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GHOSTLAND

 

GENRE : La maison de l’horreur

REALISATEUR : Pascal Laugier

ANNEE : 2018

PAYS : France/Canada

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer...

 

RESUME : Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.

 

MON HUMBLE AVIS

Dans le maelstrom de film d’horreur prémâché, de séquelles faciles ou de Blumhouseries (quelquefois réussies), Ghostland apparaît comme un véritable vent de fraîcheur au sein de cette cohorte de nouveautés qui n’en sont pas vraiment. Un scénario original qui ferait le lien entre les dernières œuvres de Pascal Laugier. Une pincée de l’irrespirable Martyrs dans un écrin nord-américain proche de celui de The secret. Avec son script resserré sur quelques personnages dans un lieu quasiment unique, la maison familiale, Ghostland tape juste et fort, très fort. Une de ses plus grandes réussites.

Si les premières minutes possèdent l’ADN de productions horrifiques déjà entraperçues dans le passé avec l’arrivée d’une mère et ses deux filles dans une maison vide et l’attaque d’un duo de dingues dans la foulée, la suite du récit fait basculer le spectateur dans un long-métrage beaucoup plus retors et violent que le commun des horror movies de ces dernières années. Ghostland fait mal, frontalement et sans concession même si la violence est plus sourde, insidieuse et psychologique. Elle attaque les corps jusqu’à les tuméfier, mais elle gangrène également les âmes désormais perdues dans le labyrinthe de la folie. Pascal Laugier nous convie à cette horreur mentale avec un certain brio commun à ses longs-métrages précédents. Son scénario solide et sans fioritures permet de s’immiscer dans le quotidien de cette petite famille partie en lambeaux sous les coups de boutoirs de psychopathes.

Ghostland c’est un peu la vie après la tempête, la renaissance ou l’assommoir après avoir été violenté dans sa chair et même plus loin. En apnée, le spectateur est également pris dans cet étau et souffre avec les jeunes Beth (Emilia Jones, Brimstone) et Véra (Crystal Reed, Skyline) subissant des exactions que l’on imagine sans peine. Pour le coup, le réalisateur ne fait pas dans l’excès, ne rougit pas son écran d’un gore salvateur servant à masquer la plupart du temps une histoire vide et un manque de talent. Ici, les personnages sont autant malmenés physiquement que mentalement, à l’image de la mère (Mylène Farmer qui fait le job, sans plus) cherchant à protéger sa progéniture des avanies orchestrés par un couple de barjots errant dans le coin à bord d’un camion à bonbons. Et puis, en plein milieu du film, Laugier nous balance un twist faisant basculer son récit dans une turpitude encore plus sombre épaississant une atmosphère déjà chargée d’une noirceur indélébile.

Difficile de déflorer l’intrigue, il faut plutôt se laisser porter par les effluves spectrales du cauchemar et supporter le poids de cette torpeur face à des personnages pris dans la toile d’une réalité glauque aux limites du fantasme. La caméra se glisse ainsi dans la maison pour accompagner la sauvagerie des situations ou plutôt de les imaginer, ce qui est pire. La souffrance n’a pas de nom mais suinte de chaque pore des personnages et d’un écran transformé en voyeur. Et le spectateur de se tétaniser, figé comme les poupées qui peuplent la maison, elles-mêmes témoins impuissantes de ce conte mortifère en permanence sur le fil du rasoir. Si on peut regretter l’utilisation de quelques jumpscares, certes réussis, et des méchants très caricaturaux en mode rednecks dégénérés, force est de constater que Ghostland reste d’une efficacité brute et s’impose en filigrane comme une réflexion sur les traumatismes après une tragédie et la capacité de se relever malgré tout.

