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MAD MAX :

FURY ROAD


GENRE : De sable et de sang

REALISATEUR : George Miller

ANNEE : 2015

PAYS : Australie/USA

BUDGET : 100 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult...


RESUME : Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

George Miller a crée un mythe grâce à sa trilogie Mad Max. Un héros solitaire poursuivi par une horde de redneck belliqueux au milieu d’un désert post-apocalyptique. Impossible d’imaginer que 35 ans après le dernier film, le réalisateur australien parviendrait à enfanter un 4e opus, aussi réussi sous sa forme de fausse suite et de reboot, véritable highway to hell pavé d'enfer mécanique. Et, pourtant...

En quelques plans et la voix-off de Max, George Miller plante son décor et entre directement dans le vif du sujet. Un début de film rappelant le triptyque sauvage en forme d’hommage mais pour mieux l’exploser quelques secondes plus tard, comme si le réalisateur voulait nous signifier que cet épisode serait complètement différent. De fait, il l’est car ce n’est plus Max qui est au centre de l’histoire mais le monde qui l’entoure et sa cohorte de personnages atypiques grouillant en son sein.

En suivant notre héros déchu devenu esclave sanguinaire, Miller permet au spectateur de découvrir un monde étrange vivant reclus sur lui-même et composé d’une faune bigarrée où se côtoient des soldats customisés, des esclaves glabres et une populace malade dont le seul intérêt est de quémander de l’eau pour survivre comme une obole salvatrice. Une cour des miracles d’où émerge leur demi-Dieu, Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne, déjà le méchant dans le 1erMad Max) magnifique grassouillet hirsute au masque d’Hannibal Lecter et dentition apparente. Un méchant titanesque entouré de ses nervis baraqués et harnachés comme des bourreaux contrôlant de petits êtres à la peau blanchâtre asservis à des tâches manuelles et utilisés comme soldats et chair à canon. Un univers moyenâgeux post-nuke où les volants des voitures trônent comme des crucifix et où on vénère le Dieu V8 !

Parce que Mad Max : Fury road met le turbo dès le départ pour nous entraîner dans une course-poursuite de deux heures à tombeau ouvert sans temps mort et toujours avec une inventivité réjouissante. Un roll coaster stratosphérique aux confins des déserts de sable de la Namibie décuplé par la puissance des images, grâce à une photographie éblouissante mettant en valeur des paysages sablonneux ocre la journée et une ambiance nocturne bleutée nimbée par un ciel d’étoiles. Dans ce théâtre naturel magnifique, les machines de guerre apparaissent tel des mirages à l’horizon pour mieux se déverser comme une nuée de rapaces avides. Il aura fallu plus d’une centaine d’automobiles transformées en véhicules de guerre, toutes plus extraordinaires les unes que les autres, pour générer cette sensation visuelle orgasmique. Un opéra de soupapes et de moteurs vrombissant sous les assauts d’une musique lancinante, au rythme des tambours et des riffs de guitare électrique envoyés par un personnage juché sur un véhicule avec derrière lui des enceintes géantes. Même dans les détails, le film est impressionnant.

Coursés par cette horde sauvage, le camion-citerne est un agrégat d’humanité de circonstance où on retrouve ce brave Max Rockantansky (campé par un Tom Hardy crédible comme il l’était déjà dans l’excellent Bronson) perdant au départ son allure christique pour reprendre progressivement de sa superbe. En revanche, c’est bien Imperator Furiosa, interprétée par une Charlize Theron démontrant au passage qu’elle est capable de tout jouer (Monster, Young adult), le personnage principal et emblématique du film. Tête rasée, bras amputé et terminé par une prothèse mécanique, Furiosa mène sa troupe comme une Reine guerrière. Dans son sillage et son regard bleu, à la fois mère protectrice et baroudeuse furieuse, elle charrie les derniers espoirs de l’humanité vers une terre imaginaire où tout pourrait recommencer. Cette Ripley des temps perdus est aidée par un attelage hétéroclite. Un Max hâbleur redevenu guerrier et un War-boy, Nux (Nicholas Hoult, vu dans X-Men et Jack, le chasseur de géants) passé à l’ennemi après une crise identitaire et quelques coups sur la caboche.

