Ma pin-up du mois

L'as de pique
L'as de pique
PIFFF 2023
PIFFF 2023
Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque

Ma Blogothèque cinéphilique

Suivre le site
Suivre le site

4e jour à l'Etrange festival

 

On rentre dans le dur en ce samedi du 4e jour avec 4 films au programme de l'Etrange festival. Du lourd mais qui valait la peine avec le magnifique film d'animation chinois Le serpent blanc, le thriller allemand à base d'autopsies Cut off, le documentaire émouvant et drôle de David Gregory sur Al Adamson Blood & Flesh : the reel life & ghastly death of Al Adamson et pour finir le film horrifique américain The Wretched.

 

 

LE SERPENT BLANC – Aie confiance - Chine – 2019 - Amp Wong & Zhao Ji

En compétition

 

Pitch : Métamorphosée en femme, Blanca, démon du Serpent blanc, devient amnésique. Avec l’aide de Xuan, par ailleurs chasseur de serpents, elle va tenter de retrouver la mémoire. Mais l’aventure se complique quand Blanca et Xuan tombent peu à peu amoureux l’un de l’autre...

 

Présenté sous l'égide de la Warner, ce film chinois est une nouvelle adaptation de la légende du serpent blanc déjà adaptée au cinéma notamment chez Tsui Hark avec Green snake en 1993. Après visionnage, on comprend l'énorme succès du film dans son pays. En effet, Le serpent blanc est une véritable claque visuelle. Dès le départ, le spectateur est emporté par la beauté de l'univers dépeint entre des paysages grandioses et un choix de couleur harmonieux. Sans compter une animation fluide au service d'un scénario simple mais efficace rehaussé par une certaine violence et un humour salvateur.

Bref, même sans être un adepte de l'animation, on peut se prendre au charme du long-métrage qui est avant tout un vrai film de cinéma au-delà de ses qualités extérieures. Les personnages sont attachants et leurs comportements sont aux antipodes de ceux de Disney de par la violence de certaines séquences ou des références sexuelles avant un passage à l'acte soft mais explicite. Certes, la romance entre la femme démon et le chasseur de serpents est présente à l'écran mais elle est délestée de trop de mièvrerie ou de chansons ridicules. L'émotion est à fleur de peau dans cette bataille immuable du bien contre le mal.

Pour le reste, les séquences d'action sont chorégraphiées au diapason de l'explosion des couleurs avec une pointe de comédie représenté par le petit chien du héros Doudou qui, grâce à un tour de magie, obtient la parole et de fait devient le sidekick humoristique du film sans jamais dépassé les limites, juste ce qu'il faut pour rire mais ne pas se moquer d'un personnage qui perd sa queue (une séquence à la fois drôle et irrévérencieux) ou est battu face caméra. On pourra reprocher au film de ne pas aller encore plus loin dans ses thématiques et de parfois trop vouloir faire plaisir aux enfants.

Ce serait un faux procès car Le serpent blanc recèle en lui une énergie et une originalité de tous les instants dans un écrin éblouissant. Plusieurs séquences sont à tomber par terre grâce à la direction artistique et le choix de personnages ambivalents et non monocordes. A l'image de la jeune femme au charme sexuel qui dirige la maison de jade (un des meilleurs passages du film) ou du peuple serpent chassé par des humains à la fois terrorisés et belliqueux. Au final, le film d'Amp Wong et Zhao Ji est une vraie réussite à bien des niveaux, à commencer par une mise en image renversante.

 

4,5/6

 

CUT OFF – Butcher girl - Allemagne – 2018 - Christian Alvart

 

En compétition

 

Pitch : Lors d’une autopsie, une médecin légiste découvre une capsule contenant le numéro de téléphone de sa propre fille. Tentant de la joindre, il découvre que celle-ci est séquestrée. Il n’a d’autre choix que d’accepter un jeu de piste macabre pour sauver son enfant.

