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DARK

 

Saison 1 : 10 épisodes

Durée : environ 50 min par épisode

Date de création : 2017

Créateurs : Baran bo Odar et Jantje Friese

Réalisateur : Baran bo Odar

 

Note : 4/6

 

 

Pitch : Un enfant disparu lance quatre familles dans une quête éperdue pour trouver des réponses. La chasse au coupable fait émerger les péchés et les secrets d'une petite ville.

 

Les générations de téléspectateurs français biberonnés aux séries allemandes telles que Derrick, Tatort ou Rex, ont dû être forcément surpris à la vision de cette nouvelle série teutonne de 10 épisodes. Fini l’action anémique, les imperméables et les voitures de l’Est, Dark renvoie tous ces inspecteurs dans le cimetière des oubliés avec cette petite bombe télévisuelle produite par Netflix. Ce n’est pas pour autant la gaudriole à tous les étages, l’ambiance y est poisseuse et le titre n’aura jamais si bien porté son nom.

 

Difficile de résumer en quelques lignes cette première saison, tant le scénario s’avère dense et propose une large représentation de la société allemande de 2019 au travers de multiples personnages. Si Dark débute comme un thriller assez classique (on pense à la récente mini-série The five tirée d’un roman d’Harlan Coben) avec la disparition d’un enfant dans la forêt, les épisodes suivants investissent progressivement le terrain du fantastique (les effluves de Stranger things ne sont pas loin) à mesure où l’enquête et la recherche du disparu se déploient. Le scénario étend alors sa toile et emporte le spectateur dans sa logique sombre et mathématique.

 

Le mystère de la forêt noire

Dark, c’est avant tout une ambiance lourde au sein de la petite ville de Winden située en Allemagne en 2019, où le petit Mikkel reste introuvable. Cette disparition fait écho à une autre intervenue 33 ans plus tôt au moment où un autre enfant, Mads, s’était également évaporé. Dans ces premières scènes, on suit Jonas (Louis Hofmann) qui revient dans son lycée après plusieurs mois suite au suicide de son père. Un personnage central de la série, véritable point d’ancrage et fil rouge d’un récit étirant lentement une pelote scénaristique particulièrement élaborée au point de projeter l’action à différentes époques en plus de celle d'aujourd'hui, les années 50 et 80.

 

Children of the dead

Catalyseurs du récit, la plupart des enfants prennent chers, surtout les plus jeunes, enlevés, séquestrés, dont certains sont retrouvés morts et mutilés. On ne badine pas avec la faucheuse d’autant plus que l’ombre d’un serial killer plane sur la ville. Les corps réapparaissent et avec eux leur flot de questions jusqu’à provoquer, outre la torpeur et la tristesse des familles, la résurgence de conflits enfouis au plus profond de leurs souvenirs. On ne saura vraiment jamais les raisons des disparations enfantines mais les enquêtes engendrées permettent aux héros de s’immiscer dans un scénario de plus en plus retors qui les fait pénétrer dans les arcanes de leur mémoire.

 

Time lapse

Si les cendres du polar inondent les images, Dark se projette rapidement dans la science-fiction et les voyages dans le temps, l’intrigue prenant ses quartiers en 1986, musique et publicité de l’époque à la clé. On y mange des Raiders et les habitants ont les mêmes soucis suite à la disparition d’un enfant à l’ombre d’une centrale nucléaire bien énigmatique, semblant receler en son sein autant de déchets toxiques que de secrets. Bref, la noirceur est similaire dans cette époque et on comprend que tous les événements sont importants, reliés entre eux par la même narration, des hommes et des femmes grandissant dans le même lieu. Si la centrale veille au bien-être financier des habitants, elle possède une aura maléfique et cristallise surtout la peur de l’atome (la catastrophe de Tchernobyl en 86 est souvent évoquée).