En convoquant la figure de Lovecraft comme un parrain à son film, Pascal Laugier revient à un fantastique âpre et référentiel, apportant son écot au genre dans un scénario privilégiant l’humain aux effets de style au sein d’une ambiance glauque. Bref, pas de blagues à la con ou de cynisme avec des protagonistes ironisant sur leurs conditions, la violence est réelle, bien présente. Dommage que la dernière bobine reste assez prévisible et relativement vite emballée pour que le film prenne une dimension encore plus importante (on se souvient de la fin de Martyrs). Rien de rédhibitoire car le résultat d’ensemble émarge dans la catégorie des réussites et fait de Pascal Laugier le meilleur représentant du cinéma hexagonal fantastique et plus particulièrement horrifique.

 

4,5/6

 

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Commentaires: 12
  • #1

    alice in oliver (vendredi, 31 août 2018 15:33)

    toujours pas vu mais j'avais lu aussi des critiques bcp plus pondérées. Néanmoins, Laugier reste un véritable auteur et rien que pour ça, j'ai bien envie de visionner ce Ghostland

  • #2

    Roggy (vendredi, 31 août 2018 18:34)

    Te connaissant un peu, le film devrait te plaire. Si certains sont moins enthousiastes, il faut reconnaître la patte et l'originalité de son auteur.

  • #3

    Princécranoir (dimanche, 02 septembre 2018 10:36)

    Tu cites Lovecraft, et le descriptif avantageux de ton très éloquent article donne envie, me faisant oublier la présence à l'affiche de la Farmer. Je n'ai pas encore eu le plaisir de me faire martyriser par Laugier. Ce serait l'occasion d'une première.

  • #4

    Roggy (dimanche, 02 septembre 2018 12:00)

    C'est surtout Laugier qui cite Lovecraft au début du film et un des personnages s'en inspire pour son travail. Quant à Mylène Farmer, sa présence n'est pas gênante, elle s'acquitte plutôt bien de sa tâche.

  • #5

    MrVladdy (dimanche, 02 septembre 2018 12:02)

    Je ne suis pas spécialement fan de Laugier et encore moins de Farmer mais ce film m'intrigue. Du coup, j'essaierais de me le caser lorsqu'il passera sur le câble ;-)

  • #6

    Roggy (dimanche, 02 septembre 2018 17:33)

    Même si on n'est pas fan du travail de Pascal Laugier, il me semble que "Ghostland" mérite d'être vu.

  • #7

    tinalakiller (mardi, 04 septembre 2018 18:30)

    Plutôt convaincue par ce film d'horreur efficace et violent, surtout plus psychologiquement que visuellement. Le twist qui arrive tôt dans la narration est vraiment intéressant dans le sens où il rend l'histoire plus riche, avec ses différentes interprétations possibles, variété en cohérence avec les souffrances des personnages.

  • #8

    Roggy (mardi, 04 septembre 2018 19:40)

    Pas grand-chose à ajouter, je suis totalement d'accord avec toi :)

  • #9

    titi70 (dimanche, 09 septembre 2018 17:43)

    Jamais été fan du travail de Pascal Laugier, mais, ce film me tente malgré tout. En plus, Mylène Farmer n'y chante pas. Donc, rien que pour ça.

  • #10

    Roggy (lundi, 10 septembre 2018 08:41)

    Ah ah ! Elle chante peut-être dans le générique de fin :)

  • #11

    Moskau (vendredi, 07 août 2020 20:46)

    Pas (encore) vu Martyrs, je repousse un peu l'échéance. Du coup, je me rabats sur Ghostland. Bien aimé le home-invasion, mais le twist m'a un peu laissé dubitatif. Je ne trouve pas que le changement de point de vue qui en résulte apporte quelque chose à la suite des événements.

  • #12

    Roggy (dimanche, 09 août 2020 21:22)

    Martyrs est vraiment aux antipodes de Ghostland, bien plus facile d'accès malgré plusieurs twists qui peuvent surprendre. Martyrs fait vraiment très mal à tous les niveaux. Une expérience douloureuse.