La grande force du film est de réussir à dérouler son fil conducteur très simple sans jamais ennuyer tout en le parsemant de morceaux de bravoure anthologiques à l’instar de la scène des tornades. Visuellement, Mad Max : Fury road fait penser à un tableau où chaque plan, chaque détail aurait été étudié au millimètre pour rendre la toile somptueuse afin de mieux s’immiscer dans le cadre. Miller génère ainsi des images iconiques à jamais gravées dans la cornée. Autre point positif, le film contient peu d’effets spéciaux. Les cascades motorisées et les explosions sont réelles, ce qui renforce encore plus le caractère organique, mécanique et participe à la véracité du spectacle dantesque. Le film est d’une beauté presque solaire alors que ce monde en ruine est peuplé par une tribu de dégénérés tchernobilisés, troglodytiques grimés comme dans Ken le survivant mais paradoxalement attachants dans leurs attitudes primitives.

Mad Max : Fury road s’inscrit donc dans une nouvelle mouvance du cinéma de genre, entre les Marvelleries digitalisés et les Transformers décébrés, tout à la fois charnel, extatique et sanglant où la tôle froissée se fond dans les chairs en lambeaux. Une sorte de Tetsuo occidental du post-apo influencé par Jodorowsky pour ses créatures hybrides et les créatures déformées aux pustules apparentes du décrié Dune de David Lynch. Une œuvre protéiforme d’une rare puissance visuelle et émotionnelle, une tragédie grecque aux accents wagnériens réinventant le film d’action comme dans un rêve de gosse. Un vrai moment de cinéma foisonnant et généreux qui doit encore plus s’apprécier après plusieurs visionnages. Gloire au V8 !


NOTE : 6 / 6

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Commentaires: 27
  • #1

    Moskau (vendredi, 15 mai 2015 19:47)

    6/6, carrément ! Bon, en même temps, le film tient toutes ses promesses. C'est furieusement barré ! La référence à Dune m'avait échappée, mais en y repensant ça devient évident.

  • #2

    Rigs Mordo (vendredi, 15 mai 2015 19:48)

    Bon ben j'en connais un qui va devoir refaire son top 100 ;) Je le vois la semaine prochaine, on se revoit ici à ce moment, mais en tout cas tu donnes envie et tu as écris la meilleure chronique lue sur le sujet, une des rares qui explique un peu ce qu'on va y trouver et pas du "c'est génial, best film ever 10/10" et ça, ça fait plaisir quand même !

  • #3

    Roggy (vendredi, 15 mai 2015 20:01)

    A Moskau,
    Je me suis un peu lâché sur le film mais il le mérite vraiment à mon avis. La référence à "Dune" n'est peut-être pas volontaire, mais il y a des personnages qui m'ont renvoyé au film.

  • #4

    Roggy (vendredi, 15 mai 2015 20:08)

    A Rigs Mordo,
    Je pense effectivement que le film va intégrer mon Top 100 quand je rattraperais le retard :) Sinon, je te remercie pour ton commentaire et je viendrai bientôt lire ton avis éclairé sur le sujet (j'ai pas mis 10/10 mais 6/6 :) ).

  • #5

    Rigs Mordo (vendredi, 15 mai 2015 20:12)

    Oui oui mais j'ai parfois vu des 10/10 ;)

  • #6

    atreyu (vendredi, 15 mai 2015 20:47)

    énormissime ! d'une beauté visuelle époustouflante ! un ride movie qui aura du mal à se voir détroner cette année tant il est d'une maitrise cinématographique comme on en fait plus avec tous ces blockbusters a 200 millions qui ne servent a rien ! et donc fuck marvel après ça !

