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6e jour et palmarès du PIFFF

 

Avant-dernier jour avec le russe Why don't you just die ? de Kirill Sokolov et cérémonie de clôture avec le drame SM fino-letton Dogs Don’t Wear Pants de J.-P. Valkeapää.

 

Why don't you just die ? - Russie – 2018 - Kirill Sokolov

 

En compétition et en présence du réalisateur

 

Pitch : Marteau en main, Matvey est déterminé à aller venger sa petite amie des mauvais traitements infligés par son père. Celui-ci, un flic plutôt costaud, ne va pas se laisser faire. Les deux hommes s’écharpent dans l’appartement familial, et sont bientôt rejoints par d’autres protagonistes prêts à en découdre.

 

Film concept, un huis-clos filmé comme un western avec la bande-son qui va avec, Why don't you just die ? est le premier film de Kirill Sokolov, jeune réalisateur, ancien ingénieur en nanotechnologie. A l'image de son métier d'origine, le long-métrage est carré, bien mit en scène, en un mot calibré pour les festivals.

Le film conte la vengeance d'un jeune homme Matvey (Aleksandr Kuznetsov, Rage) qui débarque dans l'appartement d'un policier Andrey (Vitaliy Khaev) et de sa femme. Armé d'un marteau, Matvey semble prêt à tout pour massacrer le colosse chauve face à lui. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu et l'affrontement des deux personnages principaux tourne au carnage et aux giclées de sang. Force est de constater que le réalisateur s'en sort correctement avec le peu de moyens à disposition dans les quelques pièces de l'appartement. Une mise en scène léchée et des duels digne de Le bon, la brute et le truand (la référence aux westerns européens est prégnante).

Si le film est bien rythmé, il ne raconte pas grand-chose hormis un état délabrée et corrompue de la société russe (dixit Kirill Sokolov), tous les flics sont pourris, et la violence avec laquelle se règlent les conflits. Sur la durée, le long-métrage s'avère répétitif et enchaîne les bastons à coups de poings, de pied ou avec des flingues, en tenant compte de l'arrivée de nouveaux protagonistes. Le jeune réal rentre dans le lard et multiplie les plans sanglants jusqu'à une séquence de torture à l'aide d'une perceuse. Au milieu de cette mêlée généralisée, l'humour est bien présent mais il manque une véritable empathie pour les personnages avant la résolution finale plutôt convenue. Au final, Why don't you just die ? reste très prévisible malgré sa bonne tenue globale et ses nombreuses références à tout un pan de la cinéphilie, et le cinéma coréen en particulier. Toute référence à Old boy n'est sans doute pas fortuite.

 

3,5/6

 

Cérémonie de clôture

 

Dogs Don’t Wear Pants - Finlande/Lettonie 2019 - J.-P. Valkeapää

 

Pitch : Juha porte le deuil de son épouse comme une seconde peau. Alors qu’il accompagne sa fille au salon de piercing, ses déambulations à l’étage le font tomber nez à fouet sur une dominatrix. La rencontre lui réveille des émotions enfouies, qu’il ne va cesser de vouloir explorer toujours plus loin.

 

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année, Dogs Don’t Wear Pants est avant tout un drame sentimental et amoureux, bien au-delà de sa réputation de film sur le sado-masochisme. Juha (Pekka Strang) a perdu pied depuis la disparition de sa femme. Sa vie semble anonyme entre sa fille qui grandit sans mère et son travail de chirurgien. Par hasard, il tombe sur une dominatrice, Mona (Krista Kosonen) qui va changer le cours de sa vie.

Avec ce troisième long-métrage, J.-P. Valkeapää répond à la question sur ce qu'il y a après la mort pour le survivant, et propose une alternative au deuil. Juha comprend qu'il peut revivre le moment de la noyade de sa femme en subissant le sadisme de Mona. Attaché et étranglé, il emprunte les portes de l'apoplexie en enfilant un sac sur la tête jusqu'à ne plus respirer et frôler la crise cardiaque. A cet instant, il revoie sa femme et profite de ce bonheur fugace. Sauf que l'homme prend goût à cette expérience inédite et aux limites du désespoir. Idem pour Mona qui semble attirée un peu plus à chaque nouvelle séance.

Sans jamais tomber dans la vulgarité ou la nudité gratuite, le réalisateur construit un film attachant et simple autour de la descente aux enfers de Juha qui s'avère presque une renaissance, même si c'est au prix de son travail et du délaissement de sa fille. Petit à petit, Juha intègre les codes du masochisme, se laisse humilier (il est traité comme un chien, d'où le titre du film) non pas perversion mais par désir de réminiscence conjugale. A la fois drôle et touchant, Dogs Don’t Wear Pants parvient à atteindre le cœur de la cible, bien au-delà des clichés sur le monde du SM, vecteur inattendu d'une rédemption par la douleur.

 

4/6

 

Palmarès du PIFFF 2019 :

 

Oeil d’or, prix du jury Ciné+ Frisson et du jury Mad compétition longs métrages internationaux : Why don't you just die ? de Kirill Sokolov

 

Oeil d’or, prix de du jury Ciné+ Frisson compétition longs métrages internationaux : I see you d'Adam Randall

 

Oeil d’or et Prix Ciné+ Frisson compétition court-métrage français : Boustifaille de Pierre Mazingarbe

 

Prix du public : Dibbuk de Dayan D. Oualid

 

Oeil d’or compétition courts métrages internationaux : My little goat de Tomoki Misato

 

 

Bilan personnel du PIFFF 2019 :

 

Après l'épisode de gilets jaunes l'an dernier, le PIFFF 2019 subissait les affres de la grève des transports (- 20 % de spectateurs au total). Malgré tout, les festivals ont garni les travées plus clairsemées qu'à l'accoutumée du Max Linder et visionner une sélection officielle très dense en qualité, même si aucun film ne se détachait complètement comme certaines années. Je n'ai pas pu tout voir malheureusement mais l'emsemble avait de la gueule notamment l'originalité psychédélique de The wave de Gille Klabin, l'anthologie horrifique très réussie The mortuary collection de Ryan Spindell, ou encore la comédie loufoque fantastique Extra ordinary de Mike Ahern et Enda Loughman.

Hors-compétition, le meilleur film de la semaine fut sans conteste pour ma pomme Jallikattu de l'indien Lijo Jose Pellissery, œuvre à la maîtrise visuelle bluffante jusqu'à un climax mémorable. A cela, je rajouterai une petite pensée pour le sympathique film d'ouverture lovecraftien Colour out of space de Richard Stanley avec un Nicolas Cage toujours aussi halluciné et les séances cultes avec Battle royale ou Vendredi 13. Quant au palmarès, il n'a pas fait dans l'originalité en récompensant le film le thriller très vendeur pour Ciné + (I see you) et le plus « facile » pour les autres prix avec Why don't you just die ? film de festival qu'affectionnent les festivaliers.

 

Bref, une très bonne cuvée qu'on espère du même tonneau, voire encore meilleure pour 2020, année anniversaire pour les 10 ans du PIFFF.

 

A l'année prochaine !

 

Roggy.

 

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