 

Christian Alvart n'est pas un inconnu, on se souvient de son Antibodies et de son passage aux US avec Le cas 39 ou Pandorum. De retour en Allemagne, le réalisateur met en scène un nouveau thriller avec au centre des débats la dissection des corps. Un joyeux programme où les végans peuvent passer leur chemin. Car il faut avoir le cœur bien accroché face à Cut off où on suit le destin tragique du médecin légiste Paul Herzfeld (excellent Moritz Bleibtreu, Cours Lola cours) confronté à l'enlèvement de sa propre fille qu'il découvre en autopsiant un cadavre et le numéro de téléphone de cette dernière dans le crane d'un cadavre. A l'image de cette séquence, il faut accepter les incohérences du film qui est parsemé de rebondissements et de grosses ficelles afin de faire avancer le récit. En revanche, formellement Cut off tient la dragée haute à pas mal de productions du même tonneau grâce à la mise en scène, son scénario bien tenu et un casting solide.

Jamais ennuyeux malgré sa durée (2h15), le long-métrage propose des situations extrêmes notamment lorsque la jeune Linda (Jasna Fritzi Bauer, Barbara) est obligée d'autopsier un cadavre pour retrouver un nouvel indice caché dans la gorge de la victime. Coincée sur une île en pleine tempête, Linda devra réaliser l'impossible aidée par Herzfeld au téléphone depuis sa voiture en route pour la retrouver. Et le film est jalonné de scènes où les corps sont ouverts et malmenés avec l'apport extérieur d'un serial killer et d'une machination complexe liée à une vengeance.

Rythmé et divertissant, Cut off n'est pas exempt de reproches comme le trop grand nombre de personnages ou des sous-intrigues multipliant les enjeux et les événements dans un imbroglio somme tout bien réglé. Un peu trop pour entretenir une forme tournant au film concept dont la véracité a déjà foutu le camp à mesure où Herzfeld et son acolyte découvrent de nouveaux cadavres et indices, des vidéos explicatives ou sont mêlés à des situations inconfortables à mesure où l'enquête avance. Sur la fin, le puzzle se reconstitue dans cette émule de Seven à la sauce allemande et aux relents de polar nordique. On pense même aux thrillers coréens au vu de la durée du film et de la résistance du tueur jusqu'à l'ultime bobine comme dans J'ai rencontré le diable.

 

4/6

 

 

Blood & Flesh : the reel life & ghastly death of Al Adamson – Pope of Z - USA – 2019 - David Gregory

 

Pitch : Aussi roublard et pingre que Roger Corman, aussi passionné et talentueux que Ed Wood, Al Adamson est l’auteur d’un nombre de productions d’exploitation dont les titres permettent à eux seuls de saisir la saveur bis des œuvres : Dracula contre Frankenstein, Horror of the Blood Monsters ou encore Psycho a Go-Go et tant d’autres.

 

Qui d'autre que David Gregory, auteur d'un segment de Theatre bizzare et du documentaire sur Richard Stanley Lost soul: the doomed journey of richard stanley's island of Dr. Moreau, pouvait mettre en image la vie si extraordinaire d'un des Papes de la série Z moins connu qu'un Ed Wood ou Roger Corman. Le film permet d'y remédier et de remettre au jour Al Adamson, véritable artisan du cinéma populaire assez complexe et au destin tragique. C'est d'ailleurs par cela que débute le documentaire avec la découverte de son cadavre sous le plancher de sa maison, assassiné par son homme à tout faire.

Au travers de plusieurs témoignages, dont Fred Olen Ray, de ses compagnons d'infortune, d'images d'archive et de sa dernière interview à une chaîne de télévision, David Gregory construit un documentaire qui rend un hommage enamouré à cet homme simple ayant grandi auprès de son père acteur de western muet. Lui-même acteur et pas très doué, le jeune Al reprend le flambeau et décide de devenir réalisateur par opportunisme. Finalement à l'image de sa carrière et de ses films totalement improvisés à même le plateau. Le film raconte surtout le temps heureux où, avec trois bouts de ficelles et du culot, n'importe qui pouvait tourner un film. Accompagné d'une bande fidèles de producteurs, de techniciens et d'acteurs, ces joyeux lurons ont tourné des films à la chaîne sans vraiment connaître le résultat final.

Et souvent, cela valait mieux car Adamson n'était pas intéressé par la mise en scène, se barrait en plein tournage pour aller vendre des journaux (!) et surtout ne payait que rarement sa troupe d'amis. Une récurrence régulièrement mise en avant au sein d'un film bourré d'anecdotes et d'images de films aux noms improbables qui changeaient en fonction des modes du moment. Horror of the Blood Monsters, Dracula contre Frankenstein, ou Satan's sadist en écho au succès d'Easy rider. De fait, l'explication de la confection de ces longs-métrages foutraques est hilarante. Adamson se foutait de tout, son seul objectif étant de faire des films sans tenir compte des règles, même si les acteurs rataient leurs prises, juste pour les distribuer dans les drive-in ou par exemple sur la 42e avenue à New-York.

