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THE INVISIBLE MAN

 

 

GENRE : En toute transparence

REALISATEUR : Leigh Whannell

ANNEE : 2020

PAYS : Australie/USA/Canada/UK

BUDGET : 7 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Elisabeth Moss, Harriet Dyer, Aldis Hodge...

 

 

RESUME : Cecilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d'enfance et sa fille adolescente.

 

MON HUMBLE AVIS

L’échec critique et au box-office de La Momie en 2017 a fortement ralenti les velléités « artistiques » de la Universal pour relancer son catalogue de vieux monstres qui avait fait sa renommée au début du XXe siècle. Frankenstein, Dracula et consorts rongent toujours leurs freins dans le placard où ils prennent la poussière en attendant une hypothétique sortie, souhaitée uniquement par les esprits mercantiles et à court d’idées. Confier le bébé cacochyme à la maison de santé Blumhouse n’était certainement pas la plus couillonne des réflexions. On le sait, le Docteur Blum fait des miracles avec une économie de moyens, quelquefois certes pour finir sur une civière avec l’encéphalogramme plat, ou dans le meilleur des cas pour sortir de l’établissement revigoré. The Invisible Man émarge dans cette catégorie, le traitement à la série B a visiblement fait effet.

A la réalisation et au scénario, Jason Blum envoie le patient à l’efficace Leigh Whannell, scénariste des premiers Saw et Insidious, qui s’était fait remarquer en 2018 avec le sympathique Upgrade après un premier essai plus anecdotique (Insidious la Dernière Clé). La deuxième bonne idée est que Whannell s’éloigne volontairement de l’histoire de H.G. Wells et des films originaux pour positionner son sujet dans un environnement dans l’air du temps, en s’arcboutant sur un personnage féminin fort et le phénomène #MeToo. Entre opportunisme et relecture contemporaine, le script donne un véritable souffle nouveau à cette histoire finalement très monolithique d’un homme confronté à sa propre disparition. Le changement de point de vue se focalise sur la femme qui subit les conséquences de l’invisibilité, et non l’inverse, permettant de mieux immerger le spectateur dans le récit, au même niveau de connaissance que l’héroïne.

Le long-métrage débute d’ailleurs par une scène puissante et silencieuse avec le départ en pleine nuit de Cécilia (Elisabeth Moss, The Handmaid's Tale) de la maison qu’elle occupe avec son mari Adrian Griffin (Oliver Jackson-Cohen, Faster Killer). En déambulant avec elle, le réalisateur parvient déjà à installer les enjeux de son film. Pas besoin d’en faire des tonnes pour comprendre que Cécilia est sous le joug de cet homme qui possède un laboratoire de haute technologie, et ses travaux sont révélés par les combinaisons posées sur les murs et le titre du film. Les jalons posés, Whannell développe les relations entre ses protagonistes, à savoir la sœur de Cécilia, Emily (Harriet Dier, Killing Ground) son mari James (Aldis Hodge, Les Figures de l’Ombre) et leur fille Sydney (Storm Reid) chez qui elle a trouvé refuge. La famille américaine moyenne classique prête à devenir le théâtre d’événements terrifiants.

L’œil du réalisateur se glisse ainsi dans les recoins de la nouvelle vie de Cécilia (Elisabeth Moss porte littéralement le film sur ses épaules) dont la santé mentale bascule progressivement. The Invisible Man investit alors les champs du film d’épouvante contemporain, assez lent dans le déplacement dans la demeure, dont l’acmé ne sera pas un jumpscare intempestif. La peur naît du silence, d’un simple meuble recouvert d’un drap ou de pièces supposées vides, baignées par cette sensation étrange de ne pas être seul. Si le scénario prend le temps, il possède ses morceaux de bravoure bien véners et mis en images par une caméra dynamique (les affrontements entre Cécilia et son mari, le massacre dans le couloir de l’hôpital psychiatrique). Il s’extirpe ainsi de sa condition de film de genre pour interroger l’incapacité de Cécilia à prouver son harcèlement auprès des autorités au point de sombrer dans la folie. Persécuté par cet homme dans son quotidien initial, elle est encore malmenée par une violence sourde et imperceptible de son entourage jusqu’à la rendre coupable d’actes violents voire criminels.

