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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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3ème jour

Grosse journée aujourd'hui avec quatre films au compteur. En commençant par une OFNI déjanté américain The Greasy strangler, une relecture canadienne de l'homme invisible (The Unseen) et une comédie fantastique chinoise très réussie (The Mermaid).

Je ne ferai pas de retour de la séance culte, en l'occurrence de Prince des ténèbres de John Carpenter, en version restaurée qui n'a pas bougée et reste un chef-d’œuvre dans son genre. Pas la peine d'en rajouter.

 

THE GREASY STRANGLER – Comédie crado – USA – 2015 – Jim Hosking

 

En compétition

 

Pitch : Tandis qu’un assassin rôde en ville, un vieil acariâtre et son grand dadais de fils voient leur relation tourner au vinaigre lorsque ce dernier fait la connaissance d’une jeune femme gironde…

 

 

Imaginez que la Troma baise avec John Waters, South Park et même Groland, et vous obtiendrez un rejeton bien dégueulasse avec ce premier film réalisé par Jim Hosking (déjà auteur d'un sketch dans The ABC's of death 2). Un condensé de n'importe quoi (avec notamment Elijah Wood et Ben Wheatley en producteurs) avec un trash qui fonctionne bien au départ mais à du mal à perdurer toute la projection.

Les premières minutes sont ainsi assez réussies, puisqu'on suit Brayden (Sky Elobar) et son père Big Ronnie (Michael St. Michaels) dans leur quotidien très particulier. En effet, les deux vivent ensemble à moitié nu (un pauvre slip et souvent rien en fait) et organisent des tours operators foireux de lieux où les stars du disco auraient composé leurs tubes. Affublé de vêtements roses flashy, les deux zigotos forment un duo de dégénérés entre un père odieux, péteur et adepte du gras en grande quantité pour ses repas et son fils un peu attardé mais tombant sous le charme de Janet (Elizabeth De Razzo) avec laquelle ils vont former un triangle amoureux au romantisme proche d'une saucisse cuite dans son jus.

Si on sourit au départ à ce monde de l'absurde, affreux, sale et méchant, il faut constater que le délire devient répétitif sur la durée règlementaire. Un peu comme certaines répliques ou scènes répétées à l'infini comme un gimmick tarantinesque et quelque peu indigeste. Les pérégrinations de nos joyeux lurons entre cuisine grasse, envie de forniquer (le père à un engin digne de Rocco Siffredi et le montre souvent) et engueulades dans des tenues dignes d'un Michou du Bois de Boulogne. Même si on adhère, au départ, à cet univers déglingué (tous le monde est laid et accoutré de vêtements surannés ou de postiches), l'accumulation de gags pas vraiment drôles rend la projection pénible sur la longueur.

Dommage, car la bonne idée du film, le père se recouvre de graisse pour devenir le « Greasy stangler », littéralement l'étrangleur graisseux, est sous exploitée pour laisser la place à un amas de pets, de discussions absurdes, de séances de culs, ou de danses au son d'une musique de synthétiseurs cousine de Mario Bros. On ne saura jamais pourquoi il se transforme ainsi et tue sans retenue tous ceux qui passent sur son chemin, mais son délire d'assassin très cartoonesque et gore, les yeux et les têtes explosent, amenant le film sur le terrain du slasher « tromatique » sans réellement l'utiliser. L'histoire tourne en rond pour découvrir l'identité du tueur (même si on le reconnaît bien) tandis que ce dernier se nettoie dans un laveur automatique pour voiture, tenu par un aveugle, après ses exactions et en ressort nu comme un ver en balançant des vacheries sur son fils ou sa copine qu'il rêve de sauter.

Au final, cette sauce bien grasse est difficile à avaler sur la longueur là un court-métrage aurait sans doute suffit. Si on rit un peu au début, difficile de maintenir la cadence sur la durée tant les scènes sont répétitives. Un comique de répétition se voulant certes transgressif mais ayant du mal à faire de l'ombre à la Troma car il manque ce côté amateur et nonsensique de Lloyd Kaufman qui ne cherche pas à faire de l'esthétisme et des plans soignés avec du dégueulasse et de la graisse.

