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5ème jour

Deux longs-métrages au programme de cette avant-dernière journée avec le film anglais Prevenge de l'actrice Alice Lowe et un film d'exorcisme coréen The priests. Attention, ceux-là ne chantent pas dans les Zénith...

 

 

PREVENGE – Vengeance de femme – UK – 2016 – Alice Lowe

En compétition

 

Pitch : Suivant les conseils avisés de son fœtus, une femme enceinte décide de s’adonner à l’auto-justice et se débarrasse de tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.

 

Sur un pitch très particulier, Alice Lowe réalise ici son premier film. On la connaît surtout comme actrice notamment dans le Touristes de Ben Weathley dont elle avait aussi coécrit le scénario. Enceinte au moment du tournage, Alice Lowe livre ici une œuvre assez sombre tout en maintenant une certaine forme d'humour décalé propre au cinéma britannique.

Prevenge qui est une contraction de « pregnant » et « revenge » correspond à la vengeance d'une femme enceinte suite à un deuil dont on apprendra plus tard la raison. Dès la première scène, Ruth (Alice Lowe) tue de sang froid le gérant libidineux d'un magasin d'animaux. Le ton est donné avec un égorgement efficace et surprenant. Cette jeune femme a pourtant l'air d'être normale et on se demande pourquoi elle assassine des personnes. Le scénario dévoilera le pot aux roses à la fin même si on peut le deviner assez rapidement.

La bonne idée du film est qu'Alice parle avec son bébé en gestation. En fait, c'est ce dernier qui l'incite à commettre ses actes sanguinaires comme un ange du mal qui viendrait lui chuchoter à l'oreille. Progressivement, on entend la petite voix fustigeant la Terre entière et appelant à la destruction de l'humaine. Quand Ruth refuse, elle est prise de maux de ventre et se soumet de bon gré à ce diktat enfantin. Si sa schizophrénie semble prendre de l'ampleur, elle traduit aussi une misanthropie et une dénonciation d'une société anglaise paumée et en manque de repère.

Tourné en une dizaine de jours, Prevenge est un conte macabre doté d'un humour anglais complètement barré lorsque Ruth fait des rencontres volontaires pour se venger. Des situations très drôles qui l'amènent à rencontrer un DJ ringard, une working girl imbuvable ou une femme sportive. Tous vont y passer soit avec un couteau que Ruth transporte, soit avec ce qu'elle a sous la main. Si la comédie est de mise (les dialogues sont ciselés et excellents) le film ne néglige par pour autant son aspect glauque lors des meurtres et montre sans fard les résultats des attaques avec des effets sanglants voire gore en gros plan.

Un parti pris intéressant d'autant plus qu'il est en décalage avec les situations comiques prégnantes dans le long-métrage. Pourtant, on est bien dans un revenge movie saignant qui ne fait pas dans la demi-mesure et qui renvoie forcément au bisseux et trash Baby blood d'Alain Robak en 1990. Sur ce même concept, la réalisatrice construit un film léger mais bien tenu montrant le trauma d'une femme en deuil, perdue dans une existence qui semble la rejeter (son assistante de vie est particulièrement nunuche). Dommage que les scènes de meurtres soient un peu répétitives et que le film ne possède pas beaucoup d'enjeux hormis la vengeance.

Malgré ces quelques défauts, il faut souligner la qualité de la réalisation et le traitement atypique de la perte de quelqu'un et de la maternité, surtout qu'Alice Lowe est réellement enceinte au moment du tournage. Prevenge est donc une bonne surprise dont on retrouvait déjà des éléments de narration et d'humour noir dans Touristes.

 

4/6

 

THE PRIESTS – Exorcisme – Corée-du-Sud – 2015 – Jang Jae-hyun

Pitch : Deux prêtres tentent de découvrir l’identité d’un homme qui a agressé une jeune fille. S’agit-il d’un esprit maléfique ou d’un simple violeur ?

 

Issu d'un court-métrage que l'on retrouvait dans l'anthologie horrifique Claustrophobia en 2015, The Priests est une relecture du film d'exorcisme, genre cinématographique exploité jusqu'à la moëlle dont le maître-étalon reste toujours L'Exorciste chef-d’œuvre de William Friedkin, jusqu'aux bisseries italiennes fauchés mais sympathiques. Difficile donc pour les coréens de relever le challenge dans ce contexte et de renouveler un genre trop bien connu dans nos contrées.

Si le film est purement oriental, le réalisateur tient pourtant, dès le départ, à le rattacher aux classiques en situant son entame en Italie et dans la langue de Dante. Ce qui montre un désir de filiation et de revenir aux sources de ces pratiques. Il faut dire que le démon qui a pris possession de Young-shin (Park So-dam) est plutôt du genre ancien bien avant les hommes et la Bible puisqu'il renvoie directement aux Homo sapiens. Ce n'est donc pas un rigolo et le Père Kim (Kim Yon-seok, The Chaser) et son jeune diacre Choi (Kang Dong-won vu dans le très fun Woochi) vont avoir du pain sur l'autel pour combattre cette entité millénaire.

Après une première scène voyant deux prêtes italiens subir les foudres du mal dans une multitude d'accidents causés par la bête (en l'occurrence un petit porcelet), on suit le personnage de Choi dans son apprentissage au séminaire et sa désignation pour aider le Père Kim. Parce qu'on est en Corée, le ton est décalé voire comique dans la mesure où Choi est présenté comme un laxiste et un débauché à la limite de la bêtise. Idem pour le Père Kim, vu comme un rebelle à l'allure d'un flic violent dans un polar au pays du matin calme. On ne croit pas vraiment à sa condition d'ecclésiastique mais ce duo antinomique va se créer pour sauver Young-Shin de la créature qui a pris possession d'elle.

La première partie du film est de fait assez bavarde pour désigner le diacre, que ce dernier se rende chez l'ancien aide de Kim pour connaître les raisons de son abandon ou lors de la découverte par Choi des enregistrements des premiers exorcismes révélant au passage des faits graves concernant le Père Kim. Sans être désagréable et en ressassant pas mal de situations déjà vues, The Priests remplit son office jusqu'à la seconde partie du film consacré à l'exorcisme en lui-même. Il est d'ailleurs assez drôle de remarquer qu'à quelques mois d'intervalle, on se retrouve avec des scènes d'exorcisme s'il ont pense à celle très spectaculaire de The Strangers entre shamanisme et catholicisme.

Même si les pratiques rituelles sont présentes à l'écran, c'est bien tout l'attirail catholique qui est de sortie. Les croix, les reliques sacrées et les vêtements religieux sont la dominante du film qui fait plutôt dans le classique. Un peu comme l'exorcisme en lui-même ne révolutionnant pas le genre bien qu'il soit efficace et que la jeune fille parle les langues anciennes et vocifère comme une damnée. On marche sur les chemins balisés par des œuvres déjà évoquées que le réalisateur ne parviendra pas à surpasser malgré des velléités de conférer aux deux hommes des background traumatiques. Il plane sur Kim un soupçon d'attouchements envers Young-Shin et Choi ne s'est jamais remis de la mort de sa petite sœur dans son enfance. Des séquences trop appuyées et larmoyantes inutilement à mon sens.

Au final The Priests fonctionne plutôt bien grâce à une mise en scène et des situations spectaculaires amenant à un exorcisme, certes souvent entrevu dans les films du même genre, mais assez bien filmé pour tenir le spectateur en haleine. Le clou du spectacle étant la participation du petit porcelet présent une bonne partie du film et qui aura une fonction importante sur la fin. Le premier cochon maléfique de l'histoire...

 

3,5/6

 

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