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8e jour à l'Etrange festival

 

Journée à trois bandes aujourd'hui avec la folie gore japonaise Kodoku : Meatball machine, le drame familial et canin américain du très spécial Bitch et le thriller autrichien violent Cold hell.

 

 

KODOKU : MEATBALL MACHINE – Gore rigolo – Japon - 2017 – Yoshihiro Nishimura

 

Pitch : Anonyme quidam tokyoïte, Yuji se découvre un cancer qui ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Or, quand la ville est recouverte d’un immense dôme de verre extra-terrestre, Yuji n’écoute que son courage et part combattre les nécrobrogs, ces monstres venus de l’espace.

 

Dix ans après le fameux Meatball machine, Yoshihiro Nishimura, qui en avait réalisé les effets spéciaux, lui donne une suite avec toujours le délire gore et frondeur. Le réalisateur n'est pas un inconnu puisqu'on lui doit un des premiers succès de la société Sushi Typhoon avec Tokyo gore police en 2008. On lui doit aussi quelques perles du genre plus ou moins réussies comme Vampire girl vs Frankenstein girl (2009), Mutant girls squad et Hell driver en 2010. Autant dire que le gars s'y connaît en cinéma délirant et versé sur le gore qui tâche.

Contrairement à ces autres films, Kodoku : Meatball machine commence par une première demi-heure de comédie sobre et classique en suivant le parcours de Yuji chargé de récupérer les impayés chez des particuliers récalcitrants. Trop timide, il est malmené par son chef alors qu'une grave maladie le tenaille. Dans cette entame, on est presque dans une comédie romantique quand Yuji, qui n'a décidément pas de chance, se la joue effarouché face à la belle bibliothécaire. Un interlude réussi et ludique prouvant que Nishimura est capable de construire une véritable histoire quand il en éprouve le besoin.

Forcément, avec l'arrivée d'une espèce de dôme en verre extraterrestre (merci Stephen King), le film prend la tournure escomptée. Les entités venues de l'espace se mélangent aux humains pour engendrer des espèces de créatures mi-homme mi machine avec un aspect très organique. Des références nous renvoyant au Tetsuo de Shinya Tsukamoto ou même à certains Bis ricains lorsque les petites araignées extraterrestres investissent les cerveaux humains et les contrôlent comme dans un engin de chantier. Très drôle et surtout très gore quand, avec leurs tentacules, elles transpercent les yeux de leurs victimes pour se les approprier.

Le reste du métrage fera donc dans le classique de la maison japonaise avec ses litres et ses litres de sang se déversant en geyser continu sur tous les protagonistes lors des combats. Il faut préciser que ces hybrides dégénérés au look très particulier possèdent des armes de déglinguos ou, le plus souvent, utilisent des humains comme épée ou projectile. Les corps sont ainsi démembrés, coupés en rondelles (même un gamin se fait écarteler !). Face à eux, la résistance s'organise avec cette petite troupe de flics adeptes des arts martiaux dont le chef est affublé d'une petite moustache ressemblant à celle d'Hitler.

A ce moment-là, on se fout un peu de l'histoire et le film se déguste comme un gros délire visuel et sanglant, ne se prenant jamais au sérieux avec à la clé un humour régressif porté sur les charmes des actrices. On retrouve ainsi les comédiennes bien connues de l'écurie nipponne à l'image de Eihi Shiina (Audition) ou Takumi Saitô (RoboGeisha). De fait, on ne s'ennuie pas car le film est bien rythmé avec des effets spéciaux mélangeant le numérique et le latex notamment dans les nombreux moments de bravoure. On pense à cette séquence où, juché sur un homme-moto, l'héroïne se débarrasse de sa chemise et de son soutien-gorge pour contrôler le monstre comme si elle se servait de mors sur un cheval au son d'une musique western.

La dernière partie de Kodoku : Meatball machine part en vrille (on n'en entendait pas moins) en renchérissant sur les bastons dantesques (quelquefois trop illisibles) et le portnawak dans un scénario s'étant depuis longtemps foutu le camp. Ce qui n'est pas très grave et le film continue à distribuer les tatanes comiques en ne se privant pas de taper sur les institutions et notamment l'église catholique qui prend véritablement cher.

 

4/6

 

 

BITCH – Chienne de vie – USA - 2016 – Marianna Palka

 

Pitch : Jill n’est pas ce qu’on peut appeler une femme épanouie. Son mari la délaisse, ne pense qu’à son travail et la trompe sans le moindre scrupule, tandis que ses quatre enfants s’éloignent de plus en plus. Brusquement, elle commence à se comporter comme un chien.

 

Avec Bitch, la réalisatrice Marianna Palka (qui a déjà quelques films à son actif comme Egg et aussi en tant qu'actrice dans Contracted : Phase II) lance un pavé dans la mare en s'attribuant le rôle de cette femme délaissée par son mari et qui gère toute seule les tâches ménagères et ses quatre enfant. Complètement dépassée et abattue après une tentative de suicide, elle se mue en un chien domestique et finit nue dans la cave de la maison. Recluse dans le noir, elle se recroqueville et prend les attitudes d'un canidé jusqu'à ne plus dire un mot et se met à grogner ou aboyer avec violence pour faire fuir les intrus.