 

2,5/6

 

THE UNSEEN – Homme invisible – Canada - 2016 – Geoff Redknap

 

En compétition

 

Pitch : Persuadé qu’il devient invisible, un homme solitaire décide de retrouver sa fille, disparue sans laisser de trace. Parviendra-t-il à résoudre le mystère en dépit de son état physique instable ?

 

Pour son premier film en tant que réalisateur, le canadien Geoff Redknap parvient à renouveler la figure de l'homme invisible avec ce premier essai prometteur. A la base maquilleur et travaillant sur les effets spéciaux de la série X-files, Les Gardiens de la galaxie ou Deadpool, le jeune réalisateur franchit le cap avec une certaine réussite malgré quelques scories inhérente à un premier long-métrage.

Avec cette relecture du mythe de l'homme invisible, le réalisateur et scénariste a souhaité s'affranchir de toute iconographie gothique ou serialesque que l'on connaît bien sur le sujet. En plaçant son héros dans une réalité difficile, le monde des ouvriers dans l'industrie du bois, Geoff Redknap casse les codes et entame son film comme un drame familial dans un paysage de campagne enneigé. Rob Langmore (Aden Young aux faux airs de Karl Urban) est un travailleur lambda dans une scierie, séparée de sa femme Darlene (Camille Sullivan) et de sa fille rebelle Eva (Julia Sarah Stone). Afin de payer ses dettes, il accepte le contrat d'une petite frappe locale pour faire la mule le temps d'un voyage. En chemin, il en profite pour retourner dans sa famille pour aider à l'ado turbulente.

Mais Rob a un secret. Il commence à disparaître. Sa main et son ventre s'évaporent progressivement. Ce que l'on voit très bien lorsqu'il enlève le bandeau de sa mimine transparente ou soulève ses vêtements laissant apparaître une côte fracturée. A ce titre, il faut noter la qualité des effets spéciaux au vu de l'enveloppe réduite de cette production indépendante. Si Rob se bat, c'est autant pour ne pas disparaître que pour sauver sa fille et reprendre contact avec son ex-femme (qui vit désormais avec une autre femme) dans une première partie d'exposition peut-être un peu longuette et aux ambitions certainement démesurées compte tenu du budget et du sujet. Certes, les personnages sont bien caractérisés et la caméra fluide rend bien hommage aux paysages du nord de l'Amérique, mais on sent qu'il est difficile de concilier les deux dans ce premier film.

Néanmoins, la deuxième partie de The Unseen prend plus les chemins du fantastique quand le passé ressurgit par le biais d'un asile de fous où a séjourné le père de Rob, lui aussi atteint de la même maladie. L'histoire de l'homme invisible se développe un peu plus au travers de la relation entre Rob et Eva prenant parallèlement une certaine consistance pendant que son état empire de plus belle (encore de magnifiques effets visuels). Les rebondissements s'enchaînent alors avec fluidité et les secrets se dévoilent grâce à un scénario malin et des scènes d'action parfaitement haletantes sans en faire trop. On n'est pas dans le film de super-héros, mais Geoff Redknap parvient à créer une sorte de mythologie avec son personnage assumant de plus en plus sa condition.

The Unseen penche donc plutôt du bon côté de la balance notamment grâce à la qualité de l'interprétation de l'ensemble du casting et de cette deuxième partie qui assume la relecture de l'homme invisible finalement très originale dans son traitement. Sans doute trop gourmand, le réalisateur se perd un peu à vouloir embrasser tous les genres mais il faut quand même saluer la réussite globale de l'entreprise pour un auteur qui a certainement un bel avenir devant lui.

 

3,5/6

 

THE MERMAID 3D – Comédie aquatique – Hong-Kong/Chine – 2016 – Stephen Chow

Hors compétition et vu en 3D

 

Pitch : Shan, une jolie sirène, est sommée par les siens d’assassiner Xuan, un promoteur immobilier dont le travail menace l’écosystème. Problème : la belle tombe amoureuse de cet homme qu’elle devait empêcher de nuire...

 

The Mermaid est la bonne surprise du festival. Une comédie déjanté et cartoonesque dont a le secret un Stephen Chow qu'on connaît sous nos latitudes avec surtout Shaoling soccer, Crazy Kung-fu ou encore CJ7. Son dernier film en 2013 étant le sympathique mais imparfait Journey to the West : Conquering the Demons. Un auteur prolifique qui nous revient cette année avec cette comédie fantastique avec une 3D des plus réjouissantes.

