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LA MALEDICTION WINCHESTER

 

GENRE : NRA disapproved

REALISATEUR : The Spierig Brothers

ANNEE : 2018

PAYS : Australie/USA

BUDGET : 3 500 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Helen Mirren, Jason Clarke, Sarah Snook...

 

 

RESUME : Proche de San Francisco se situe la maison la plus hantée au monde : construite par Sarah Winchester, riche héritière de l’entreprise d’armes Winchester, elle est en perpétuelle construction et contient des centaines de pièces. Sarah y construit une prison, un asile pour les centaines d’esprits vengeurs tués par ses armes, et le plus terrifiant d’entre eux veut en découdre avec sa famille…

 

MON HUMBLE AVIS

A l’instar de la saga Amytiville, le film annonce d’entrée la couleur « basé sur une histoire vraie ». Bigre ! se dit le spectateur (pour les plus vieux d’entre nous, forcément) qui en a pourtant vu d’autres. En effet, la demeure en question, théâtre de l’intrigue, serait réputée comme la maison la plus hantée d’Amérique. Double bigre donc. Sur ce postulat classique, Michael et Peter Spierig, qui commencent à empiler les longs-métrages avec plus ou moins de succès (Undead, Daybreakers, Predestination, Jigsaw), construisent leur nouvelle œuvre sur les fondations d’une malédiction liée à la famille Winchester, à l’origine des armes et des fusils bien connus du même nom.

Très vite, les jalons et la chape de l’histoire sont posés au travers du regard du psychiatre Eric Price (Jason Clarke, La planète des singes : L'affrontement), point d’ancrage scientifique extérieur, envoyé sur place pour déterminer si la veuve Sarah Winchester (Helen Mirren, The Queen) est toujours censée ou pédale dans le potage à force de bâtir des pièces supplémentaires dans la maison familiale afin d’y enfermer les fantômes qui errent entre les murs. Pour corser l’affaire, le Dr Price se shoote quotidiennement au laudanum, ce qui a le don de brouiller la vision des quelques phénomènes paranormaux et entretient encore une part de mystère. Secret rapidement éventé, le scénario se dévoile grâce à des séquences explicites où notre Freud sous produit surprend la maîtresse de maison, toute de noir vêtue et recouverte d’une mantille sombre, en pleine séance de communication avec les esprits sous forme d’écriture automatique. Ou plutôt de dessin, car les spectres se la jouent architectes d’intérieur et lui indiquent de manière très précise l’agencement des pièces à construire.

Un peu ridicule certes mais pas déplaisant, à l’image d’un casting solide et d’une ambiance gothique bienvenue dans cette Amérique du début du XXème siècle. Si les acteurs tiennent bien la baraque, ils le doivent plus à leur abattage qu’à un script quelque peu convenu alternant les dialogues pour expliciter avec didactisme les traumas de chacun (le Doc n’est pas épargné) et les jumpscares trop fréquents pour essayer de dynamiser une action en pantoufles et pyjama. Ces moments de trouille imposés surprennent plus qu’ils n’effraient et ressemblent à pas mal de productions ayant comme moteur principal une maison hantée accompagnée de sa kyrielle de fantômes dans la soute à bagages. Enfant possédé avec yeux révulsés, meubles autonomes et silhouettes furtives traversent ainsi l’écran. Tout y passe, jusqu’à un dernier tiers s’emballant enfin avec la résolution de l’origine de la malédiction tandis que notre veuve éplorée croise ses hôtes et se pavane avec eux dès minuit sonné.

Si l’ensemble est loin d’être original, notre attention s’avère captée par les racines de ce mal insidieux prenant la forme d’un individu revenu d’entre les morts et cherchant à se venger de la famille Winchester. Coupable à ses yeux d’avoir tué sa famille, cet être fantomatique est le symbole de tous les hommes et les femmes tombés sous les coups de cette arme meurtrière, comme s’il venait punir par procuration les auteurs de ses malheurs. Entre rédemption de certains protagonistes et douleurs jamais effacées, La malédiction Winchester ne fait pas vraiment dans la subtilité mais possède en son cœur une thématique assez peu développée dans le cinéma hollywoodien, soit le rapport aux armes et ses conséquences néfastes. Un sujet clivant et d’actualité traité par le prisme d’un long-métrage fantastique qui remet en perspective la construction des Etats-Unis, érigés par le biais de la conquête, du sang et des armes. La très belle séquence située dans la serre où les morts apparaissent à Price fait ressurgir d’autres démons communs à la nation américaine, des réminiscences ayant une résonance encore prégnante. C’est surtout ce que l’on retiendra de ce film sans réelle aspérité visuelle, hormis cette cicatrice indélébile sur la joue de l’Oncle Sam.

 

3,5/6

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Princécranoir (dimanche, 01 septembre 2019 17:38)

    La reine Mirren sous la mantille religieuse, voilà qui fait très Dame en Noir. Au vu de ton excellent et instructif (comme toujours) article, les Spierig semblent donner dans le frisson à répétition, sans doute hommage à ladite carabine qui hante la toile de fond. Je suis curieux néanmoins de savoir le fond de l'affaire de cette malédiction dont s'était déjà emparé Anthony Mann à sa manière dans le western "Winchester 73". En effet, les propriétaires successifs de l'arme éponyme y décédaient les uns après les autres de mort violente.

  • #2

    Roggy (lundi, 02 septembre 2019 18:47)

    C'est vrai que ce long-métrage n'est pas le plus intéressant de l'année et s'avère très classique sur la forme. Et merci pour cette information sur "Winchester 73" que je ne connaissais pas. Peut-être en effet qu'il y a une réelle malédiction...