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10e jour à l'Etrange festival

Sous un vendredi pluvieux, deux films très réussis dans l’escarcelle avec une comédie horrifique asiatique déjantée (When geek meets serial killer) et un excellent film d’animation espagnol (Psiconautas, the forgotten children).

 

When geek meets serial killer – Comédie horrifique – 2016 – Chine/Malaisie/Taïwan - Remus Kam, Chin Pei-chen et Eric Cheng

Pitch : Zhang Jian-He, jeune dessinateur introverti et geek jusqu’au bout des lunettes, tue par accident son seul ami. Cherchant à tout prix à éviter la prison, il décide de se débarrasser de l’encombrant cadavre quand débarque YaShi, sa somptueuse et mystérieuse petite amie, et avec elle, une palanquée d’ennuis…

 

Décidément, les Asiatiques sont bien barrés et ont un sens bien décalé de la comédie. Basé sur une bande-dessinée, le film débute comme une comédie où on suit Zhang Jian-He, un dessinateur de comics qui se définit lui-même comme un geek, passer sa journée à espérer devenir une star du manga. Suite à un malentendu, ce dernier tue son pote dans une situation rocambolesque et drôle.

Dès le départ, When geek meets serial killer opte pour la comédie sanglante lorsque notre héros cherche à se débarrasser du corps par tous les moyens. Celui qu’il trouve est de faire une sorte de barbecue pour assécher le cadavre de son ami. Une situation ubuesque et irrésistible dans un film considéré en Asie comme un Catégorie III, c’est-à-dire qu’il comporte des séquences de sexe explicite et qu’il est très violent. Ce qui est le cas pour la violence avec des gros plans de sexes mais avec un humour potache.

Sur cette base assez simple, le film va se déployer en faisant intervenir deux autres personnages, YaShi, la fiancée de Zhang et un policier qui croise sa route. La force du film est de proposer un scénario bien écrit où les retours en arrière sur l’origine du policier depuis son enfance ou les pérégrinations de sa petite-amie dans un entremêlement qui se rejoint avec une réelle harmonie.

Avec un humour noir exacerbée, où les animaux prennent aussi chers que les humains, et une bonne ambiance générale, le métrage réussit le pari de combiner les genres entre horreur, sexe et délire visuel quelquefois un peu graveleux. La comédie venant aussi du fait de l’interaction entre les personnages pour un final entre vaudeville et humour sombre mais jouissifs. Une vraie découverte.

 

4/6

 

Psiconautas, the forgotten children – Animation – Espagne/France – 2014 – Pedro Rivero et Alberto Vazquez

Pitch : La vie reprend peu à peu sur une île quelques années après une catastrophe nucléaire. Alors que Birdboy n’arrive pas à se remettre de la disparition de son père, Dinky et ses amis tentent de trouver une solution pour quitter à jamais cette île.

 

Les deux réalisateurs passent au long métrage avec ce petit bijou d'animation, en adaptant leur court-métrage Birdboy, où on retrouve d'ailleurs ce personnage d'enfant-oiseau. Déjà présent en ouverture du festival avec le court Decorado, le travail de Pedro Rivero et Alberto Vazquez est ici mit en lumière grâce à Psiconautas qui dépasse son seul statut de film d'animation pour aller conquérir les cœurs des spectateurs.

Il est rare de me laisser embarquer par un film d'animation, qui plus est avec une iconographie rappelant les dessins-animés pour enfants. Or, c'est ici tout le contraire. Psiconautas est un vrai film de cinéma pour adultes grâce à son très beau scénario et sa mise en scène parfaite, même si les dessins et la comédie peuvent laisser croire le contraire. L'action se passe sur une île oubliée suite à une catastrophe atomique où on retrouve des êtres paumés et cherchant leur pitance dans les déchets des riches qui, de l'autre côté de l'île profitent de la vie. Néanmoins, c'est une vie monotone dont trois jeunes écoliers vont chercher à s'affranchir. Et, c'est parti pour une odyssée dantesque faite de rencontres inopportunes et de drames.

 

Psiconautas est un ravissement visuel permanent. La beauté du dessin et de l'univers dépeint renvoie forcément à Tim Burton dont le personnage mutique de Birdboy possède ce côté dark. Mais, on pense aussi à toute l'animation française et notamment à la poésie de René Laloux. Un mélange qui fonctionne à merveille dans la mesure où il raconte une histoire cohérente malgré l'utilisation d'animaux anthropomorphisés. Mais, on oublie très vite que ce sont des lapins ou des rats qui parlent tant le ton adopté est juste et crédible.

Le film est la fois très drôle (les apparitions du réveil matin sont toujours jouissives) mais aussi très sombre car, sous l'angle de l'humour et du dessin, Pedro Rivero et Alberto Vazquez embrassent plusieurs thématiques comme l'écologie, la guerre, la différence et les problèmes qui gangrènent nos sociétés avec une intelligence et un second degré qui fait plaisir à voir et à entendre avec des dialogues transgressifs et savoureux. A l'image de la charge violente contre la religion ou la bien-pensance des élites.

 

Parce qu'on est vraiment dans un film décalé à l'humour noir où les réalisateurs ne se privent pas de dézinguer la famille traditionnelle, de droguer ses personnages de montrer une violence crue lors d'affrontements sanglants. En suivant plusieurs histoires en parallèle, on s'attache notamment au personnage de Birdboy qui semble porter tout l'espoir du renouveau de la planète. Un anti-héros malade intérieurement et qui porte en lui un secret terrifiant et vengeur se dévoilant en fin de métrage.

Au final, Psiconautas est un film merveilleux qui charrie des émotions allant du rire aux larmes avec une déconcertante facilité grâce à son scénario tout en fluidité. D'une grande beauté picturale, le métrage aborde des thématiques graves sur un ton décalé et avec une poésie communicative. Comment ne pas fondre devant les grands yeux noirs et tristes de Birdboy...

 

5/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 17 septembre 2016 12:27)

    Faut que je Psiconautas, les photos sont belle, la chro alléchante, et je suis branché animation, alors... Je le note sur ma liste et je ne le louperai pas! Merci Rog, une découverte de plus!

  • #2

    Nola (samedi, 17 septembre 2016 19:06)

    Je n'ai entendu que du bien du film d'animation : à retenir, donc ! Et tant mieux si la comédie horrifique a également réussi à faire oublier la pluie.

  • #3

    Roggy (dimanche, 18 septembre 2016 00:14)

    A Rigs Mordo,
    Je suis certain que "Psiconautas" est fait pour toi, avec sa poésie tout en mélancolie.

  • #4

    Roggy (dimanche, 18 septembre 2016 00:16)

    A Nola,
    Deux films effectivement à retenir dans des styles différents mais réussis au final et ce, malgré la pluie :)