  • #7

    Roggy (vendredi, 15 mai 2015 20:53)

    Comme tu l'écris, le film se place déjà en tête de mon top de l'année. Ca va être dur de passer après ça... surtout que le prochain, c'est le remake de "Jurassik Park"... Remarque, ça peut ouvrir des portes pour d'autres réalisateurs un peu burnés qui iront, s'ils le peuvent, vers ce cinéma.

  • #8

    Alice In Oliver (samedi, 16 mai 2015 07:53)

    J'irai forcément le voir ! Bon, visiblement, tu es très dithyrambique, mais j'ai lu aussi des critiques négatives. Enfin, de toute façon, mieux vaut se faire sa propre idée !

  • #9

    Roggy (samedi, 16 mai 2015 09:41)

    Sur le net, il y a de tout. Si je suis très élogieux avec le film, ce n'est pas une posture, mais un ressenti personnel. Hâte de connaître ton avis sur ce Mad Max.

  • #10

    Laurent (dimanche, 17 mai 2015 17:00)

    Je l'ai vu hier et ce que tu écris c'est tout à fait ça. Début du film: j'inspire, fin du film: j'expire enfin, pfff! Même cette p... d'entracte (oui en Belgique on en a encore) n'a pas réussi à faire baisser la tension. Longtemps que j'avais pas connu cette sensation.

  • #11

    Roggy (dimanche, 17 mai 2015 18:18)

    Ah oui c'est vrai, on m'a parlé de ces entractes... Tu as raison, "Mad Max" c'est comme une érection perpétuelle au service d'un grand film. Je pense aussi que cette sensation va être rare.

  • #12

    2flicsamiami (lundi, 18 mai 2015 20:32)

    C'est magnifiquement shooté et désigné, mais pour ma part, l'absence d'émotion (et donc de frissons lors des grands rides) font que ce n'est pas un chef d'œuvre, mais juste un (très) bon divertissement.

  • #13

    Roggy (lundi, 18 mai 2015 21:23)

    Je ne pas vraiment d'accord avec toi, mais je vais aller lire ton billet pour comprendre ton ressenti. C'est bien aussi d'avoir un avis différent.

  • #14

    princécranoir (lundi, 18 mai 2015 22:10)

    Moi je la kiffe ma race ta critique, je lui mets 10/6 ! Moi aussi j'ai trouvé qu'il avait de vieux relents Harkonen notre ami Joe, quant à Charlize, on la préfère en fausse Ripley chez George Miller plutôt que vraie ratée chez Ridley Scott ! Sonnez klaxons et résonnez moteurs pour fêter dignement l'avènement du "Mad Max" des temps nouveaux.

  • #15

    Alice In Oliver (lundi, 18 mai 2015 22:16)

    Je dois avouer que je lis un peu de tout sur ce 4e opus: soit les critiques sont dithyrambiques, soit elles sont plutôt réservées...

  • #16

    Roggy (lundi, 18 mai 2015 22:25)

    A Princécranoir,
    Je te remercie pour ton commentaire fort sympathique. Je pense que plusieurs visionnages me seront nécessaires pour apprécier pleinement ce monde foisonnant empli d'autres références pas encore découvertes. Harkonen vs Ripley !

  • #17

    Roggy (lundi, 18 mai 2015 22:26)

    A Alice in Oliver,
    Pour ma part, hormis de rares de bémols, je n'ai lu que de bonnes choses sur ce nouveau "Mad Max"...

  • #18

    Dirty Max (mardi, 19 mai 2015 14:08)

    Tout à fait d'accord avec toi, Roggy, ce Mad Max c’est du 6 sur 6 en barre ! Un grand huit miraculeux et destructeur qui devrait - je l'espère - changer (un peu) la donne à Hollywood... Ce Fury Road est bel et bien le digne successeur du mythique Mad Max 2 de 1981. Je n'ai qu'une seule envie : revoir le film, et changer de sexe pour ressembler à Furiosa.

