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Vendredi 3 avril 2015

Soirée bis brésilien : Ivan Cardoso


Extrait du flyer de la soirée :

A l'approche du cinéma fantastique brésilien, vient immédiatement en tête la figure délicieusement effrayante de José Mojica Marins, « Coffin Jœ », à qui la Cinémathèque française a déjà rendu hommage, en sa présence, il y a une petite quinzaine d'années, et dont nous pourrons voir ou revoir le magnifique « A minuit je posséderai ton âme » le 17 avril prochain. Mais immédiatement après, vient Ivan Cardoso, plus jeune de 16 ans et toujours également en activité.
Influencé par le mythique Bandit de la lumière rouge (1968), il devient assistant de son réalisateur Rogério Sganzerla, puis de Julio Bressane, deux figures marquantes du cinéma marginal brésilien. Puis il devient photographe spécialisé dans les couvertures d'albums des plus grands chanteurs brésiliens (Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa). Dans le courant des années 70, il commence à réaliser des films parodiques, d'abord en super 8 (dont le délirant Nosferatu au Brésil), avec toute une même bande d'acteurs dénommée les Ivamps dans laquelle on retrouve sa femme Helena Lustosa et ses amis Ricardo Horta, Zé Português, Cristiny Nazareth et Afonso Pena.
C'est en 1982 qu'Ivan Cardoso débute le tournage de son premier long métrage, à petit budget, en 35mm, Le secret de la momie, sans qu'une histoire soit définie à l'origine. Cardoso se base à l'origine sur les travaux de son meilleur ami, Eduardo Viveiros de Castro, grand anthropologue brésilien. Le scientifique Expedito Vitus, ridiculisé par ses collègues et qui tente de prouver l'existence de l'élixir de vie sur une momie est joué par Wilson Grey, qui fait ici ses débuts au cinéma, tout comme le maestro brésilien Júlio Medaglia. Le film fut un grand succès au Brésil et à l'étranger où il reçut plus de vingt prix dans des festivals internationaux. Il inaugure un style inimitable, caractérisé par un savoureux mélange d'érotisme, de comédie délirante (dérivée des très populaires « chanchada » du Brésil), de parodie et d'aventure, qu'on retrouve dans ses autres longs métrages, dont son deuxième (que nous verrons en premier), « Les Sept vampires », un autre blockbuster du genre à l'époque. Un genre nommé « terrir » (additionnant terreur et rire). Par ses films décalés et excentriques, trash et psychédéliques, Ivan Cardoso rend hommage à la fois aux séries B américaines, aux pièces théâtrales radiophoniques et à la pop culture.
Et pour les fans de Zé Mojica Marins, regardez bien le début du Secret de la Momie, vous le reconnaitrez en homme agonisant, caméo clin d'œil au milieu de personnages bizarres, archétypaux et des innombrables femmes nues (chaque actrice du film a au moins sa scène de nu) !

Bernard Payen

Les sept vampires/As sete vampiras(1986)


Pitch : Après avoir vu son mari être dévoré par une plante carnivore, Sylvia, professeur de danse, s'isole du monde dans sa maison de campagne. Un vieil ami finit par la persuader de travailler dans une boîte de nuit.


Le cinéma d'Ivan Cardoso est un mélange de plusieurs influences et le bougre n'hésite pas à embrasser tous les styles dans ce film de vampires qui commence plutôt bizarrement. En effet, le film débute comme un remake de La petite boutique des horreurs avec cette plante carnivore (dont on voit bien qu'elle est animé par plusieurs mains) qui, en mordant Sylvia, la femme du professeur, la transforme en une sorte de vampire. Si le début du film est très drôle, notamment grâce à la plante, ou à l'apparition inattendue d'Alfred Hitchcock présentant le film avec un doublage dans la langue carioca, Les sept vampires vire de bord au gré des envies de son réalisateur.

Le film est un hommage à tout un pan des productions américaines. On passe ainsi du film noir (le détective s'appelle Philip Marlou !), à la comédie vaudevillesque, au thriller (tiens, la musique de Sir Alfred) et à l'épouvante. Une hybridation sympathique partant dans tous les sens saupoudrée (enfin, à la manière de Maïté) d'un érotisme plus que visible. Les sept vampires est avant tout une grosse comédie qui ne s'embarrasse pas trop de son scénario et fait la part belle aux donzelles dénudées lors de séquences gratuites de douches ou d'effeuillages professionnels. Même Sylvia parcourt la campagne en nuisette transparente et cape noire pour assouvir ses instinct comme dans les films de Jean Rollin.

