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LE SANCTUAIRE

 

GENRE : Les esprits de la forêt

REALISATEUR : Colin Hardy

ANNEE : 2015

PAYS : UK/Irlande

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Joseph Mawle, Bojana Novakovic, Michael McElhatton...

 

RESUME : Une famille emménage dans un moulin isolé en Irlande, mais sont confrontés à des créatures démoniaques occupant les bois voisins.

 

MON HUMBLE AVIS

On oublie souvent que, de l'autre côté de la Manche, après la perfide Albion sécessionniste, il existe une île où on tourne des petits films d'horreur tout à fait recommandables (Isolation, Shrooms ou encore Stitches). L'Irlande, l'autre pays de l'épouvante, qui recèle en son cœur toute une mythologie susceptible d'engendrer des histoires de monstres et de farfadets. Ce n'est pas ce bon vieux Leprechaun qui dira le contraire, même si ce salaud de nain a vendu son âme aux Amerloques pour quelques piastres.

Pour son premier film (The hallow en VO), Colin Hardy plonge dans les racines ancestrales et sylvestres du pays au trèfle en immisçant des « étrangers » dans le poumon à contes de la verte Irlande. Venus de Dublin, Adam Hitchens (Joseph Mawle, Game of thrones) et sa femme Clare (Bojana Novakovic, vue dans Jusqu'en enfer de Sam Raimi) accompagnés de leur bébé, s'installent dans une maison isolée au milieu de la forêt. Adam est en fait là pour préparer le déboisement par une entreprise spécialisée de ladite forêt. Très vite, la petite famille ressent l'hostilité des habitants du coin (on les mate en ville comme des parias) ainsi que celle de ce labyrinthe d'arbres, semblant respirer comme un être à part entière.

Après une courte présentation des personnages, le film se déploie rapidement en posant ses enjeux lorsque Adam découvre le cadavre d'un animal recouvert d'une matière noire et gluante. A l'instar des personnages harcelés dans la maison (des bruits étranges, une vitre brisée dans la chambre du bébé), on comprend très vite que la forêt souhaite se défendre contre cet envahisseur au dessein destructeur. Ce qui est confirmé par Colm (Michael McElhatton, le shériff du très bon Autopsy of Jane Doe) débarquant régulièrement et violemment chez les Hitchens pour les prévenir et les faire quitter les lieux, lui-même ayant perdu un enfant dans le passé. Même la police du coin (Michael Smiley, Kill List) semble dubitative quand elle vient constater une possible effraction. Le policier les oriente également sur la piste ésotérique en évoquant les “vénérables” comme des protecteurs du coin (on n'est pas non plus chez les Ents du Seigneur des anneaux).

De fait, les événements troublants s'enchaînent et la petite famille commence à être asticotée par une menace pour l'instant invisible. Seules quelques ombres se faufilent dans la nuit sous les yeux et le grognement du chien du couple. De ce côté “maison hanté”, Le sanctuaire évolue dans sa seconde moitié vers le film de monstres. Si le réalisateur nous avait laissé imaginer au départ l'origine du mal en ne déflorant pas les locataires de la forêt (à l'image de l'attaque réussie de la voiture), il ne se prive pas pour montrer par la suite cette horde de petits monstres, en quelque sorte gardiens du temple. Des êtres, certainement humains à la base, ressemblant à un mélange de gobelins et de créatures proches de celles dans The Descent. Elles semblent avoir subi une mutation génétique, confinant à la monstruosité, à cause de cette substance noirâtre et envahissante qui nous rappelle l'oublié et un peu étrange Dark souls, film norvégien de César Ducasse et Mathieu Péteul.

Le film possède ainsi beaucoup de qualité visuelle et utilise au maximum la présence inquiétante de la forêt paraissant inextricable et peuplé par des monstres issus du folklore local. Avec son scénario resserré sur quelques lieux et peu de personnages, Le sanctuaire se laisse suivre avec un plaisir non dissimulé laissant monter une tension palpable tandis que la famille se disloque sous les assauts répétés de l'extérieur au centre desquels le bébé semble être devenu une convoitise majeure. Certes, le chemin est balisé et certains jumps-scares cèdent à la facilité, mais il ne faut pas s'arrêter à cela car le film, en plus d'une interprétation solide et l'absence d'humour inopportun en pareille situation, sait se renouveler dans cette gradation de terreur. Il se revêt ainsi des oripeaux des légendes locales pour créer sa propre mythologie en revoyant le spectateur à tout un pan de ses propres expériences cinématographiques comme Shining, The thing ou même à Rawhead Rex de George Pavlou lorsque la mère s'enfuit dans la Lande irlandaise.

La réalisation et la mise en image sont abouties permettant de créer un climat de violence latente où le mioche passe de mains en mains et toujours en capacité de prendre un clou ou un ongle acéré dans son visage poupin. Certes, on pourra reprocher à Colin Hardy de trop dévoiler ses monstres sur la fin et d'affadir de fait leur caractère légendaire. Néanmoins, le réalisateur est généreux jusque dans certains séquences comme celle de la faux enflammée faisant basculer le film dans une iconographie irréelle et somptueuse. A l'image de cette ultime scène émouvante aux accents vampiriques, à mon sens réussie, qui clôt un métrage mariant à merveille l'épouvante, l'horreur pure et les histoires démoniaques issus des contes et traditions irlandaises. Au final, si Le sanctuaire possède quelques défauts (et encore...), il est franchement agréable et prouve qu'avec peu de moyens, un scénario et un casting solides, on peut réaliser des longs métrages de genre qui font plaisir à voir. Ça fait cent fois que je le répète, mais on n'a même pas dans l'hexagone un dixième de la qualité du Sanctuaire. Juste nos yeux pour pleurer et mater ce qui se fait de mieux de l'autre côté de la Manche.

 

4/6

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Alice In Oliver (dimanche, 25 juin 2017 20:18)

    je rejoins ton avis sur le fait qu'on n'a pas d'excuse en France, prétextant béatement que c'est le manque de budget qui explique l'absence ou presque de films d'horreur dans nos contrées hexagonales. Je vais essayer de visionner le sanctuaire prochainement

  • #2

    Roggy (dimanche, 25 juin 2017 20:22)

    J'espère que le film te plaira. Quant au reste, on est bien d'accord...