  • #19

    Roggy (mardi, 19 mai 2015 18:25)

    Ton enthousiasme fait plaisir à lire Max ! Je ne sais pas si ça changera quelque chose à Hollywood mais au moins ce film nous aura satisfait. Quant à changer à revoir le film, pourquoi pas, mais changer de sexe... :)

  • #20

    peter Hooper (dimanche, 24 mai 2015 15:26)

    J'ai d'abord vu, et comme promis j'ai lu et n'ai pu être que convaincu par ta critique comme de coutume pertinente ; je saluerai surtout ton habituel art de la synthèse, que tu mets admirablement à profit pour pondre une analyse qui ne s'envole pas vers des sommets stratosphériques de qualificatif vers lequel ce film bourré de "détails" jusqu’à la moelle pouvait légitimement t'entrainer.
    J’ai été moins dithyrambique à son sujet (si tu m’as lu), pas pour le spectacle pharaonique proposé par Miller mais pour le manque d’émotion, substance nécessaire, selon moi, pour être « transporté » au lieu d’être brutalement et simplement secoué . Une longue ligne droite de plus de 2 heures ou l’action « bourrinise » le sujet .L’action qui est d’ailleurs l’unique héroïne du film ou Théron, personnage certes très iconique n’est pas étincelante, et Max sous son visage buriné est un bien pâlichon « guerrier » ramené à un rôle de figuration. Miller a repoussé très loin les limites de l’actionner movie, à travers le plus grand western post-nuke du cinéma, C’est incontestable, ne faisons pas la fine bouche. Il ne lui reste plus, après ce cartoon de cascades incroyables de fureur, qu’à nous livrer un VRAI film, et par la même de ressusciter Max… (PS : j’ai pensé à « Dune » également)

  • #21

    Roggy (mardi, 26 mai 2015 20:25)

    Je te remercie pour ton commentaire et je comprends ce que tu exprimes ici. Je n'ai pas encore lu ton avis (j'étais en congés) mais je vais aller me rattraper de ce pas !

  • #22

    Mr Vladdy (mardi, 02 juin 2015 17:34)

    Si je ne suis pas un grand fan de ce genre de trip scénaristique (même si ça ne me dérange pas de le suivre), visuellement en tout cas ce fut pour moi un vrai bon gros film de cinéma :-)

  • #23

    Roggy (mardi, 02 juin 2015 18:46)

    Visuellement, je pense aussi qu'il n'y a pas grand chose à dire. Tout le monde s'accorde sur la beauté des images. Concernant le scénario, il est assez linéaire mais la qualité de la mise en scène et du rythme font de ce Mad Max un grand film d'action.

  • #24

    Kapalsky (jeudi, 04 juin 2015 13:45)

    Un grand moment de cinéma, un nerdgasm en puissance, une œuvre somme: franchement les superlatifs ne manquent pas pour décrire Fury Road, et ta critique éclairée me donne carrément envie de le revivre en salles! :D

  • #25

    Roggy (jeudi, 04 juin 2015 20:25)

    Merci Kapalsky pour ton commentaire. Je suis bien d'accord avec toi, une nouvelle séance s'impose !

  • #26

    Tinalakiller (mercredi, 10 juin 2015 19:11)

    Vraiment un excellent blockbuster, époustouflant esthétiquement, des scènes d'action ahurissantes, un scénario accessible, qui peut sembler simple, mais qui réussit à évoquer des sujets complexes touchant l'actualité, un beau film féministe (un exploit face à un Hollywood très misogyne), des personnages très réussis et imposants (même si Max est un poil en retrait - mais bon ne chipotons pas trop non plus).

  • #27

    Roggy (mercredi, 10 juin 2015 20:57)

    Je pense qu'on est d'accord. Et le retrait de Max permet de mettre en avant le personnage de Furiosa. Comme tu le dis, le film est assez féministe avec les personnages des vierges et des anciennes. Des femmes actives, combattantes et volontaires.