Pourtant, il n'y a pas que du vampirisme dans le film. Dans la 2e moitié du film, Sylvia crée un spectacle avec des femmes vampires dans la boîte de nuit qu'elle gère. Ce qui nous vaut des scènes de music-hall et même un ersatz d'Elvis brésilien au milieu d’assassinats perpétrés par un tueur (façon Le fantôme de l'opéra) possédant une sorte de masque à la Scream ! Il faut bien avouer que les séquences très décousues et l'humour très appuyé, surtout par le jeu des acteurs, alourdissent le film sur la durée. Les scènes sont un peu redondantes et il faut l'intervention d'une police assez déjantée pour dérider l'assistance. Au final, Les sept vampires est une parodie qui charrie plusieurs genres (Cardoso utilise aussi des cartons descriptifs comme dans les films muets) passant aussi bien de l'épouvante, à l'horreur mais toujours mais sur le ton de la déconne. On est clairement dans l'esprit des comédies américaines qui passaient dans les Drive-in. Dommage que la plante carnivore ne réapparaisse plus dans le film, car elle valait son pesant de Caipirinha...



Le secret de la momie (O Segredo da mumia) (1982)


Pitch : Le professeur Expedito Vitus ramène à la vie une momie égyptienne et la transforme en esclave pour enlever de jeunes femmes qui lui permettront de mener à bien ses expérimentations...



Le secret de la momie est le 1er film d'Ivan Cardoso. Il débute comme un serial avec une image sépia très belle sous un ciel déchiré par les éclairs et les dernières volontés d'un homme qui n'est autre que notre Coffin Joe, José Mojica Marins, reconnaissable à son ongle démesuré. On est en plein film d'aventure avec un flash-back sur la découverte de la momie dans un des pyramides du Caire. La reconstitution est faite grâce à des photos et des extérieurs sûrement plus brésiliens qu'égyptiens. Dès que le professeur Vitus ramène la momie au Brésil, le métrage se transforme encore une fois en un maelstrom de différents styles avec toujours comme fil rouge la comédie érotique. Tous les moyens sont bons pour mettre du sein et de la fesse à l'écran (les origines de la momie, les esclaves égyptiennes, les douches contemporaines...).

Comme dans Les sept vampires, Ivan Cardoso ne se prive pas de montrer des femmes dans un nu intégral comme celles prisonnières dans la cave du professeur, revenues à l'état sauvage et se battant dans le plus simple appareil !?! L'humour est ici entretenu par le serviteur chauve, Igor, ramené à la vie par Vitus (qui a des faux airs d'Howard Vernon) aux penchants sexuels et aux mimiques décalés (il n'hésite pas à tuer ou à léchouiller une servante). Malgré tout, Le secret de la momie se laisse suivre avec plaisir notamment grâce à la créature aux bandelettes très réussie qui s'enfuit régulièrement pour aller attraper des femmes peu farouches. L'ambiance et les cadrages rendent hommage aux films de la Universal quand la momie porte ses victimes ou lors de son retour à la vie à la manière de Frankenstein, le tout filmé en ombre chinoise.

Le secret de la momie possède donc beaucoup de qualités visuelles malgré quelques inserts décalés comme l'élection de Miss Brésil ou des intermèdes musicaux (Igor a une voix de ténor !), sans oublier la façon de se déplacer discrètement du journaliste à l'image de Jean Dujardin dans les OSS 117. La dernière séquence de la disparition de la momie, croyant avoir retrouvé son amour ancestral, est assez magnifique et nous renvoie directement aux plus belles heures des productions fantastiques.

Ivan Cardoso est un cinéaste brésilien à découvrir pour les amoureux du bis et de la gaudriole. Et, je sais qu'ils sont nombreux !

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 04 avril 2015 18:16)

    Putain ça semble super cool, les deux ! Bon ils semblent avoir des défauts (moi le music-hall..) mais une plante monstrueuse (dommage qu'elle ne revienne pas visiblement) et une momie, je signe! Cool ça tombe à pic vu que je me demandais ce que le Brésil faisait à part Coffin Joe! Super chro Roggy, ne jette pas ce papier, ça pourrait resservir... sur papier !!

  • #2

    laseancearoggy (samedi, 04 avril 2015 19:46)

    Merci Rigs pour ton commentaire. C'est vrai que dans le 1er film, il y a une chanson yé-yé et un pseudo spectacle érotique. Pour le reste, malgré quelques scories, les deux films sont assez sympatoches.