Si le film débute comme une étude de mœurs assez classique avec le père cynique, coureur de secrétaires et ultrabooké au boulot et la desesperate housewife, Bitch prend une drôle de tournure quand cette mère aux abois tombe dans une espèce de maladie dépressive radicale la transformant en un chien comme le symbole d'un animal servile à disposition de son maître. C'est ce qu'elle représente pour le père (Jason Ritter qui est aussi son mari à la ville), salaud de première seulement intéressé par sa maîtresse et son travail. La mère disparaît alors de la maison, se réfugie au sous-sol où elle défèque et urine sur elle. Très vite, le sujet n'est plus cette femme avilie mais la cellule familiale qui part en lambeaux sous les coups de boutoir de cette folie qui semble vouloir durer.

Bitch s'apparente à un film féministe dénonçant les travers d'une société patriarcale où la femme est l'esclave dans la maison. Certes, la charge est très appuyée et le film oscille entre le tragique et la comédie du fait des réactions des enfants et du mari ne voulant pas que sa femme finisse dans un hôpital psychiatrique. Les événements frôlent parfois l'absurde car on n'imagine mal que la situation dégénère ainsi et que la mère reste si longtemps dans la cave au point de ressembler au personnage dans The Woman de Lucky McKee.

Car une fois cette enjeu développé, le film a des difficultés à déployer autre chose et tourne vite en rond malgré une réalisation et un casting tout à fait honorable. On reste un peu sur notre faim quant au scénario finalement très sage et manquant de mordant. Dommage dans la mesure où la réflexion était intéressante et la situation incongrue confinant à la fois au sourire et à la gêne occasionnée par sa régression mentale au point de devenir un animal. Bitch s'avère donc une comédie dramatique caustique au postulat de départ étrange qui tourne à l'affrontement entre un homme ayant toujours été servi et une femme devenue l'ombre d'elle-même.

 

3,5/6

 

 

COLD HELL – – Autriche/Allemagne - 2017 – Stefan Ruzowitzky

 

En compétition et en présence du réalisateur

 

Pitch : Özge, une jeune femme d’origine turque, est chauffeur de taxi le jour ; le soir, elle suit des cours et pratique la boxe thaïe. Elle n’est guère bavarde et elle s’entraîne sans relâche. Un jour, elle est témoin d’un meurtre sauvage. Le principal suspect, un tueur en série qui se réclame de l’islam, est convaincu qu’Özge l’a vu et qu'elle pourrait le reconnaître.

 

Stefan Ruzowitzky n'est pas forcément le réalisateur autrichien le plus connu. Et pourtant, on lui doit deux films horrifiques bien tendus avec Anatomie et sa suite. Il obtint même un Oscar du meilleur film étranger en 2008 pour Les faussaires. Après un film familial, le voici de retour avec ce thriller musclé situé au sein de la communauté autrichienne d'origine turque dans une Allemagne sombre et poisseuse.

Cold hell débute en suivant le quotidien d'Özge (Violetta Schurawlow) chauffeur de taxi la nuit où elle recueille surtout les fêtards. Une femme mutique mais violente au point d'envoyer valser un homme dans une voiture l'empêchant de traverser une route. Parallèlement, une femme est assassinée et torturée. En rentrant chez elle, Özge découvre la scène de crime en face de chez elle et surtout l'ombre du tueur qui l'aperçoit. S'engage alors une lutte sans merci avec l'assassin pour la retrouver. Sur ce pitch assez simple, Stefan Ruzowitzky construit un thriller aux résonances de long-métrage noir urbain proche de certains films français des années 70 avec quelques fulgurances horrifiques lorsque le serial killer tue ses victimes accompagné d'un rituel bien réglé ou égorge une femme frontalement. Une violence non édulcorée à l'image des séances de boxe thaïe pratiquée par l’héroïne très douée dans l'art de faire mal comme lorsqu'elle dézingue un homme sur le ring pendant un entraînement.

Il faut dire qu' Özge n'a pas la vie facile avec sa famille dont elle semble éloignée et sa cousine qui découche en laissant son enfant en garderie. Un contexte social transpirant pendant tout le film où les problèmes d'intégration (le tueur serait mû par des versets du Coran) se font ressentir jusque dans la police se foutant de la protection de la jeune femme, qui se sent menacée et à raison par un homme bien décidé à éliminer ce témoin gênant. Özge trouve pourtant l'aide inattendu de l'inspecteur chargé de l'enquête Steiner (Tobias Moretti, The dark valley, Therapy for a vampire), homme bourru et rempli de préjugés aux limites du racisme.

Ce duo de circonstance se lance alors dans une enquête dans un film parsemé de scènes d'action éprouvantes et bien shootées à l'instar du combat dans le taxi digne d'un thriller coréen ultra violent. Pour son premier rôle, l'actrice principale est remarquable avec ce personnage de femme déterminée à sauver sa vie en usant d'une violence apprise sur le ring. Ce qui donne des séquences d'action pertinente dans un film qui n'ennuie pas et ce, malgré le contexte social et l'humour involontaire généré par un homme perdant la raison. Au final, Cold hell est plutôt une bonne pioche même si la découverte du tueur et certaines séquences ne sont pas trop réalistes. On pardonnera ces quelques scories bien minimes au regard du résultat pour ce thriller autrichien sachant se faire violent quand il le faut.

 

4/6

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Alice In Oliver (samedi, 16 septembre 2017 10:16)

    Je n'avais pas du tout accroché au premier Meatball Machine que je considère comme un vrai navet. A priori, la suite est largement supérieure à son modèle

  • #2

    Roggy (samedi, 16 septembre 2017 10:27)

    Je ne suis pas un fervent admirateur des Sushi typhoon (certains sont pour ma part pas regardables) mais celui-ci est plutôt réussi dans son genre très particulier.