 

La machine à explorer le temps

Collée à la centrale, la forêt possède également un côté malfaisant et l’entrée d’une grotte devient une véritable porte vers l’enfer. Les passages étroits et sinueux symbolisent les méandres d’une histoire complexe et le lien ténu entre les différentes réalités avec un casting multiple et pas forcément connu mais qui apporte force et crédibilité à l’instar du policier Ulrich Nielsen (Oliver Masucci) au centre de plusieurs intrigues amoureuses et dramatiques. Dark joue ainsi sur le temps et les paradoxes générés par des personnes traversant les époques afin de modifier les événements passés et futur. La clé du récit, matérialisée par une mystérieuse boîte élaborée par un scientifique visionnaire, est donc un mélange entre plusieurs histoires entremêlées dans un maelstrom de sous-intrigues et d’abstractions temporelles.

 

 

Dark hour

Parce qu’il ne faut pas aller aux toilettes pendant un épisode de Dark, ou laisser passer trop de jours entre chaque visionnage, faute de ne pas comprendre qui est qui dans ces allers-retours incessants entre les différentes années. A ce petit jeu, certains protagonistes traversent les portes du temps et se confrontent à leur propre destin lors de séquences quelque peu surréaliste, sans effet de manche ou jumpscare. Au milieu de cette première saison, les destinées s’entrecroisent sur plusieurs générations et le spectateur découvre les attaches entre les habitants de Winden. D’ailleurs, les scénaristes ont sans doute compris la complexité de leur écriture, nous balançant les visages de la dizaine de personnages principaux à chaque étape de leur vie afin de bien situer les enjeux.

 

Noir c’est noir

C’est sans doute le seul défaut d’une première saison foisonnante et peut-être trop riches en héros et en intrigues. Pourtant, Dark reste fascinante dans son exploration de la psyché humaine, des traumatismes et des jalousies enfantines. Chaque personnage semble dissimuler un secret inavouable, et cette atmosphère sombre et parfaitement rendue par une mise en scène sobre mais anxiogène et des comédiens au diapason. Pire, sous une pluie noire et une photographie magnifique, Baran bo Odar n’hésite pas à montrer un homme écraser la tête d’un enfant, ultime ignominie dans un show à la beauté élégiaque et labyrinthique.

 

 

Au final, cette première saison de Dark tient en haleine du début à la fin. L’intrigue est certes un peu emberlificotée mais la qualité de l’interprétation et un scénario tendu sur le fil du voyage dans le temps embrassent le spectateur avec un plaisir indicible, proche d’un récit de Stephen King, dont le réalisateur revendique l’influence. Pas mal comme parrain, et réellement aux antipodes d’un Derrick s’il fallait encore le préciser.

 

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Commentaires: 6
  • #1

    MrVladdy (dimanche, 14 octobre 2018 01:56)

    J'en entends pas mal parler de cette série mais j'en ai encore rien vu (je suis tellement à la bourre de toute façon niveau série...). Ceci dit, elle me fait quand même de l'oeil donc j'essaierai un de ses jours de me la caser surtout que 10 épisodes ça va encore (il faut que j'évite en revanche de me lancer quand il y aura plus de saisons de sorti ^^)

  • #2

    Roggy (dimanche, 14 octobre 2018 11:13)

    Si tu dois en voir une, c'est vraiment celle-ci que tu dois mettre en haut de la pile :)

  • #3

    Moskau (lundi, 15 octobre 2018 18:20)

    Je confirme que cette série est une pure réussite ! D'ailleurs la saison 2 (bien vendue à la fin du dernier épisode) se fait cruelle attendre.

  • #4

    Roggy (lundi, 15 octobre 2018 18:36)

    Pas de nouvelles non plus de la saison 2... A force, j'aurai tout oublié :)

  • #5

    Laurent (vendredi, 19 octobre 2018 07:47)

    Perso j'ai pas dépassé le 2ème épisode, beaucoup de mal à entrer dans l'histoire et m'attacher aux personnages (effectivement très nombreux). Faudra que je retente.

  • #6

    Roggy (vendredi, 19 octobre 2018 08:19)

    Il y a certes beaucoup de personnages mais il faut laisser le temps à la série de s'installer. Ça vau vraiment le coup.