Le cinéma de Stephen Chow ressemble souvent à une adaptation live d'un manga. The Mermaid ne trahit pas à la règle puisqu'on suit le parcours de Shan (Yun-Lin Jhuang), une sirène qui parvient à se déplacer avec des chaussures sur la terre ferme et de ses acolytes à queue comme le sémillant Octopus (Show Luo), une créature mi-homme mi-poulpe qui déteste un promoteur immobilier Liu Xuan (Chao Deng) particulièrement détestable et qui cherche à s'emparer de la baie où vivent les descendants de ces sirènes installés là depuis des siècles.

Comme à son habitude, Stephen Chow fait dans la gaudriole avec un humour omniprésent et des situations rocambolesques notamment lors de la confrontation des deux mondes. Et on sent bien que le gamin de 54 ans s'amuse comme un petit fou et laisse aller son imagination grâce à une prédominance des effets spéciaux (on lui pardonnera certains à la limite) pour un délire visuel permettant de créer un univers aquatique où évoluent toute une ribambelle de sirènes hommes et femmes, situé entre le film fantastique, la comédie potache et la parodie de JamesBonderie d'espionnage.

Outre ses délires visuels et ses scènes d'action, la grande qualité du film est son humour permanent s'accordant parfaitement aux situations nonsensiques dignes d'un film d'animation déjanté. On rit beaucoup dès la première scène jouant sur le côté usurpateur de personnages se travestissant en sirènes pour abuser les touristes. Et les scènes drôles de s'enchaîner à un rythme fou avec une inventivité et un comique de situation hilarant à la fois intelligent et rafraîchissant. On passe ainsi du slapstick burlesque à la Buster Keaton, quand Shan essaie de tuer Liu Xuan, à des gags plus simples lorsque Octopus se fait cuisiner ses pattes devant une assistance médusée. On pourrait ainsi multiplier les exemples réussies qui parsèment ce film bourré d'idées (on a même droit à de la comédie musicale décalée) et de trouvailles visuelles.

Quand il se fait plus sérieux, The Mermaid perd en intensité et les séquences d'action, certes convenables, sont relativement en-deça de l'aspect drôlatique qui imprègne tout le film. Parce qu'en filigrane (enfin à gros trait soyons franc), Stephen Show dénonce les pratiques des financiers seulement mus par l'argent et capables de détruire la planète et notre écosystème (on voit des images de tuerie de dauphins) juste à des fins mercantiles. Comme on n'est pas chez Disney, on compte les morts mais sans que le film bascule dans le portnawak. Tenu jusqu'au bout, The Mermaid s'avère une franche réussite.

Stephen Chow est un fou de la caméra et son cinéma donne la pêche grâce à une bonne humeur qui transpire de l'écran, et la mise en scène de situations à mourir de rire. Parce qu'il est généreux, le réalisateur communique son plaisir aux spectateurs et multiplie les cameo notamment celui de Tsui Hark (The Blade) avec lequel il a déjà tourné la suite de Journey to the West : Conquering the Demons. Alors, n'hésitez pas à plonger avec lui dans ce film bien barré mais hautement recommandable.

 

4/6

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Commentaires: 4
  • #1

    Alice In Oliver (samedi, 10 décembre 2016 18:32)

    Mince, j'avoue que je me délectais à l'avance de THE GREASY STRANGLER, annoncé comme une comédie horrifique crade et complètement déjantée. Une déception visiblement

  • #2

    Roggy (dimanche, 11 décembre 2016 09:04)

    Il y a une partie des festivaliers qui ont aimé le film et qui le considèrent déjà comme culte. Il est donc possible que tu aimes ce film très particulier. Tu me diras si tu peux le voir.

  • #3

    Avel (samedi, 24 décembre 2016 11:01)

    Ah oui "The Mermaid" a vraiment l'air super ! Faut que je le vois ! :D

  • #4

    Roggy (vendredi, 06 janvier 2017 23:22)

    Je ne sais pas si tu le verras en 3D mais j'imagine qu'en 2D, l'humour est toujours de mise !