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PREMIER CONTACT

 

GENRE : La SF par le verbe

REALISATEUR : Denis Villeneuve

ANNEE : 2016

PAYS : USA

BUDGET : 50 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Withaker...

 

RESUME : Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions. Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue.

 

MON HUMBLE AVIS

Denis Villeneuve n’est plus le petit réalisateur inconnu issu de son Québec natal. Il possède désormais à son actif de solides références avec des titres comme Prisoners, Enemy ou Sicario. Après avoir embrassé avec bonheur plusieurs styles et montré sa capacité à se faire adouber par le public et la critique, Villeneuve s’attaque ici à une nouvelle de Ted Chiang intitulée L'Histoire de ta vie et publiée en 1998. Un récit de SF sur l’arrivée d’extra-terrestres, à ne pas confondre avec le Contact de Robert Zemeckis, que le réalisateur canadien sublime par sa mise en scène et son approche humaniste.

Parce que Premier contact est l’anti Independance day comme si Roland Emmerich et Michael Bay n’avaient jamais existé ailleurs que dans une réalité parallèle où tous les aliens sont belliqueux et veulent nous la mettre à l’envers. Denis Villeneuve entame ainsi son film très doucement avec une voix-off et un lent travelling pour prévenir le spectateur que son long-métrage sera différent des récents blockbusters, même si sa filiation avec Rencontre du 3ème type de Spielberg et 2001, L’odyssée de l’espace de Kubrick paraissent évidentes. Porté par une caméra toute en douceur et au plus près des personnages, le début du film s’attarde sur notre humanité dans une imagerie proche d’un Terrence Malick, dans ce qu’elle a de plus simple et de beau, la relation touchante entre une mère et son enfant.

 

L’arrivée de ces cônes de l’espace se fera à hauteur d’homme ou plutôt de femme, en l’occurrence celle de Louise Banks (formidable Amy Adams vue dans Her notamment). Plutôt que de voir surgir des formes dans la brume, le futur réalisateur de Blade Runner 2049 (on est un peu rassuré) choisit un angle différent grâce au prisme du regard de la jeune femme naviguant au milieu d’une population qui s’affaire autour des télévisions et des téléphones, entrecoupées du bruit assourdissant des avions de chasse se déployant dans le ciel. Un peu à l’image de Gareth Edwards dans son remake de Godzilla, privilégiant l’être humain au détriment de la bête, et auquel il emprunte également le design dans des créatures de Monsters avec ces "heptopodes" entre le calamar géant et l’éléphant.

Une fois les vaisseaux extra-terrestres positionnés au-dessus de la Terre, Louise Banks est choisie pour devenir l’interprète des premiers échanges avec ces visiteurs inconnus. Vierge de toutes informations, à l’instar du spectateur, la linguiste franchit les barrières de sécurité pour pénétrer au cœur du vaisseau accompagné notamment d’un spécialiste en mathématiques Ian Donnelly (Jeremy Jason Bourne Renner) et sous les ordres du Colonel Weber (Forest Withaker et son regard si particulier que l’on a déjà croisé dans La Mutante ou Ghost dog). Débute alors une odyssée mystérieuse au sein de laquelle des hommes et des femmes partent à la conquête d’un nouveau continent encore jamais exploré.

Cette quête du savoir propre aux scientifiques est en fait tout l’enjeu du film et se résume à l’appréhendement et la connaissance de l’autre au travers du langage. Sans abuser d’effets spéciaux certes réussis, Denis Villeneuve transforme cette recherche de dialogue entre l’humanité et la civilisation d’outre atmosphère en un film d’action spectaculaire sans missile ni trompette. Cette première partie est passionnante, de la découverte de l’embarcation stellaire aux premiers signes de communication. Il en va de même pour la représentation du langage par ces grands échalas tentaculaires qui, grâce à leurs appendices, dessinent des sortes de cercles à l’aide d’une encre fumeuse et fugace. Des scènes magnifiques qui auront peut-être un peu tendance à s’étirer tandis que les autorités mondiales s’apprêtent à passer à l’offensive militaire.

 

Parallèlement au travail d’apprentissage de ce nouveau langage alien, on suit les turpitudes d’une population affolée, des scènes de pillage et le positionnement de machines de guerre en prévision d’un conflit prochain. L’accent est d’ailleurs mis sur La Chine avec le Général Chang, présenté comme un parangon de bellicisme, dans une approche géopolitique aux échos contemporains mais aussi un peu caricaturale. Après avoir erré dans les steppes russes, l’ennemi s’est déplacé aujourd’hui en Asie. Ce manichéisme ambiant est surtout présent pour délivrer un message de paix et encourager l’entraide entre les peuples, même si on doute fortement que les hostilités ne se déclenchent pas bien avant le temps laissé aux scientifiques pour percer le mystère de la présence de ces gros cailloux en lévitation à quelques mètres du sol.

