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La source de feu (She) - USA - 1935 -

Lansing C. Holden et Irving Pichel

 

 Henry Rider Haggard n’est peut-être pas le plus renommé des romanciers d’aventures, perdu entre Jules Verne et Edgar Rice Burroughs. Son œuvre la plus célèbre reste pourtant Les mines du roi Salomon, fruit de ses pérégrinations en Afrique-du-Sud. On le connaît également pour She : A history of adventure publié sous forme de feuilletons entre 1896 et 1897, plusieurs fois mis en image pour le cinématographe sous le titre francisé La source de feu (She en anglais). Au début du XXe siècle, quelques réalisateurs (dont Georges Méliès) adaptèrent le livre sur grand écran au travers de petits films muets pour la plupart disparus.

La première transposition en long-métrage parlant date de 1935. Elle est mise en scène par le duo Lansing C. Holden et Irving Pichel, et produite par le célèbre Merian C. Cooper qui sortait du succès retentissant King Kong en 1933. Le vent en poupe, Cooper, délesté de son comparse Ernest B. Schoedsack, se lance dans l’adaptation du roman de Haggard en le déplaçant des plaines Africaines au désert glacial de l’arctique. De fait, comment ne pas voir des accointances entre le peuple de Skull island vénérant le grand poilu et les autochtones du royaume de Kôr vivant terrés sous le joug d’une matrone enflammée ? L’histoire s’avère assez classique dans ce genre d’aventures picaresques. Leo Vincey (Randolph Scott, connu pour ses rôles de cow-boy comme dans 7 hommes à abattre) entreprend une expédition afin de retrouver les traces de son ancêtre qui aurait mis les mains sur un artefact, sorte de flamme bleutée possédant le don d’immortalité. Notre troupe d’aventuriers part ainsi à l’aventure en direction du cercle polaire, subit une avalanche meurtrière et pénètre un peu par hasard le domaine d’une civilisation oubliée où la chaleur est permanente, avec obligation de laisser sa doudoune à l’entrée de la grotte.

Après quelques discussions pour poser l’intrigue, l’entame possède un charme désuet avec ces décors en studios pour simuler la banquise et le froid ainsi que les cavernes renfermant le peuple des Amahagger soumis au diktat de She, la reine Hashamotep (Helen Gahagan, dont ce sera la seule apparition à l’écran). Elle se révèle d’abord en ombre chinoise derrière une flamme intense telle une icône païenne dont le culte semble se déverser sur ses sujets à gros bouillon. Il faut dire que cette reine des neiges ne plaisante pas côté trahison et le fait savoir avec véhémence, justifiant son sobriquet de Celle-qui-doit-être-obéie. Code Hays oblige, le film reste mesuré dans son propos et la violence visuelle, a priori à l’inverse du livre de Haggard beaucoup plus explicite en la matière. Comme souvent à cette époque, La source de feu se pare des oripeaux de la romance entre la reine et Leo Vincey, avec au milieu la jeune Tanya (Helen Mack, Le fils de Kong) ayant succombé au charme du beau Randolph. Des séquences assez anecdotiques au regard du roman qui faisait ressortir l’attirance sexuelle du personnage d’Helen Gahagan qui joue à fond la "femme fatale des années 30" face à un peuple asservi.

Si l’action ne se situe pas dans la savane africaine, on ressent bien l’aspect serial exotique avec des Amahagger représentés comme de simples faire-valoir serviles, et piochant également ses sources dans l’iconographie égyptienne antique. Les décors sont à la fois magnifiques et gigantesques, à l’image de ces portes démesurées derrière lesquelles se cache notre amie She. Forcément me direz-vous, dans la mesure où certains décors proviennent directement des studios où fut tourné le King Kong de 1933. Cooper recycle ainsi le matos à l’instar d’un scénario confrontant l’homme civilisé et une peuplade indigène pas toujours très finaude, dirigée uniquement par la peur d’un gorille géant ou d’une femme aux relents de sorcière. D’ailleurs, dans les bonus du DVD sorti en 2014 chez Rimini Editions, on apprend que La source de feu aurait inspiré bon nombre d’auteurs comme Tolkien. Et, image à l’appui, que l’accoutrement de She sera repris à l’intégrale pour le personnage de la méchante reine dans Blanche Neige et les sept nains de Walt Disney en 1937. Une version colorisée est également présente sur la galette. Elle fut réalisée sous la houlette du grand Ray Harryhausen. Si la bande ne révolutionne rien, elle rend hommage à Merian C. Cooper qui aurait voulu le tourner en couleur. D’ailleurs, la séquence du tigre à dents de sabre figé dans la glace sera reprise par le grand Ray dans Sinbad et l’œil du tigre.

 

Au final, malgré quelques séquences romantiques un peu désuètes, La source de feu s’avère agréable avec ce charme anachronique des longs-métrages d’aventure du début du XXe siècle, les figurants s’agitent dans tous les sens et les combats ressemblent à une mêlée bonne enfant. Dans le climax, Hashamotep ne bénéficie plus des bienfaits de la flamme et le poids des ans lui tombe sur le coin de la face. 500 ans au compteur d’un seul coup, ça peut faire mal...

 

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