A l'instar de tournages mouvementés comme cet acteur qui ne connaissait pas son texte et le lisait sur des panneaux face à lui alors qu'il avait un œil de verre, le documentaire montre l'envers du décors. L'improvisation des acteurs recrutés dans la rue ou sortis de leur chômage. Des anciennes gloires oubliées ou malade comme un John Carradine en fin de carrière ou un Lon Chaney Jr affecté par la maladie et l'alcool. Des moments d'une côté très drôles quant à l'élaboration de films remontés dans la foulée car complètement ineptes ou ressortis plusieurs fois sous différents titres, mais également émouvants sur la disparition de la dernière épouse d'Al Adamson ou la fin de ce cinéma d'exploitation qui connu son âge d'or avant de disparaître quand les grands studios produisirent leurs propres films à petit budget. Dommage alors que le film, dans sa dernière bobine, s'échine à disséquer trop longuement l'enquête policière pour élucider la mort du réalisateur. Le documentaire se termine sur une note triste à mon sens alors que le reste du métrage est hilarant, pas pour se foutre de la gueule d'un artisan du bis, mais pour lui rendre un hommage bien mérité.

 

4/6

 

 

THE WRETCHED – Démon vous avez dit démon ? – USA – 2019 - Brett Pierce & Drew T. Pierce

 

En compétition

 

Pitch : Ben, un jeune homme de 17 ans dont les parents sont en instance de divorce, part rejoindre son père pour l’été. Il découvre rapidement que la maison d’à côté cache un terrible secret : les disparitions d’enfant semblent se multiplier, et le responsable ne serait autre qu’une créature qui aurait infecté la maîtresse de maison.

 

Le duo derrière la sympathique comédie zombiesque très cheap Dead heads revient avec ce deuxième film beaucoup plus adulte sur une mythique créature qui enlève les enfants et fait oublier leur présence à leurs parents. Sur le papier, l'idée est intéressante les premières minutes du long-métrage sont révélatrices du chemin voulu par les Pierce Brothers. Un horror movie classique, sans doute un peu trop.

Car formellement, il n'y a pas grand-chose à reprocher au film qui parvient à caractériser ses personnages dont le jeune Ben (John-Paul Howard) qui s'avère le point d'ancrage d'un récit basé sur l'idée de l'arrivée d'une créature issue certainement d'ancestrales croyances et d'un nature forestière à proximité. Son but est prendre possession des adultes et kidnapper les enfants pour les boulotter tranquillement sous les racines des arbres. Un concept plutôt réjouissant et amené par une mise en image et un scénario très classiques proche dans l'esprit de Vampire, vous avez dit vampire quand Ben commence à surveiller sa voisine et suppute une possession maléfique suite à des comportements troublants. Ce qui est bien le cas, sauf que ni son père ni les autorités ne croient le jeune homme.

C'est le début d'une aventure mouvementée où les enfants disparaissent, les amours se créent en parallèle et l'horreur investit un territoire déjà balisé par une multitude de productions du genre. Sans être infamant, The Wretched n'apporte pas une pierre nouvelle à l'édifice malgré des morts d'enfants frontales, sans ironie malvenue. Néanmoins, les jumpscares sont présents et le scénario n'a rien de révolutionnaires hormis quelques passages sanglants jusqu'à un climax assez convenu. Si la créature et le folklore développées donnent un cachet intéressant à l'histoire, l'ensemble déçoit par son manque d'ambitions et un scénario qui se la joue twist final mais qui ne retombe pas complètement sur ses pieds. Malgré ces maladresses aux encornures, The Wretched fait preuve de dynamisme et d'un casting sympathique mais on attend toujours le successeur d'It follows.

 

3,5/6

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Rigs (mardi, 10 septembre 2019 13:56)

    Beau compte-rendu ! Je crois que je n'ai pas besoin de te préciser ce qui, dans le lot, me fait le plus envie et ce que je vais traquer le couteau entre les dents :)

  • #2

    Roggy (mardi, 10 septembre 2019 13:59)

    Non, pas besoin :). Même si cette nouvelle adaptation du Serpent blanc pourrait te plaire.