'amateur de kung-furie. Carter Wong est totalement crédible dans son rôle d'élève doué dans l'art martial et tarde pas à vouloir tenter les épreuves après une année d'études. On suit sa préparation allant du transport d'eau ou de bois sur une colline à l'étude de techniques avec un maître shaolin. Des scènes qui font furieusement penser au Kill Bill Tarantino.

Dans l'antre du labyrinthe où il pénètre, notre héros doit se mesurer à divers adversaires, dont des moines aux cranes rasés recouvert d'une peinture de bronze et disposant d'armes diverses. Il doit aussi résister au son d'une cloche géante le dos collé contre elle... Le clou du spectacle restant l'affrontement face à ces fameux hommes de bronze dont les coups résonnent à chaque assaut dans une première séquence où les soldats alignés renvoient à une iconographie très Chevaliers du zodiaque (on a les références qu'on peut). Même si on voit bien que les armures ne sont en fait que des costumes de polystyrène colorisés pour donner l'illusion. Le seigneur enchaîne donc les combats avec réussite mais bute sur l'ultime défi. Pas grave, il essaiera sans cesse chaque année pour parvenir à ses fins. Le réalisateur se montre inventif dans la réalisation, les chorégraphies et les épreuves différentes à chaque nouvel essai. Peut-être un peu trop d'ailleurs, puisque le film est une suite continu de combats et que l'innovation des duels peut sembler limitée. Comme cette épreuve où les participants, concentré au centre d'une estrade, doivent trouver d'où vient le son d'une pièce jetée au hasard. En fait, on se croirait chez un oto-rhino-laryngologiste pratiquant une médecine ancestrale. Comble de l'humour, les élèves donnant de fausses réponses subissent un châtiment en recevant un sac de sable sur la tête au son d'un “punition” assénée par un moine péremptoire, comme dans une version asiatique des Sous-doués passent le bac...

Au final, Le retour des dix-huit hommes de bronze est une réelle surprise pour ce succédané à peu de frais de films de kung-fu. Alors qu'il commençait comme une pochade historique, le métrage prend ses quartiers de film d'art martial pour tenir en haleine le spectateur jusqu'à un final qui semble vouloir annoncer une suite.

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Commentaires: 9
  • #1

    Alice In Oliver (mercredi, 21 octobre 2015 16:06)

    Ah j'adore ce genre de cycle consacré aux vieux films de kung fu. Souvent, ces films possèdent un charme particulier

  • #2

    Rigs Mordo (mercredi, 21 octobre 2015 16:31)

    Super boulot, Roggy, en tout cas tu m'as collé la flotte aux lèvres ! Je crève d'envie de voir ces fameux hommes de bronze et aller me balader dans leur labyrinthe! Et Le Fauve Noir du Kung-Fu semble bien coolos aussi! Mais vraiment, Le retour des 18 hommes de Bronze, va falloir que je me le trouve, ça donne très envie!

  • #3

    Roggy (mercredi, 21 octobre 2015 17:35)

    A Alice in Oliver,
    Je te confirme que la soirée fut très spéciale pour moi qui ne voit pas tant de films de kung-fu (comme la plupart des gens j'imagine !). Je crois qu'il y en aura d'autres. A suivre donc...

  • #4

    Roggy (mercredi, 21 octobre 2015 17:38)

    A Rigs Mordo,
    Merci pour ton commentaire et j'espère vraiment que tu auras l'occasion de les visionner. J'avoue que je ne sais pas s'ils sont sortis en DVD. "Le retour des 18 hommes de Bronze" fait presque office de classique alors que c'est une série B dans le genre. Comme quoi, de petits budgets...

  • #5

    Alice In Oliver (vendredi, 23 octobre 2015 08:56)

    Un cycle que l'on aura plaisir à suivre !

  • #6

    Dirty Max (vendredi, 23 octobre 2015 09:49)

    Rien que les titres et les doublages français renvoient à la grande époque du cinoche de quartier. Mater ces deux kung fu flicks en double programme à la cinémathèque permet de retrouver un peu de cette magie (du moins, je l'imagine). Quoi qu'il en soit, tes chroniques, toujours ponctuées de chouettes références, rendent un bel hommage à la folie de ces péloches d'un autre temps.

  • #7

    dr frankNfurter (vendredi, 23 octobre 2015 15:23)

    J'avoue avoir piqué du nez lors du second film, le troisième passage chez les hommes de bronze m'a tué :-D
    En tout cas, chapeau aux deux films car ils se finissent tous les deux de manières abruptes ! Oui j'ai aussi piqué du nez lors du combat final lors du premier film, et de tomber sur le mot Fin aussi rapidement m'a assez surpris ! Pas moins que le second, et la sentence finale du méchant personnage principal ah ah ah.
    Bon on retiendra enfin quand même ce dialogue mémorable à l'instar des doublages à l'arrache du premier film :
    - je ne voulais pas le tuer
    - mais il n'en reste pas moins mort

    Respect ! Bravo

  • #8

    Roggy (vendredi, 23 octobre 2015 16:12)

    A Dirty Max,
    Tu as tout fait raison Max pour cette ambiance de double programme qui passait dans les vieux cinémas de quartiers (cela nous a été d'ailleurs précisé). Merci pour ton commentaire mais ce sont les films qui m'inspirent (la VF n'y est pas pour rien). Quant aux références... :)

  • #9

    Roggy (vendredi, 23 octobre 2015 16:15)

    A dr frankNfurter,
    J'avais oublié cette réplique d'anthologie qui résume bien l'ambiance du premier film :)