Même si la morale du film est un peu schématique (elle renvoie à Le jour où la Terre s’arrêta), Premier contact est avant tout un long-métrage basé sur la réflexion, assez complexe dans ses explications, sur le temps qui passe et le sens de la vie. Il se résume beaucoup à la performance d’Amy Adams, parfaite en humaine lambda, pétrie d’empathie et de regrets en faisant une synthèse idéale de ce que nous sommes, des êtres contradictoires et tourmentés. Elle phagocyte l’écran, au détriment des autres acteurs, de par son charisme et s’avère également le réceptacle et le point de fuite du récit comme le faisait déjà Christopher Nolan dans Interstellar avec le personnage de Matthew Mcconaughey. Grâce à la beauté et la maîtrise formelle de chaque plan, le réalisateur tisse une toile chronométrique inéluctable, empreint d’une philosophie pacifiste et parfois simpliste (soyons franc), jusqu’à un final particulièrement poignant où le puzzle narratif prend tout son sens.

 

4,5/6

 

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Commentaires: 14
  • #1

    Rigs Mordo (lundi, 19 décembre 2016 19:51)

    Bon, pas sûr que ce soit fait pour moi tout ça, mais la chro est super! Me demande quand Villeneuve dort, il arrête pas le mec. Le trailer de Blade Runner est pas mal, d'ailleurs, je suis pas loin d'être intéressé :)

  • #2

    Alice In Oliver (lundi, 19 décembre 2016 19:59)

    Si le côté réflexionnel m'intéresse, je me méfie plus du caractère pacifiste et mroaliste à tous crins...

  • #3

    Roggy (lundi, 19 décembre 2016 20:04)

    A Rigs Mordo,
    Merci et c'est vrai qu'on n'est loin du cinéma bis mais le film vaut vraiment le coup d’œil. Quant à la suite de "Blade runner", pourquoi pas en effet...

  • #4

    Roggy (lundi, 19 décembre 2016 20:06)

    A Alice in Oliver,
    C'est un peu le défaut du film à mon sens même si ce reproche n'est pas le plus prégnant si on le compare à l'ensemble du métrage.

  • #5

    Avel (samedi, 24 décembre 2016 11:05)

    Belle critique. J'ai déjà dans l'idée d'aller le voir, ça m'intéresse, et puis un film d'invasion d'aliens sans explosions/action à outrance, ça ne peut que faire du bien. :)

  • #6

    titi70 (samedi, 24 décembre 2016 11:26)

    Je sens que ce film va provoquer en moi un syndrome dit "des paupières qui se ferment" tant il ne semble strictement rien s'y passer. Raison pour laquelle je ne pense pas le voir. j'aime autant me refaire Independance Day ou Starship Troopers.

  • #7

    Roggy (samedi, 24 décembre 2016 18:12)

    A Avel,
    Merci pour ton commentaire et j'espère que tu ne seras pas déçue.

  • #8

    Roggy (samedi, 24 décembre 2016 18:14)

    A Titi70,
    Certes, le film est l'antithèse des classiques de la SF que tu cités mais il mérite de rester les yeux ouverts ;)

  • #9

    Wolvy128 (lundi, 02 janvier 2017 21:52)

    Bonjour Roggy ! J'ai découvert ton site via Moskauland et comme les quelques billets que j'ai lu m'ont plu, j'ai décidé de m'arrêter. En ce qui me concerne, j'ai adoré le film jusqu'au twist de la deuxième partie que j'ai trouvé particulièrement facile. Sans forcément être incohérent par rapport au propos, j'ai trouvé qu'il tranchait nettement avec l'approche extrêmement détaillée de la première moitié du récit. J'avoue que ça m'a pas mal dérouté sur le moment. Je compte néanmoins le revoir à sa sortie vidéo pour affiner mon avis.
    PS : Pour info, j'ai ajouté ton site à ma blogroll mais ne te sens pas obligé de faire de pareil ;)

  • #10

    Ornelune (jeudi, 05 janvier 2017 09:17)

    Je découvre aussi le site et m'arrête également là ! :D

    Plutôt bonne surprise ce film en effet. Je suis d'accord avec toi : Amy Adams est aussi beaucoup dans la réussite du film, en tout cas sur sa capacité à me toucher.

    Maintenant, puisque le lien avec Rencontres du 3e type est évident, cette année l'essai de Villeneuve dans le domaine SF ternit quand même si on le compare à Midnight special dans lequel l'émerveillement (le thème principal de Spielberg finalement) paraît plus fort et plus convaincant.

    Pour terminer sur un sentiment plus positif, Villeneuve rassure quoi qu'il en soit avec ce film malgré tout estimable, le Blade runner à venir ne devrait pas manquer d'ambiances.

  • #11

    Roggy (vendredi, 06 janvier 2017 23:11)

    A Wolvy128,
    Merci pour ton passage chez moi. Et, content que le film t'ait plu. J'imagine qu'il te plaira encore plus après une deuxième vision.

  • #12

    Roggy (vendredi, 06 janvier 2017 23:13)

    A Ornelune,
    Comme je n'ai pas vu "Midnight special", je ne peux pas le comparer à "Premier contact" (il faudra d'ailleurs que je me rattrape !). Merci aussi à toi pour ta visite :)

  • #13

    Moskau (dimanche, 23 avril 2017 12:01)

    Enfin vu. Pas le chef-d'oeuvre annoncé, mais un excellent film de SF. Villeneuve prend son temps, évite le spectaculaire à tout va tout en offrant de très belles images. Moins convaincu par la fin, mais ça reste un film à revoir.

  • #14

    Roggy (mardi, 06 juin 2017 21:36)

    Le problème est que quand on t'annonce que tel film est un chef-d’œuvre, tu peux être vite déçu ;)