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5e Jour

Une avant-dernière journée de festival avec les deux derniers films de la compétition, et pour moi les deux meilleurs en particulier l'ultime. Si Starry eyes a divisé les festivals sur son approche radicale et difficile, Spring aura remis tout le monde d'accord pour ce film d'amour qui s'annonce déjà comme le grand vainqueur de la compétition. C'est mon coup de cœur du festival et certainement le meilleur film en compétition.

 

 

STARRY EYES – Horreur - 2014 – USA – Kevin Kolsch et Dennis Widmyer (en compétition)

 

Pitch : Sarah Walker a un petit boulot sans avenir sous le joug d’un patron qui la prend de haut, elle subit des amitiés superficielles avec des acteurs concurrents et participe à des castings qui n’aboutissent à rien. Après plusieurs auditions humiliantes face à un duo pour le moins bizarre, elle décroche le rôle principal dans leur nouveau film. Malgré le fait qu’ils lui demandent de faire des choses de plus en plus étranges, elle sera prête à tout pour réussir, aveuglée par son fantasme de célébrité.

 

Il se dégage une forme de puissance désabusée de ce 2e film (après Absence en 2009) du duo de réalisateurs Kevin Kolsch et Dennis Widmyer. Starry eyes est une satire d'Hollywood et du cinéma en général. En effet, le film commence comme un petite bluette où l'héroïne chercherait à faire du cinéma, et qui bascule progressivement dans l'horreur vicérale, sanglante et maléfique.

Starry eyes est une œuvre qu'on ne voit pas venir au départ. On est dans le film social ricain indé bien shooté et, dès le 1er casting, on s'aperçoit que Sarah a un problème de comportement. Elle s'arrache les cheveux pour se rassurer parce qu'elle se sent humiliée. Le film est aussi une dénonciation de ces nombreux castings promettant du rève aux jeunes filles mais qui sont source au final de désillusion et de mal être. Un malaise d'autant plus palpable du fait de l'attitude des professionnels cherchant la perle rare.

Prête à tout pour réussir, Sarah devient ainsi le jouet d'une organisation étrange qui lui fera franchir les portes de l'enfer. Une ambiance particulièrement bizarre aux accents lynchéien (on peut penser à Mulloland Drive et à Twin Peaks) entourée de personnages énigmatiques et manipulateurs. Une atmosphère vénéneuse dont la finalité ne sera jamais réellement explicitée mais qui confère au film des atours à la fois malsains et attirants.

D'ailleurs, dans la 2e partie, le film se pare des oripeaux du film d'horreur plus classique lorsque Sarah (remarquable Alexandra Essoe qui porte le film sur ses épaules) commence à changer physiquement (un peu comme dans Contracted de Eric England). Son corps se dégrade lentement comme si elle pourrissait de l'intérieur et devenait un zombie. Un processus de désagrégation d'elle-même à l'image de son âme vendue à une gloire supposée qui va se transformer en horreur absolue dans des séquences de violence extrêmement explicites et ultra-gore. Une horreur frontale et brutale montrant bien sa déchéance mentale.

La fin du film est encore différente en virant de bord après des élans putrides et horrifiques. Une violence salutaire pour Sarah l'amenant à sa rédemption dans des scènes de rituels maléfiques et organiques à la beauté troublante. Des séquences magnifiques pour un film qui se fait tour à tour charmant, dérangeant et sensuel avec un personnage qu'on n'arrive pas à détester malgré la teneur de ses actes.

 

Note : 4+ / 6

 

 

SPRING – Fantastique - 2014 – USA – Justin Benson et Aaron Moorhead (en compétition)

 

Pitch : Après la mort de sa mère, un jeune homme est obligé de s’enfuir en Italie, poursuivi par la police. Là, il rencontre et tombe amoureux d’une femme mystérieuse et dissimulant un dangereux secret.

 

Au-delà de l'écrin de cinéma de genre qui enserre cette œuvre, Spring est avant tout un grand film d'amour. Une histoire universelle réalisée par les deux auteurs de Resolution, petit film d'épouvante qui s'était déjà fait remarqué. Hors ici, le film est plus fort et plus abouti que le précédent.