Si on pense pas mal à la version de Paul Verhoeven (Hollow man, 2000) pour l’aspect agressif et retors du personnage de l’homme invisible, force est de constater que cette nouvelle mouture prend ses distances avec ses aînés pour se rapprocher par moments de l’elevated horror avec des titres comme Hérédité ou Get out. Le film se situe plutôt dans la classe moyenne haute avec des personnages cultivés et des dialogues travaillés. Visuellement, Leigh Whannel s’en tire avec les honneurs et le choix d’Elisabeth Moss comme héroïne principale montre déjà le désir d’ancrer le projet dans une forme de réalité presque banale, où l’aspect fantastique est vite dilué par la combinaison à haute valeur technologique revêtue par son mari. Une prouesse technique bien relayée par des effets spéciaux au diapason de l’entreprise de reconstruction d’un mythe romanesque très cohérent dans l’ensemble.

Dommage que la dernière bobine tombe dans une sorte de facilité scénaristique rebattant les cartes trop artificiellement pour un résultat final brouillon et peu crédible au regard de la psychologie de Cécilia. Les ultimes rebondissements alourdissent le propos et ne sont pas du niveau de l’entame du film, n’apportant pas de réelle plus-value. De fait, la séquence du repas tombe véritablement à plat, et plombe par là même le rythme du long-métrage (plus de 2h00 de projection) pour se clore avec un goût légèrement amer. Malgré cette scorie finale, The Invisible Man réussit son pari à bien des égards et prouve que son auteur est visiblement un homme à suivre.

 

4,5/6

 

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Commentaires: 8
  • #1

    Rigs (jeudi, 09 avril 2020 20:07)

    Ca ne m'intéressait qu'à moitié, mais ta chronique me pousse à lui donner sa chance une fois arrivé sur le marché du DVD. J'ai pas été soufflé par le Upgrade du réal', qui a buzzé de manière assez inexplicable sur Facebook (franchement c'est sympa, mais ça m'a pas rasé les burnes non plus), mais pourquoi pas dans ce cadre, surtout que le côté thriller du pitch me branche bien, même si tu parles d'elevated horror, ce qui me refroidit un peu. Bref, on verra bien quoi !

  • #2

    Roggy (vendredi, 10 avril 2020 10:34)

    Si on peut concéder au film quelques longueurs avec ce côté très à la mode de l'elevated horror, The invisible man possède de vraies belles séquences de trouille et d'action. Au final, le film fonctionne plutôt bien.

  • #3

    titi70 (dimanche, 12 avril 2020 16:56)

    Ce n'est pas forcement le film de l'année, mais, Invisible Man est une œuvre plutôt efficace porté par un actrice que j'aime de plus en plus. Quant à la scène finale du repas, je l'ai trouvé intéressante, car, Cecilia voit son mari comme un monstre, ce qu'il est quelque part, mais, en lui révélant qu'il a aussi ses fragilités, et donc qu'il est avant tout très humain, il perd le pouvoir qu'il a sur elle. J'ai trouvé ça très inattendu de finir le film de cette manière.

  • #4

    Roggy (dimanche, 12 avril 2020 18:08)

    Si j'aime bien le film globalement, c'est vrai que cette dernière scène m'a un peu déçu, ce rebondissement était trop évident et, pour moi, cette conclusion ne s'imposait pas. Mais, comme je l'ai écrit, cela n'enlève rien à la qualité de cette version de l'homme invisible.

  • #5

    alice in oliver (lundi, 13 avril 2020 19:36)

    une vision très personnelle de l'homme invisible qui se détache par ailleurs de ce personnage finalement opaque pour épouser davantage le point de vue de la victime, rejoignant ainsi certaines thématiques très actuelles (la violence faite aux femmes, entre autres)

  • #6

    Roggy (lundi, 13 avril 2020 20:37)

    C'est vrai qu'à ce niveau du rapport aux femmes, le film est très actuel et irise le scénario avec une certaine opportunité. Néanmoins, le long-métrage est très réussi dans sa globalité.

  • #7

    dasola (dimanche, 16 août 2020 19:49)

    Bonsoir Roggy, cet homme invisible m'a moyennement plu: trop gore et sur la fin, c'est un peu n'importe quoi. Elizabeth Moss est très bien. Bonne soirée.

  • #8

    Roggy (lundi, 17 août 2020 15:58)

    Bonjour Dasola,
    C'est vrai que la fin aurait pu être mieux écrite, mais le reste du film est, à mon sens, très plaisant et une réflexion originale sur des sujets de société au travers de cette série B de luxe.