Il faut se laisser porter par Spring (la bande-annonce est ratée et ne donne pas envie) qui débute comme un petit film de potes et nous emmene jusqu'aux rives de la côte italienne. Au départ, on se croirait dans un film indépendant américain avec ses personnages gouailleurs et drôles (mention spéciale à Jérémy Gardner, l'auteur de l'excellent The battery, en ami continuellement sous drogue) au milieu d'un univers urbain bien connu. Pourtant, en déplaçant son intrigue en Europe, le film se nimbe d'une ambiance plus feutrée aux antipodes des canons habituels des films de genre.

Lorsque Evan (empathique Lou Taylor Pucci aperçu dans le remake d'Evil dead) rencontre Louise, il en tombe éperdument amoureux. Il faut dire que la belle (Nadia Hilker) dégage une animalité et un charme auxquels il est difficile de résister. Hors, Nadia possède aussi un secret qui est incompatible avec la pérennité d'une histoire d'amour. Sa nature monstrueuse intrinsèque nous sera dévoilée lentement pour aboutir à des visions magnifiques qui renverront directement autant au Possession de Zulawski, qu'au Mythe de Cthulhu de Lovecraft.

La force de Spring est justement de ne pas faire de cet aspect fantastique le cœur du film. L'essence même du moteur du métrage est l'amour pur, sensitif et sexuel qui animent ses deux êtres auxquels on croit de bout en bout. Une symbiose parfaite entre les deux personnages jamais sirupeuse ou gnan-gnan. De la même manière, les second rôles sont ne sont pas en reste, aussi bien les touristes qu'Evan croise ou le fermier italien qui le recueille. Ils imprègnent l'histoire de leur présence et de leur aura personnelle. Une caractérisation des personnages se lovant comme un gant dans les paysages de nature presque sauvage et de ruelles d'un petit village italien sans clichés, totalement en adéquation avec le ton du film.

Spring est donc un film très réussi qui mérite d'être vu, possédant une beauté et une grâce naturelle sublimé par la photographie et la mise en scène (Justin Benson et Aaron Moorhead se partagent tous les postes). Un film maîtrisé à tous les niveaux, fusion parfaite de plusieurs genres, sachant créer une empathie pour ses personnages tout en gardant un humour subtil et surtout une émotion palpable qui se cristalisera dans une dernière séquence simple et belle. Un peu comme une histoire d'amour.

 

Note : 5 / 6

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Commentaires: 5
  • #1

    Rigs Mordo (dimanche, 23 novembre 2014 14:24)

    Même si l'un comme l'autre ne sont pas ma tasse de goudron, tu les vends bien donc me voilà intrigué. Je suppose que Mad movies les proposeras en DVD un jour ou l'autre, au moins Spring si l’accueil fut si bon! En tout cas, encore bravo pour tes textes, encore une fois c'est un putain de plaisir! (tu m'excuseras de ne pas avoir partagé sur FB, ce n'est pas que je ne voulais pas, mais mon net chie des Chocapik et il ne voulait pas afficher la fenêtre de partage, je le partagerai quand ça sera rétabli).

  • #2

    laseancearoggy (dimanche, 23 novembre 2014 23:19)

    Merci Rigs pour ton commentaire. En plus, pour tout te dire c'est "Spring" qui a gagné la compétition ! Ca c'est bon ! Il faudra vraiment que tu le voies celui-là...

  • #3

    ingloriuscritik (lundi, 24 novembre 2014 10:57)

    quel privilège de lire tes chro en direct du PIFF , a travers ton travail toujours aussi consciencieux pertinent et pro ! ils sont trouvé le hercule du PIFF ! ceci dit pour revenir strictement a ces 2 films , bizarrement je suis très attiré par STARRY EYES , malgré les réserves que tu portes , mais parce que tu fais allusion a l'univers de lynch ...Mais visiblement le SPRING a fait le BREAK et remporté le grand prix . tu devrais toucher quelques dollars des distributeurs pour "incitation a l'achat" , parce que depuis le 1er jour du PIFF ma liste est longue ...merci encore un fois pour ton boulot !!!

  • #4

    laseancearoggy (lundi, 24 novembre 2014 13:50)

    Merci pour tes commentaires très sympathiques ! Et non, je ne vais pas toucher de subsides suite à mes rapports du PIFFF. Le but est de relater le mieux possible les films vus avec plaisir et si ça peut inciter des gars comme toi à les voir, c'est tant mieux !

  • #5

    Avel (lundi, 01 décembre 2014 11:32)

    Starry Eyes pourrait me plaire je pense !

    Pour Spring, j'ai un peu peur de m'ennuyer :/